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Un Français à la tête d'une "banque du pape" rénovée

Un Français à la tête d'une "banque du pape" rénovée

Un Français, Jean-Baptiste de Franssu, a remplacé l'Allemand Ernst von Freyberg à la tête de l'IOR, "banque du pape" modernisée après des décennies de scandales, dans le cadre d'une cure d'économies qui touche aussi les médias du Vatican.

Cette nomination s'inscrit dans la vaste restructuration économique ordonnée par le pape François et réclamée par nombre de prélats de la Curie, l'administration du Saint-Siège. Méthodes anglosaxonnes, commissions ad-hoc, experts laïcs non italiens forment le nouveau visage du Vatican sur le plan économique.

Lors d'une conférence de presse, MM. de Franssu et von Freyberg ont souligné la "continuité" de leurs mandats, l'expert français de la finance étant chargé de mener "la phase 2" de la réforme engagée au printemps 2013 à l'Institut pour les oeuvres de religion (IOR) par l'industriel allemand.

"Je vois ce rôle comme une mission", a assuré M. de Franssu, 51 ans, catholique pratiquant, en promettant que seuls les investissements conformes à l'éthique catholique pourront transiter par l'IOR.

L'expert français a indiqué vouloir mettre en place dans un délai de 24 mois un "asset management Vatican" (un système de gestion des avoirs), pour éviter les doublons entre institutions du Saint-Siège.

Longtemps PDG d'Invesco-Europe, M. de Franssu, qui devient le laïc français de plus haut rang au Vatican, dirigeait jusqu'à présent à Bruxelles un cabinet de conseil en fusions-acquisitions, "Incipit" ("commencer" en latin).

Il avait été remarqué pour son volontarisme réformiste au sein de la commission chargée à l'été 2013 de passer au peigne fin les dysfonctionnements du petit Etat.

L'IOR, sur la sellette pour le recyclage d'argent sale, y compris de la mafia, ayant transité par ses comptes jadis, notamment dans le retentissant scandale du Banco Ambriosiano, revient de loin.

Son ancien président italien, Ettore Gotti Tedeschi avait été brusquement débarqué en 2012, et la liquidation pure et simple de la "banque du pape" avait été un moment envisagée.

C'est Benoît XVI qui avait commencé à réformer le désuet système financier du Vatican, sous l'oeil attentif du groupe d'experts européens Moneyval, qui lutte contre le blanchiment d'argent. Des progrès encore incomplets avaient été constatés par Moneyval.

Dans le bilan de l'IOR pour 2013, les coûts exceptionnels des réformes engagées, mais aussi les pertes de la gestion précédente --accusée par les médias de favoritisme italo-italien-- se font sentir: son bénéfice net s'est effondré, passant de 86,6 à 2,9 millions d'euros.

Le cardinal Tarcisio Bertone, ancien secrétaire d'Etat de Benoît XVI, est notamment accusé par la presse italienne d'avoir encouragé un prêt hasardeux à un ami producteur de télévision, ayant causé une perte sèche de 15 millions d'euros. Il proteste de son innocence.

Sous Ernst von Freyberg, des milliers de comptes ont été fermés, l'IOR revenant à sa vocation initiale de canal pour les oeuvres de l'Eglise.

Son départ n'est pas un limogeage. Il s'explique, a-t-il assuré, par la nécessité d'une direction à temps plein alors qu'il faisait la navette avec Francfort où vit sa famille.

L'IOR va aussi récupérer l'administration du patrimoine du Vatican, afin d'assurer un meilleur contrôle.

Beaucoup de difficultés ou de malversations sont en effet apparues dans la gestion des biens immobiliers et du personnel.

La principale surprise du dispositif annoncé par le nouveau secrétaire (ministre) de l'Economie, l'énergique cardinal australien, George Pell, est l'annonce d'une restructuration impliquant des "économies considérables" dans au secteur des médias vaticans.

Radio Vatican pourrait en subir le contre-coup, au profit des nouveaux médias. "Les expériences positives comme le compte Twitter (14 millions de followers) du pape seront renforcés afin de s'assurer que son message atteigne en particulier les jeunes", a-t-on annoncé.

Une commission a été nommée pour préparer cette réforme. Elle est dirigée par Lord Chris Patten, ancien gouverneur de Hong Kong et ancien commissaire européen.

Un comité technique est par ailleurs créé pour faire des propositions d'ici six mois sur un nouveau système de retraites.

Toutes ces réformes seront pilotées à l'aide d'un "project management office", dirigé par un Australien, Danny Casey.

En septembre, débutera la préparation d'un budget global que devront respecter tous les ministères. Un contrôleur général des comptes devrait être nommé d'ici la fin de l'année.

jlv/ob

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