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Le ministre fédéral de la Justice Peter Mackay dit que les femmes sont trop liées à leurs enfants pour devenir juges

Les femmes trop liées à leurs enfants pour devenir juges, dit Mackay
Canadian Defense Minister Peter MacKay speaks during the plenary session at the International Institute for Strategic Studies (IISS) 11th Asia Security Summit in Singapore on June 3, 2012. The IISS is being attended by defence officials from around the world. AFP PHOTO / ROSLAN RAHMAN (Photo credit should read ROSLAN RAHMAN/AFP/GettyImages)
ROSLAN RAHMAN via Getty Images
Canadian Defense Minister Peter MacKay speaks during the plenary session at the International Institute for Strategic Studies (IISS) 11th Asia Security Summit in Singapore on June 3, 2012. The IISS is being attended by defence officials from around the world. AFP PHOTO / ROSLAN RAHMAN (Photo credit should read ROSLAN RAHMAN/AFP/GettyImages)

OTTAWA - Le ministre fédéral de la Justice explique le manque de femmes juges au pays par le lien trop serré entre les femmes et leurs enfants.

Peter MacKay a fait ces commentaires le 13 juin dernier, lors d'une réunion organisée par le Barreau ontarien à Toronto. Le quotidien Toronto Star les citait dans son édition de jeudi.

Lorsqu'on lui a demandé, à cette rencontre, pourquoi son gouvernement ne nomme pas juges plus de femmes et de membres des minorités visibles, M. MacKay a dit que les femmes ne postulent pas pour ces emplois, qu'elles craignent que le travail de juge les éloigne trop de leurs enfants, que les enfants ont davantage besoin de leur mère que de leur père.

Jeudi matin, donc, dans les corridors du parlement, le ministre a été invité à expliquer ses remarques.

Au lieu de reculer, il en a remis.

«Et bien, elles en ont un», a-t-il insisté en parlant d'un lien plus fort entre les femmes et leurs enfants qu'entre les hommes et leurs petits.

«Dans la petite enfance, il est indéniable que les femmes ont un lien plus grand avec leurs enfants», a-t-il précisé du même souffle.

Lorsqu'on lui a fait remarquer qu'on arrive rarement au poste de juge tôt dans une carrière, alors qu'on serait jeune parent, le ministre s'est éloigné sans rien dire.

Il avait eu le temps cependant, avant de partir, de répéter une de ses déclarations du 13 juin.

«Pour ce qui est des femmes qui postulent pour devenir juges, nous avons besoin de plus de femmes qui postulent pour devenir juges. C'est aussi simple que ça», a lâché le ministre avant de tourner les talons, répétant ainsi que les femmes elles-mêmes sont responsables du manque de femmes juges dans les cours fédérales.

En après-midi, aux Communes, l'opposition libérale a réclamé des excuses au ministre qui a fait preuve de «chauvinisme flagrant», d'après la députée Chrystia Freeland, et qui a livré «une diatribe des années 50», d'après Carolyn Bennett.

«Rétrograde» est l'adjectif qu'a choisi la néo-démocrate Rosane Doré Lefebvre, à l'extérieur de la Chambre. La députée a cité en exemple sa tante, Louise Arbour, une mère de trois enfants, qui a siégé comme juge à la Cour suprême. La députée a ensuite dénoncé le «recul» et les «commentaires rétrogrades» du ministre.

Aux Communes, le ministre a dit qu'on interprétait mal ses propos et a souligné que depuis 2006 le gouvernement conservateur a nommé 182 femmes juges.

Les libéraux, eux, ont cité une autre statistique. Entre 2006 et 2012, les conservateurs ont nommé 485 juges, dont 145 étaient des femmes, c'est-à-dire 29 pour cent.

Les collègues du ministre MacKay ne se pressaient pas pour le défendre.

Une députée conservatrice a eu un commentaire difficile à décoder.

«Comme parlementaires, je pense que nous devrions applaudir les femmes quels que soient leurs choix de carrière, que ce soit de rester à la maison avec leur famille ou de chercher à faire carrière dans n'importe quel autre domaine», a dit Michelle Rempel.

Les autres élus conservateurs ont fui les journalistes.

Restait un Maxime Bernier, plutôt réticent.

«Moi aussi j'ai un lien spécial avec mes filles», a offert le ministre Bernier.

Visiblement mal à l'aise, il a eu quelques rires gênés, puis a dit que comme tout le monde, il aimait sa mère.

Peter MacKay n'en est pas à sa première sortie qualifiée de sexiste. Durant la campagne électorale de 2006, il avait invité la néo-démocrate Alexa McDonough à «se contenter de tricoter». Il s'était excusé par la suite.

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