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Le tueur à gages, plus un rôle au cinéma qu'une réalité

Le tueur à gages, plus un rôle au cinéma qu'une réalité

Loin du cliché cinématographique du professionnel solitaire, le tueur à gages est en réalité souvent un petit malfrat, recruté pour un contrat unique exécuté avec tant d'amateurisme que la police ne tarde pas à l'interpeller, comme l'illustre l'assassinat d'Hélène Pastor à Monaco.

"Le tueur à gages n'existe qu'au cinéma. Il n'y a pas de professionnel qui se vend au plus offrant pour une raison simple, c'est qu'il manquerait de clients, les groupes criminels disposant déjà de leurs propres gâchettes", explique Alain Rodier, directeur de recherches auprès du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R).

Selon une source policière, on a plutôt affaire en France à "une personne recrutée pour éliminer un conjoint, un membre de la famille ou un ami devenu gênant". Toutefois, "ces assassinats commandités sont très rares et dans la majorité des cas très vite résolus".

Des bras cassés en somme, recrutés dans des bars louches ou par le bouche-à-oreille, qui ont déjà "quelques faits d'armes" à leur casier judiciaire. Les deux auteurs présumés de l'assassinat en mai de la milliardaire monégasque Hélène Pastor, des Marseillais d'origine comorienne, ont été condamnés par la justice, vols avec violence pour l'un et trafic de stupéfiant pour l'autre.

"C'est un petit voyou que le commanditaire ou un intermédiaire va rencontrer dans des quartiers sensibles et qui veut se faire de l'argent facile. Et le donneur d'ordre n'est pas à l'abri d'une escroquerie, le malfrat empochant l'argent sans accomplir sa mission", explique M. Rodier.

A combien chiffre-t-on la mort de sa belle-mère ? "Impossible d'établir une fourchette des prix. Cela va dépendre de l'objectif visé et de sa richesse, mais surtout des moyens financiers du commanditaire", explique un policier. "Il est clair que pour 15.000 ou 20.000 euros, vous ne pouvez pas espérer le crime parfait", plaisante-t-il.

Mais très vite, le prix grimpe en fonction du nombre d'intermédiaires impliqués dans le projet. Celui qui présente le tueur, celui qui fournit l'arme, la voiture, la planque...

Dans l'affaire Pastor, le gendre aurait donné à son coach sportif 200.000 euros pour qu'il mette à éxécution l'assassinat de la milliardaire. Celui-ci en a gardé 50.000 pour lui, est s'est servi du reste de l'argent pour payer intermédiaires et exécutants.

Le mode opératoire des meurtriers d'Hélène Pastor, témoignait d'un certain amateurisme. A visage découvert, ils avaient tiré des dizaines de fois sur leurs cibles, sans parvenir à les tuer sur le coup.

"Dans la majorité des cas, ils laissent tant d'indices qu'ils sont rapidement interpellés par la police et avouent avec célérité tous les détails de leur projet criminel", explique M. Rodier.

Ces tueurs à la petite semaine ne rivalisent donc pas avec les vrais "tueurs" - les "gâchettes" des groupes criminels - qui "éliminent en vrais professionnels les concurrents". A la différence du tueur à gages des polars, il agit toujours selon les intérêts de son clan ou de son groupe.

La France n'est d'ailleurs pas épargnée par des équipes de tueurs venus éliminer une cible, en voyage sur le territoire. A l'image de l'exécution en mars 2011 d'un Russe très fortuné, tué d'une balle en pleine tête dans une rue de Villepinte (banlieue nord de Paris) quelques heures après être arrivé à l'aéroport de Roissy. Cinq Tchétchènes avaient été arrêtés une semaine après. La piste du contrat est clairement privilégiée par les enquêteurs.

"Les tueurs professionnels préfèrent tuer leur cible à l'étranger, pour plus de discrétion. S'ils n'agissent pas directement pour leur réseau, ils sont envoyés par un groupe avec qui ils sont en affaire ou en échange d'un service rendu", explique le policier.

D'autres, souvent issus de la mafia italienne, optent pour la "mort blanche": faire disparaître le corps avec de la chaux ou jeter dans un fleuve la victime, les pieds pris dans du béton.

pta/at/nou/jh

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