Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les Slovènes sur le point de confier leur destin à un nouveau venu en politique

Les Slovènes sur le point de confier leur destin à un nouveau venu en politique

Les Slovènes s'apprêtent à plébisciter un professeur de droit sans expérience politique et sans programme clair lors des élections législatives anticipées de dimanche, avec l'espoir ténu de sortir le petit pays de la zone euro de son état d'instabilité chronique.

Le juriste Miro Cerar, 51 ans en août, est la nouvelle star de la politique de cet État issu de l'ex-Yougoslavie, passé fin 2013 à deux doigts de la faillite.

Même si son "Parti de Miro Cerar" (SMC), créé il y a quelques semaines avec une poignée d'universitaires et quelques entrepreneurs, a perdu un peu de terrain en fin de campagne, il recueille toujours de 31% à 34,5% dans les tout derniers sondages parus jeudi et vendredi.

Les 1,7 million d'électeurs slovènes sont appelés aux urnes pour la deuxième fois en moins de trois ans, après la démission prématurée en mai de la Première ministre Alenka Bratusek, désavouée par son parti de centre gauche Slovénie Positive.

Au pouvoir depuis un an, après la chute du gouvernement du conservateur Janez Jansa accusé de corruption, elle a appliqué, comme son prédécesseur, une impopulaire cure d'austérité voulue par l'Union européenne et a réussi à éviter un plan de sauvetage européen au pays dont les banques croulaient sous les mauvaises créances.

Miro Cerar, spécialiste de droit constitutionnel, considéré comme proche du centre gauche même si lui ne revendique aucune couleur politique, a une réputation d'honnêteté qui fait cruellement défaut aux grands leaders de la politique slovène.

Janez Jansa, dirigeant du Parti démocratique slovène (SDS) et reconnu coupable d'avoir accepté un pot de vin lors de la signature d'un contrat d'armement quand il était Premier ministre en 2006, purge d'ailleurs depuis trois semaines une peine de prison. Le conservateur, qui se dit victime d'une chasse aux sorcières, n'en est pas moins tête de liste du SDS et mène une campagne électorale active depuis sa cellule à coups de twitts hargneux envers ses adversaires.

Jeudi soir, quelques milliers de partisans ont manifesté à Ljubljana pour demander sa libération. Il a aussi reçu le soutien de l'Église catholique.

Les experts sont très sceptiques concernant l'issue de ces élections et la plupart prévoit la tenue d'un nouveau scrutin dans un an au plus tard.

"La question n'est pas de savoir qui va gagner, mais qui a un plan pour l'automne infernal" qui attend la Slovénie, écrit vendredi le grand quotidien slovène Delo dans un éditorial.

"Aucun des grands candidats n'osent dire que la Slovénie est confrontée aux conséquences du rejet de la taxe foncière", qui va se traduire par un manque à gagner de recettes de quelque 400 millions d'euros, et "que le budget est basé sur des estimations irréalistes", ajoute le quotidien.

Ancien élève modèle de la zone euro, la Slovénie a sombré dans la crise en 2009 et a beaucoup de mal à s'en remettre. Si elle est sortie de la récession au premier trimestre, "les perspectives de croissance restent faibles", a récemment souligné Standard and Poor's. Après le sauvetage des banques, la dette a explosé à plus de 70% du Produit intérieur brut (PIB). Et le chômage touche plus de 13% de la population active.

L'agence a mis en garde contre l'instabilité politique susceptible de mettre en péril les réformes économiques en cours, notamment les privatisations des grandes entreprises slovènes. Alenka Bratusek a décidé de les geler en attendant la formation d'un nouveau gouvernement.

Selon les sondages, quatre autres partis franchiraient la barre des 4% nécessaire pour entrer au Parlement, qui compte 90 sièges: le parti des retraités Desus (autour de 10%), le parti social-démocrate (SD, ex-communiste, avec près de 7%), le parti chrétien populaire Nova Slovenja (NSi) avec 5,4% et l'alliance pour Alenka Bratusek qui effectue une remontée avec environ 5% des intentions de vote.

Si les sondages se concrétisent, une alliance du parti de Miro Cerar avec le Desus et le SD est selon les experts l'hypothèse la plus probable.

bur-ilp/fw

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.