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Offensive au Pakistan: exode des deux côtés de la frontière afghano-pakistanaise

Offensive au Pakistan: exode des deux côtés de la frontière afghano-pakistanaise

Des dizaines milliers de civils ont continué jeudi à fuir face à l'offensive militaire pakistanaise visant les talibans et Al-Qaïda dans la zone tribale du Waziristan du Nord, trouvant refuge dans les régions proches, y compris l'Afghanistan voisin.

L'exode s'est accéléré depuis mercredi et l'assouplissement pour trois jours du couvre-feu imposé dans la zone tribale, mesure destinée à permettre aux civils de fuir avant qu'Islamabad n'y lance ses blindés et troupes au sol pour la "nettoyer" des islamistes.

Des responsables pakistanais interrogés jeudi par l'AFP n'ont pas caché jeudi leur ambition de voir le Waziristan du Nord se "vider" au maximum de ses habitants ces prochains jours avant une opération terrestre qui s'annonce à huis clos, les médias ayant été également invités à quitter la zone.

Le Pakistan a annoncé vouloir "détruire" une fois pour toutes les bases des rebelles, accusés de multiples attentats, dans ce qui est considéré comme leur principal sanctuaire dans le pays. L'opération était attendue de longue date par les alliés occidentaux d'Islamabad.

Jeudi, le nombre de civils jetés sur les routes a selon les autorités atteint 140.000 depuis la fin mai, lorsque l'aviation pakistanaise a intensifié ses bombardements en vue de l'offensive dans ce territoire pauvre, montagneux et reculé situé à la frontière de l'Afghanistan.

Ce chiffre officiel représente déjà plus d'un quart de la population estimée du Waziristan du Nord, avant l'offensive.

Mais il est selon nombre de sources locales bien inférieur à la réalité, car ne prenant en compte que les déplacés recensés par les autorités, et tous ne le sont pas.

La plupart ont gagné Bannu, la grande ville la plus proche, située dans la province pakistanaise de Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest). Selon l'Autorité fédérale de gestion des sinistres, près de 51.000 y sont arrivés en deux jours depuis mercredi.

Ce chiffre s'ajoute aux 62.000 qui avaient déjà fui pour gagner l'intérieur du Pakistan avant mercredi, et aux 30.000 autres qui sont eux allés à l'ouest, franchissant la frontière toute proche pour se réfugier en Afghanistan, a indiqué à l'AFP un responsable chargé de surveiller cet afflux côté afghan.

L'armée pakistanaise a jusque là surtout procédé à des bombardements aériens qui n'ont tué selon elle que des rebelles, plus de 200, un bilan impossible à vérifier de source indépendante.

"Nous n'utilisons pour le moment que l'aviation, mais une fois que la zone sera vide de civils, nous enverrons des troupes au sol", a déclaré à l'AFP un responsable local des services de sécurité.

"La bataille au sol n'a pas encore commencé, et elle sera longue, ce sera une guerre totale, nous allons éradiquer les rebelles du Waziristan du Nord", a-t-il ajouté, en précisant que les autorités couperaient également les lignes de téléphone dans la zone.

Celle-ci n'a depuis le début de son offensive rencontré que très peu de résistance sur le terrain. Avant même le lancement de l'offensive, des sources locales avaient indiqué à l'AFP que la grande majorité des combattants islamistes avaient déjà fui, notamment en Afghanistan.

La porosité de la frontière, tout comme l'existence de nombreux repaires islamistes discrets dans d'autres régions, incitent les analystes locaux à la prudence. Si la plupart voient l'opération d'un bon oeil, ils estiment qu'il en faudra bien plus pour résoudre le problème de l'extrémisme qui ensanglante le pays depuis des années.

Islamabad s'est décidé à passer à l'offensive après avoir échoué à ouvrir des négociation de paix avec les talibans locaux du TTP, et une semaine après la sanglante attaque de l'aéroport de Karachi (38 morts), revendiquée par le TTP et des combattants ouzbeks proches d'Al-Qaïda.

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