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Douleur inconsolable pour le 19e anniversaire du massacre de Srebrenica

Douleur inconsolable pour le 19e anniversaire du massacre de Srebrenica

Plus de 15.000 personnes ont participé vendredi dans la douleur à l'inhumation des restes de 175 victimes musulmanes du génocide commis à Srebrenica il y a 19 ans par les forces serbes bosniennes, le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Avant une prière pour les morts, le grand mufti de Bosnie, Husein Kavazovic a estimé que le massacre de plus de 8.000 musulmans à Srebrenica en juillet 1995 avait une dimension "énorme, cosmique".

"Notre douleur est encore plus grande" aujourd'hui, a-t-il lancé à la foule silencieuse. "Ce mal n'a pas encore été vaincu. Il le sera quand la fleur de la repentance fleurira", a-t-il dit à l'adresse de la communauté serbe, dont certains dirigeants nient toujours la dimension de ce massacre, qualifié de génocide par la justice internationale.

Couverts de linceuls verts, les cercueils enfermant les restes des 175 victimes identifiées depuis le précédent anniversaire ont ensuite été inhumés dans le centre mémorial de Potocari, près de Srebrenica.

Mustafa Delic, 50 ans, un rescapé, a enterré ses trois frères, dont le plus jeune avait 21 ans.

"L'attente a été douloureuse, mais le moment est venu que ça se termine. Il faut tourner la page car la vie continue, qu'on le veuille ou non", lâche M. Delic.

A ce jour, 6.066 personnes tuées dans ce massacre, dont les restes ont été identifiés après avoir été exhumés de dizaines de fosses communes, ont été enterrées dans le centre mémorial de Potocari.

"Ici c'est la fin", soupire Ramiza Hasanovic qui vient d'enterrer les dépouilles de son mari de son frère et de son neveu, dont les restes ont été récemment découverts dans une fosse commune.

"C'est ici ma maison, au milieu de ces tombes, c'est mon lieu de pèlerinage, c'est tout ce que j'ai. Je viens ici quand je peux, je leur parle, je prie pour eux", dit cette femme d'une soixantaine d'années.

Il y a deux ans, elle avait enterré ses deux fils, Nihad et Mumin, âgés de 16 et de 18 ans lors du massacre.

Aucun proche des frères Amir et Asim Mujic, âgés de 20 et 24 ans lors du massacre, n'a survécu pour les déposer en terre, comme le veut la tradition musulmane. C'est leur cousin lointain Ismet Memic, 78 ans, qui est venu leur rendre hommage aujourd'hui.

"Les trente-sept hommes de leur bourgade ont tous été tués. Leur père et leur troisième frère aussi. Leur mère est morte de détresse", dit le vieux Ismet. "Mais désormais, le père et ses trois fils seront de nouveau ensemble", dit-il en montrant les quatre tombes.

Atif Osmanovic, 84 ans, béret noir vissé sur la tête, qui a enterré deux de ses trois fils attend toujours que l'on retrouve son troisième garçon. "Il y a deux ans, j'ai enterré trois petits-fils. Et il en manque encore deux", raconte-t-il les mains tremblantes.

L'Union européenne a rendu hommage aux victimes et adressé ses condoléances aux familles. "Nos pensées sont avec les familles et les proches (...) en cette journée de tristesse et de douleur".

Et les ministres britannique et allemand des Affaires étrangères William Hague et Frank-Walter Steinmeier, dans une déclaration conjointe, ont déploré "une tragédie qui n'aurait jamais du se produire".

En juillet 1995, quelques mois avant la fin de la guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-1995), les forces serbes de Bosnie ont massacré environ 8.000 hommes, enfants et adolescents musulmans à Srebrenica, la pire tuerie commise en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Radovan Karadzic et Ratko Mladic, ex-chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie considérés comme les principaux responsables de ce massacre sont jugés pour génocide par le Tribunal pénal international pour la Yougoslavie (TPIY).

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