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Mondial-2014 - Suarez, du serial-buteur au serial-mordeur

Mondial-2014 - Suarez, du serial-buteur au serial-mordeur

"Pistolero et "Vampire": Luis Suarez, lourdement sanctionné jeudi, est un des meilleurs attaquants de la planète foot, qui fait le bonheur de l'Uruguay et de Liverpool, mais aussi un joueur dévoré par son côté sombre; il a l'habitude de mordre ses adversaires.

"Luisito", comme le surnomment affectueusement ses compatriotes, est à 27 ans le buteur le plus prolifique de l'histoire de la Celeste, avec 41 buts en 79 sélections.

Mais il est désormais pour le reste du monde "Dracula Suarez" ou encore l'"Homme-Requin" que les images montrent s'approchant dans le dos du défenseur italien Giorgio Chiellini pour le mordre à l'épaule gauche, en plein match du Mondial au Brésil. Un comportement digne "d'un animal", a lancé Oliver Kahn, ancien gardien-vedette de l'équipe d'Allemagne.

Joueur de l'année et meilleur buteur de Premier League (31 buts) en Angleterre, sous le maillot des Reds, Suarez avait reçu cette étiquette de "cannibale" en 2010, alors qu'il jouait pour l'Ajax d'Amsterdam. Il avait mordu un joueur du PSV Eindhoven, Otman Bakkal. Sanction: sept matches de suspension, et une réputation qu'il s'attachera à entretenir.

A la fois habile des deux pieds et de la tête et habité d'une détermination sans faille, l'enfant de Salto, dans le nord-ouest de l'Uruguay, allait en effet récidiver en 2013. Cette fois, la victime de cette nouvelle morsure est le défenseur de Chelsea Branislav Ivanovic, touché au bras. Suarez écope alors de dix matches de suspension.

Un an plus tard, c'est donc le stoppeur de la Nazionale, Chiellini, qui porte les empreintes dentaires dans sa chair. "Comme Mike Tyson", avait titré le site du journal brésilien O Globo, en référence à l'ancien poids-lourds qui avait arraché un bout d'oreille à son rival Evander Holyfield lors d'un combat en 1997. Comme un clin d'oeil, le joueur uruguayen a un physique d'adolescent turbulent, à la dentition... éclatante. Résultat: neuf matches de suspension avec sa sélection et quatre mois d'interdiction de toute activité liée au foot.

Truqueur, Suarez s'est également illustré en octobre 2011 par des insultes racistes contre le défenseur de l'équipe de France et de Manchester United Patrice Evra, qu'il traite de "negro" ou "negrito" selon les versions, soit "noir" ou "petit noir", à plusieurs reprises. Neuf matches de suspension, même s'il affirme alors que ce terme n'a rien de péjoratif. Il aggravera ensuite son cas en refusant ostensiblement de serrer la main d'Evra lors de leurs retrouvailles sur une pelouse.

"Serial-simulateur", Luis Suarez est également passé maître dans l'art de provoquer penalties et coups francs. Et s'il marque de la tête et des pieds, pourquoi pas aussi parfois de la main, comme contre les amateurs de Mansfield Town en Coupe d'Angleterre en janvier 2013. "Le ballon a touché ma main, mais c'était involontaire", se défend alors l'attaquant de la Celeste: "J'ai embrassé mon poignet et tout le monde m'a attaqué pour ça", regrette-t-il. Naïf et de mauvaise foi, comme quand il dit avoir "buté" sur Chiellini...

Exclu du terrain dès sa première sélection avec l'Uruguay, contre la Colombie, en 2007, pour un deuxième carton jaune après protestations, Suarez avait également déclenché la colère de tout le Ghana en 2010, lors du Mondial sud-africain. Son tort: avoir intentionnellement dégagé le ballon de la main sur la ligne de but, empêchant Dominic Adiyiah de marquer. Aussitôt exclu, il est filmé en train d'exulter quand l'attaquant ghanéen Asamoah Gyan rate son penalty, échouant au passage à offrir à l'Afrique sa première qualification en demi-finale d'un Mondial. Pas très fair-play...

Si sa personnalité peut choquer à l'étranger, elle a plutôt tendance à séduire dans son pays, où ses compatriotes n'aiment voir dans la plupart de ces épisodes que l'illustration de la "garra charrua" (hargne uruguayenne) et de la ruse propre aux joueurs latino-américains.

Le groupe uruguayen Abitab a d'ailleurs utilisé cette facette de sa personnalité dans un spot de publicité savoureux en 2013. "Il est un peu compétitif", "Certaines de ses attitudes demandent à être améliorées", "C'est parfois difficile de travailler avec lui", témoignent alors les supposés collègues à propos de Suarez qui manifeste violemment son dépit lorsque la cafetière est vide ou plonge comme s'il voulait obtenir un penalty après avoir été effleuré par son voisin de bureau.

Face aux critiques, Suarez assure que c'est ce caractère bien trempé dans du chimichurri (sauce sud-américaine à base de piment) qui lui permet d'être cet attaquant à l'efficacité redoutable.

Une certitude: cette combativité excessive n'a jamais quitté ce joueur d'origine modeste, de ses premiers pas au Nacional de Montevideo jusqu'à l'Angleterre, en passant par les Pays-Bas (Groningue et Ajax Amsterdam).

"J'ai vécu des moments difficiles, compliqués avec Liverpool, parce que des mensonges ont circulé, mais j'ai toujours eu la conscience tranquille", commentait-il récemment, se disant désormais "plus calme, plus tranquille". Vraiment ?

bur-pgr/pga

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