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Quatre cents marins russes attendus en France avant la livraison des Mistral à la Russie

Quatre cents marins russes attendus en France avant la livraison des Mistral à la Russie

Quelque 400 marins russes sont attendus avant la fin du mois en France pour s'entraîner sur le premier des deux navires Mistral dont la vente prévue par la France à la Russie en pleine crise ukrainienne provoque des tensions entre Paris et ses alliés, notamment américains.

Pour Paris, l'enjeu est considérable. Outre les 500 emplois que représente la construction des bâtiments de projection et de commandement (BPC) aux chantiers STX de Saint-Nazaire (ouest), c'est la réputation de l'industrie de défense française qui est en jeu.

Plusieurs fois repoussée, l'arrivée du Smolny, navire-école de la marine russe, et de ses 400 marins est désormais programmée le 30 juin. Leur mission : prendre livraison du "Vladivostok", premier des deux porte-hélicoptères de la classe Mistral construits à Saint-Nazaire, qui doit être remis en octobre à la Russie. Un second bâtiment du même type, le "Sébastopol", doit être livré en 2015.

Montant total du contrat, 1,2 milliard d'euros. Mais la vente de ces deux BPC, cruciale pour l'industrie française, inquiète les Etats-Unis et les pays voisins de la Russie.

Washington a mis Paris en garde à plusieurs reprises et Barack Obama a exprimé début juin son "inquiétude" sur la poursuite de tels contrats au moment où la Russie "a violé la loi internationale" en s'emparant de la Crimée.

Côté français en revanche, on se retranche derrière le caractère privé du contrat passé entre deux groupes industriels et l'on affirme ne pas avoir à recevoir de leçon de fermeté.

"La question se posera lorsque le premier des deux BPC devrait être exporté, c'est à dire en octobre/novembre", répète-t-on au ministère de la Défense, où l'on souligne que les sanctions européennes de niveau 2, actuellement en vigueur, ne concernent pas la vente de ce type de matériels.

"Dans la structure profonde de l'Etat, les responsables sont sur la ligne : +on a un contrat avec la Russie, on l'honore+. Les Russes ne sont pas nos ennemis", analyse Yves Boyer de la Fondation pour la recherche stratégique.

"Il y a la dimension proprement russe et il y a la dimension de l'industrie de défense française. Si la parole de la France n'est pas honorée, ceux qui veulent acheter des armements français se détourneront d'elle", poursuit-il. Une annulation de la livraison des BPC pourrait, selon lui, avoir notamment des conséquences sur le contrat en discussion pour la vente de 126 avions Rafale par Dassault Aviation à l'Inde. Un pays qui entretient d'étroites relations en matière d'armement avec Moscou.

Vladimir Poutine a joué là-dessus dans une interview à des médias français le 4 juin, avant sa visite en France à l'occasion des cérémonies du Débarquement : "Si la France décide d'annuler ce contrat, elle peut le faire. Nous exigerons alors un dédommagement. Mais cela ne contribuera pas positivement au futur développement de nos relations dans le domaine de la coopération technique et militaire". La Russie, a-t-il ajouté, est même prête "à signer de nouvelles commandes", si les Français "souhaitent continuer la coopération".

Sauf durcissement de la situation en Ukraine, qui entraînerait un renforcement des sanctions internationales, Paris entend pour l'instant maintenir la vente des deux BPC. Surtout, la France ne veut pas être la seule à renoncer à d'importants contrats, alors que l'Allemagne ou la Grande-Bretagne entretiennent des liens étroits avec la Russie dans les domaines industriel ou financier.

Lors de la signature du contrat, en juin 2011, Washington s'était déjà inquiété de la livraison à la Russie de ce type de bâtiments par un pays membre de l'OTAN. Plus gros navires de guerre français après le porte-avions Charles de Gaulle, les BPC Mistral peuvent embarquer 16 hélicoptères, 13 chars, une centaine de véhicules et projeter 450 soldats sur un théâtre d'opération.

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