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Mondial-2014 - A Pau Grande, sur les traces de Garrincha

Mondial-2014 - A Pau Grande, sur les traces de Garrincha

Le Brésil affronte le Cameroun lundi dans le tout nouveau stade de Brasilia, baptisé Mané Garrincha, en l'honneur du joueur légendaire mort en 1983 et un peu oublié pendant ce Mondial, au grand regret de sa famille.

La ville natale du "démon aux jambes tordues", Pau Grande, se trouve au pied de la montagne, à 25 km du luxueux centre d'entraînement du Brésil à Teresopolis, où les riches habitants de Rio fuient la chaleur. Garrincha est enterré dans le petit cimetière de cette cité ouvrière organisée autour d'une usine de boissons, jadis une usine de tissus, où le joueur a travaillé à l'âge de quatorze ans. Sur sa tombe blanche on peut lire: "Ici repose celui qui a été la joie du peuple".

Alexsandra Dos Santos, sa petite fille, vit dans la maison que Garrincha avait reçue de l'usine en cadeau après la victoire au Mondial 1958. Elle y a créé le bar le "Garrinchinha" (le petit Garrincha) grâce à une émission de télévision qui a financé les tables, les photos exposés au mur et même un baby foot.

"Pour le Mondial on a voulu organiser des choses ici mais la mairie n'a pas été intéressée. Garrincha est assez oublié dans cette Coupe. Au Brésil, on oublie vite les gens qui ont été importants. Pelé est le roi mais il n'y a pas un seul roi, il peut y en avoir deux", affirme-t-elle, regrettant de ne pas avoir été invitée à l'inauguration du stade Garrincha ni au camp de base du Brésil.

Le bar vivote. "Il y a des touristes qui viennent mais pas beaucoup de gens du coin. Je n'arrive pas à le maintenir. La maison est à vendre pour 650.000 reais (212.000 euros), poursuit-elle. Si quelqu'un qui aime Garrincha veut faire quelque chose, ce serait bien".

"Mon grand-père n'était pas attiré par l'argent. C'était un homme du peuple", dit-elle du fameux dribbleur, mort dans une pauvreté relative. Le mari d'Alexsandra raconte une anecdote: "Quand il arrivait dans un bar, il lui arrivait de payer les ardoises de tout le monde. Tout le monde l'adorait mais il n'a jamais investi son argent".

De son grand-père, elle n'a que quelques souvenirs. "Il venait de temps en temps. La dernière fois que je l'ai vu, il était venu voter en 1982 (un an avant sa mort). Il était un peu timide, un peu pataud.". Elle avait alors huit ans.

Dans le village, un petit buste, une école Garrincha et un terrain de foot attestent du passage de Garrincha, dont le surnom est un oiseau commun dans la forêt environnante. Au terrain de foot, il y a un petit mémorial avec des photos et des coupes. On peut lire: "Mais où est né ce Garrincha, joueur d'une autre planète? Dans une petite planète appelée Pau Grande".

Bizarrement, le gymnase situé juste à côté porte le nom d'un inconnu, Nelson Ferreira Lima, même si à l'intérieur il y a des peintures des jambes tordues de Garrincha et un énorme 7 du Brésil (son numéro). Parmi les employés du gymnase, Rosangela, une des filles naturelles de la star. Il y a à l'évidence un air de famille. "Sur ma carte d'identité, je n'ai pas de père. Je savais plus ou moins que c'était lui mais on a fait un test ADN quinze ans après sa mort. Maintenant je suis sûre", dit-elle de Garrincha, qui a eu treize enfants et une vie amoureuse bien remplie.

"J'allais à l'école avec une de ses filles. Des gens disaient +toi aussi tu es fille de Garrincha+", se souvient-elle. "Je ne l'ai rencontré qu'une seule fois en 1977. Il était venu voir ma mère. Il m'a montré comment mettre des gouttes dans ses oreilles...". Elle affirme que son petit-fils ressemble aussi à Garrincha, plus que son fils de 25 ans qui a joué au foot à Botafogo -comme Garrincha- sans avoir le talent pour devenir professionnel.

Rosangela regrette aussi qu'il n'y ait pas plus d'hommages à son père. "On l'a un peu oublié. On a l'impression qu'il est plus respecté en-dehors du Brésil qu'ici. Mais je suis fier de qu'il a fait. S'il jouait, on gagnerait le Mondial, c'est sûr".

pgf/fbx/dhe

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