Avec Joséphine, en salles depuis vendredi, Agnès Obadia donne vie à l’héroïne maladroite de la bande dessinée à succès du même nom. On y retrouve la célibataire parisienne, incarnée par une Marilou Berry pleine d’énergie, prête à tout pour trouver son prince charmant, quitte à l’inventer. Rencontre avec la réalisatrice.
Agnès Obadia connaît bien le Québec. Elle n’hésite d’ailleurs pas à le faire savoir lors de notre rencontre dans un hôtel parisien. «Le Québec me manque beaucoup, lance-t-elle. Cela fait trois ans que je n’y suis pas retournée, mais je compte bien m’y rendre à nouveau.»
En 2009, la réalisatrice française s’était rendue chez nous pour tourner la majeure partie de son film Romaine par moins 30. L’actrice Sandrine Kiberlain qui jouait le personnage principal s’était aussi déplacée. Louis Morissette, Pierre-Luc Brillant et Maxim Roy lui donnaient la réplique. Mais le film avait reçu un accueil plutôt mitigé, ce que regrette encore aujourd’hui la cinéaste.
«J’étais probablement trop naïve. Je croyais que les Québécois allaient m’ouvrir leurs bras. Mais j’ai depuis compris que nos relations sont plus compliquées qu’elles en ont l’air. Et puis, beaucoup ont pensé à tort que mon film se moquait du Québec, alors que je ne faisais que réaliser une comédie sans aucune arrière-pensée.»
Mais Obadia ne garde pas d’amertume de son expérience dans la Belle Province. «J’aime trop votre coin de pays. Les gens y sont talentueux et beaucoup plus accessibles qu’à Paris. Et votre cinéma me fascine. Vraiment, j’adore!»
Célibataire endurcie
En ce qui concerne son nouveau film, il a été tourné au cœur de la capitale française. Joséphine est une œuvre de commande – une première pour Obadia – adaptée de la BD de Pénélope Bagieu, un gros succès en Hexagone que la réalisatrice ne connaissait pourtant pas. «Je l’ai découverte lorsque le producteur m’a proposé le projet. Après l’avoir lu, j’ai refusé de faire le film. Au départ, je me suis dit que cela faisait du Bridget Jones. Je ne savais pas ce que je pouvais accomplir de mieux ou de plus original.»
Et puis le producteur a insisté proposant à la cinéaste de rencontrer la dessinatrice. «C’est à ce moment que j’ai changé d’avis. J’ai vu que les aventures de Joséphine pouvaient finalement se retrouver sur pellicule. Il suffisait de créer un récit sur cette célibataire qui cherche désespérément le prince charmant, mais qui ne récolte que des malentendus.»
Joséphine, jeune femme un peu boulotte, semble accablée par son célibat. Elle rêve tellement de son homme idéal qu’elle va jusqu’à appeler son chat Brad Pitt. «Elle manque cruellement de confiance en elle, ce qui la rend un peu méchante et de mauvaise foi. Tout cela va la pousser à dire un énorme mensonge dont les conséquences vont s’avérer ingérables.»
Et pour incarner l’héroïne malchanceuse en amour, il est vite devenu évident selon la réalisatrice que le rôle était destiné à Marilou Berry. «Elle est une actrice très talentueuse à qui on propose surtout des films de fille quelconque. Et comme j’avais envie de faire quelque chose de chouette, elle s’est montrée volontaire. Elle s’est donnée à fond».
Obadia semble ici retrouver les personnages féminins qu’elle affectionne comme dans ses longs métrages précédents mettant en scène le fameux personnage de Romaine que la réalisatrice ira jusqu’à interpréter. «Romaine et Joséphine sont deux filles différentes. Pendant que la première subit en quelque sorte son destin, la seconde veut le prendre en main. Bon, c’est vrai qu’elle ne le gère pas mieux, mais Joséphine refuse de s’avouer vaincue. C’est ce qui la rend à mon avis touchante.»
L’entrevue a été réalisée grâce à l’invitation des Rendez-vous d’Unifrance.
Joséphine – Axia Films – Comédie – 99 minutes – Sortie en salles le 4 juillet 2014 – France.
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