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La gauche européenne prépare son plan de bataille avant le sommet

La gauche européenne prépare son plan de bataille avant le sommet

Les dirigeants de la gauche européenne se réunissent samedi à Paris, quelques jours avant un sommet européen très difficile à Bruxelles, pour faire pression sur la droite afin de desserrer l'étau de l'austérité, condition de leur soutien à Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission.

Le mini-sommet de l'Elysée a un double objectif: s'accorder sur les priorités et les lignes rouges de la famille sociale-démocrate européenne pour la prochaine Commission, et spécifier les conditions de son soutien à la nomination comme président du Luxembourgeois chrétien-démocrate Jean-Claude Juncker.

Il se tiendra quelques jours après un mini-sommet des anti-Juncker de droite en Suède, réunissant le Premier ministre conservateur britannique David Cameron et ses homologues suédois et néerlandais, que la chancelière allemande Angela Merkel avait tenté de convaincre pour éviter un blocage la semaine prochaine au sommet de Bruxelles.

"Ce n'est pas parce que Jean-Claude Juncker est nommé à la tête de la Commission européenne que le Conseil" des chefs d'Etat et de gouvernement "va se dépouiller de ses prérogatives". "Il conserve son rôle, qui est de donner des orientations à la Commission européenne", ont expliqué à l'AFP les conseillers de dirigeants européens des deux camps.

"L'idée, c'est que les dirigeants sociaux-démocrates de l'UE puissent échanger sur leur vision et leurs priorités pour l'Europe. L'objectif est toujours de renforcer la dynamique en faveur de l'emploi, la croissance, l'investissement", explique-t-on dans l'entourage du président français François Hollande.

Mais il s'agit aussi de freiner le jeune chef du gouvernement italien Matteo Renzi, dont les exigences braquent le camp conservateur, a-t-on expliqué à l'AFP de source européenne. M. Renzi exige un relâchement du Pacte de stabilité, limitant le déficit public des Etats de l'UE à 3% de leur PIB et leur dette à 60%.

Faire sauter certains lacets de ce corset donnerait du temps et des moyens aux dirigeants européens pour les réformes, soutient-il. Matteo Renzi a mis la barre très haut : "Le prochain président de la Commission européenne devra changer de politique pour les cinq prochaines années, ou alors il n'aura pas le soutien de l'Italie".

M. Renzi ne veut pas se retrouver en situation de quémander des délais à la Commission européenne. Il ne veut pas non plus connaître la fin de Romano Prodi, qui a expliqué avoir perdu sa majorité en Italie pour avoir "respecté à la lettre les règles imposées par Bruxelles et pas assez écouté ce que demandaient ses compatriotes".

Mais sa demande est "inacceptable pour ses partenaires européens", lui a assuré le président du Conseil, Herman Van Rompuy, lors d'une rencontre mardi à Rome, selon des sources italiennes. "Seuls les dirigeants européens peuvent changer les règles, et les conditions ne sont pas réunies aujourd'hui", a-t-il expliqué.

La chancelière allemande Angela Merkel l'a confirmé mercredi, en rappelant à l'ordre son vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel, partisan d'exclure les coûts occasionnés par les réformes dans le calcul du déficit public, comme le demande Matteo Renzi.

La menace d'un cavalier seul de M. Renzi au sommet européen la semaine prochaine a conduit l'Elysée à élargir la réunion de samedi, transformée en "sommet informel" des dirigeants sociaux-démocrates, afin de définir une position commune.

Ont été également conviés les Premiers ministres belge Elio Di Rupo, danois Helle Thorning-Schmidt, roumain Victor Ponta, slovaque Robert Fico, tchèque Bohuslav Sobotka, ainsi que les Allemands Sigmar Gabriel et Martin Schulz, qui vient de se faire élire à la tête du groupe socialiste au Parlement après avoir été leur candidat pour la Commission.

Pour obtenir la présidence de la Commission, Jean-Claude Juncker doit être soutenu par la majorité des dirigeants européens et rallier au moins 376 suffrages sur son nom au Parlement. Sa nomination fait partie d'un paquet qui comprend également les postes de président du Conseil, de président du Parlement européen et de Haut représentant pour la politique étrangère.

La désignation d'un conservateur à la présidence de la Commission a pour contrepartie la nomination d'un social-démocrate pour succéder à M. Van Rompuy. Plusieurs personnalités sont citées, dont Mme Thorning-Schmidt, l'ancien chef du gouvernement italien Enrico Letta ou l'ancien Premier ministre français Jean-Marc Ayrault.

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