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Le pétrole encore peu affecté par la crise en Irak, mais gare à une aggravation

Le pétrole encore peu affecté par la crise en Irak, mais gare à une aggravation

Jusqu'ici, les prix du pétrole n'ont pas été autant affectés par la crise irakienne que par d'autres évènements géopolitiques passés mais ils pourraient rapidement monter à plus de 120 dollars le baril en cas d'aggravation de la situation, estiment des analystes.

Depuis le début de l'offensive jihadiste en Irak le 9 juin, la réaction des prix du pétrole a été "ordonnée", jugent les analystes Harry Tchilinguirian et Gareth Lewis-Davies, de BNP Paribas.

"Nous n'avons pas observé de pics et la volatilité reste très faible. Cela contraste avec la période de la guerre civile en Libye début 2011, qui a eu pour conséquence la suspension de la production. A cette époque, les prix du pétrole (...) ont réagi de façon bien plus agressive", rappellent-ils.

En effet, le Brent avait alors bondi de près de 35% entre le début de l'année et son pic du 11 mars 2011 à 127,02 dollars le baril.

Autre exemple : après la mise en place de l'embargo européen sur le pétrole iranien fin janvier 2012, le Brent avait bondi de 16% en un mois pour atteindre 128,40 dollars le baril.

Or, depuis le 9 juin dernier, la référence européenne du pétrole n'a progressé que d'environ 6%, marquant la semaine dernière un plus haut en neuf mois à 115,71 dollars.

"A l'exception des deux premiers jours suivant le déclenchement de la crise irakienne (au cours desquels le Brent a augmenté de 4 dollars), les marchés du pétrole sont restés admirablement calmes", résument les analystes du courtier PVM.

La raison principale de cette réaction limitée est l'absence de perturbation majeure de l'offre irakienne.

"Le fait que la plus grande partie de la production et des exportations du pays soit située dans une zone encore épargnée par le conflit et que des substituts se mettent en place progressivement pour faire face à un tarissement de la production nationale, avec l'Arabie Saoudite et la région autonome du Kurdistan, expliquent l'absence de flambée des prix", détaille Christopher Dembik, analyste de Saxo Banque.

En effet, les combats entre les jihadistes et les forces gouvernementales se sont pour l'instant concentrés dans le nord et l'ouest du pays alors que les installations pétrolières sont principalement dans le sud tandis que la région autonome du Kurdistan - également épargnée par le conflit - a l'ambition d'augmenter ses propres exportations de brut, malgré le désaccord de Bagdad.

Selon les économistes de Commerzbank, il est donc "très peu probable" que l'offre pétrolière irakienne soit perturbée, étant donné que les terminaux pétroliers du sud du pays (d'où partent 90% des exportations irakiennes) "sont très loin" des insurgés.

"Si - comme nous l'attendons - les interruptions de production ne se matérialisent pas, le prix du pétrole va probablement perdre ses gains alimentés par la peur, comme ce fut le cas à l'été 2013 (en pleine crise syrienne, ndlr), et retomber vers les 110 dollars le baril", estiment-ils.

Par contre, "si une part substantielle de l'offre irakienne devait être retirée du marché, cela porterait les capacités de production mondiales non utilisées dangereusement proches de zéro, ce qui pourrait pousser les prix du brut bien au-delà de 120 dollars le baril", prévient Abhishek Deshpande, analyste chez Natixis.

L'Arabie Saoudite, qui joue le rôle de banque centrale du pétrole, a des capacités non utilisées de "seulement 2,5 mb/j", souligne-t-il. Cela couvrirait tout juste un arrêt des exportations irakiennes (2,58 mb/j en mai).

Or, comme on a pu le voir en 2008, les prix peuvent bondir très vite en cas de vives tensions géopolitiques, rappelle-t-il. A l'été 2008, le Brent est monté jusqu'à son pic historique de 147,50 dollars le baril.

Si l'offre pétrolière irakienne s'asséchait et l'instabilité se répandait à d'autres zones du Moyen-orient, "il ne serait pas difficile d'imaginer le prix du Brent atteignant de nouveaux records au-dessus de 140 dollars le baril", abonde Julian Jessop, économiste du cabinet Capital Economics, qui n'assigne toutefois que 10% de chance à ce scénario.

jb/mg/ros

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