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Frappés par la crise, les Slovènes de la Pomurska n'y croient plus

Frappés par la crise, les Slovènes de la Pomurska n'y croient plus

"Je n'attends rien de ce gouvernement ou de n'importe quel autre", lâche Jolanka Horvat, une couturière de 53 ans de La Pomurska, une région pauvre du nord-est de la Slovénie, où se tiennent dimanche des élections législatives anticipées.

Dans cette région rurale du petit Etat de la zone euro, la crise et l'austérité ont laissé des marques profondes. Le revenu par habitant est le plus bas de Slovénie et le taux de chômage le plus élevé avec 21%, contre 13% pour la moyenne nationale.

Ses habitants commencent à désespérer de leur pays, issu de l'ex-Yougoslavie et autrefois élève modèle de l'Union européenne.

Après la démission en mai de la Première ministre de centre-gauche Alenka Bratusek -- dont les réformes économiques voulues par l'Union européenne ont été douloureusement ressenties par les Slovènes --, un professeur de droit universitaire, Miro Cerar, semble bien parti pour remporter le scrutin de dimanche malgré son inexpérience en politique.

"Un homme seul n'aura aucune chance dans ces élections, ils (les partis politiques) l'empêcheront de changer les choses", prédit toutefois Mme Horvat.

La petite république balkanique a sombré dans la crise en 2009 et ne s'en est pas remise depuis. Le secteur bancaire, plombé par des créances douteuses, avait conduit le pays au bord de la cessation de paiement fin 2013.

Dans la Pomurska, région aux vastes plaines et aux multiples sources thermales, deux grands employeurs ont mis les clefs sous la porte: une usine de transformation de viande en 2009, puis, en mai dernier, l'entreprise de textile Mura qui produisait des tissus de haute qualité pour des grandes marques comme Hugo Boss.

Au total, environ 2.700 salariés ont perdu leur emploi, aggravant la situation de la région de 120.000 habitants, avec peu d'industries et un secteur agricole qui malgré ses ressources reste sous-développé.

Anton Stihec, le maire de la capitale régionale Murska Sobota, rend responsable le gouvernement d'Alenka Bratusek qui a augmenté la dette publique pour sauver les banques au lieu d'investir dans l'économie. "Je doute que les choses empirent" mais seulement "parce que nous avons atteint le fond", se lamente-t-il.

Pourtant, à première vue, le centre ville semble bien moins pauvre que ne le prétendent les statistiques, avec ses cafés et ses bars animés, ainsi que son marché aux étals bien remplis et aux stands de vêtements bon marché.

"Les affaires n'ont jamais été aussi mauvaises", déclare pourtant Andreja, une femme de 39 ans qui vend des t-shirts et pantalons importés pour cinq euros la pièce.

"Nos enfants devront aller à l'étranger pour faire leur vie", soupire une mère de deux enfants rencontrée au marché.

Début juillet, la croix rouge locale a distribué de la farine, de l'huile et du lait à environ 800 personnes, dont de nombreux anciens salariés de l'entreprise Mura.

Une soupe populaire a été ouverte dans la ville depuis deux mois. "Nous pensions que nous aurions besoin de temps pour lancer notre service de repas, mais les gens dans le besoin ont commencé à venir presque immédiatement. Nous avons même une liste d'attente", explique Jozef Kociper, de la branche locale de l'organisation humanitaire Caritas.

"Après trois mois d'aide sociale, je n'avais plus rien. J'ai déménagé dans l'appartement d'un ami où nous avons passé l'hiver sans électricité, eau ou chauffage", raconte Kristjan Kozinc, 36 ans, l'un des "clients" de la soupe populaire qui a perdu son emploi dans le bâtiment en octobre. Heureusement qu'il "reste des gens prêts à aider", dit-il.

Miso et Goran, tous deux 18 ans, s'apprêtent à voter dimanche pour la première fois et refusent eux de céder complètement à la déprime ambiante: "Les chances de changer les choses sont minces", concèdent-ils, "mais au moins tu peux essayer!"

bk/ilp/bap

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