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L'armée camerounaise en ordre de bataille contre Boko Haram

L'armée camerounaise en ordre de bataille contre Boko Haram

Cinq blindés de l'armée camerounaise et des pick-up surmontés de mitrailleuses lourdes prennent position sur la route principale longeant Dabanga, petite ville du nord du Cameroun, frontalière du Nigeria, face à l'ennemi: les islamistes nigérians de Boko Haram.

L'armée montre pour la première fois à une vingtaine de journalistes embarqués son arsenal engagé dans la région de l'Extrême-Nord, dont des avions de combat, destiné à combattre le groupe islamiste armé, dont les attaques se multiplient au Cameroun.

Depuis l'enlèvement de plus de 200 lycéennes nigérianes par Boko Haram le 14 avril et l'indignation mondiale consécutive, le Cameroun s'est engagé à combattre sur son sol les islamistes en déployant à terme 3.000 hommes.

"Boko Haram considère le territoire (camerounais) comme une base de refuge lorsque ses combattants sont poursuivis au Nigeria", souligne le colonel Nji Formukong, commandant opérationnel de la lutte contre les islamistes.

Pour les islamistes, le Cameroun est aussi "une zone de transit pour faire entrer son matériel, comme une base de ravitaillement quand il est à court d'armements et d'explosifs", ajoute-t-il. Les armes, selon lui, proviennent de Libye et transitent par le Tchad avant d'arriver ici.

Attaques à main armée, enlèvements, trafic d'armes et de drogue, braconnage sont autant d'activités de Boko Haram au Cameroun, explique-t-il.

Lancée depuis des années contre l'insécurité dans le nord du Cameroun, l'opération militaire "Emergence 3" vient d'être recentrée sur la lutte contre les islamistes, renforcée par une unité d'élite de l'armée, le Bataillon d'intervention rapide (BIR).

A Dabanga, blindés et soldats surveillent la frontière: le premier village nigérian, Gilbé, est à moins de 300 mètres. Dans cette zone peu arborée, la localité et ses alentours sont bien visibles.

Des enfants traversent librement, dans les deux sens, le cours d'eau matérialisant la frontière.

Récemment, "il y a eu ici une bataille pendant deux jours entre Boko Haram et nos forces", dit le colonel Nji en désignant la carcasse d'un véhicule des insurgés: "pendant cette bataille, nous avons eu à détruire deux véhicules de Boko Haram qui transportaient des personnels, des munitions et des armes".

Selon lui, les blindés ont permis aux Camerounais de finalement prendre le dessus, après plusieurs heures d'échange de tirs nourris.

"Nous avons pris des positions stratégiques nous permettant d'assurer un maillage suffisant sur le territoire, d'être en mesure de parer à toute éventualité", assure le porte-parole du ministère de la Défense, le lieutenant-colonel Didier Badjeck.

La présence militaire semble rassurer la population.

"Nous avons connu ces derniers moments le déploiement de nos militaires, ce qui nous encourage. Avant, on ne fermait pas l'oeil, mais depuis qu'ils sont là, nous nous reposons bien. Même les gens qui craignaient de donner des renseignements (par peur de représailles des islamistes) sont plus disposés à le faire", déclare Abba Madam, du village de Zigagué, entre Dabanga et Waza, plus au sud.

Ce village subit depuis des années les attaques de coupeurs de route, dont certains se sont reconvertis dans des trafics avec Boko Haram.

Oumarou Michel, sous-préfet de Waza, ville touristique où 10 ouvriers chinois ont été enlevés récemment, confirme: "Il y a une accalmie. La présence renforcée de nos forces rassure la population".

Plus au sud, dans la base militaire de Mora, une quarantaine de soldats sont rassemblés dans une cour où sont entreposés des fusils mitrailleurs. A leurs côtés, des blindés et des pick-up armés.

Cette base se trouve à quelques kilomètres d'Amchidé, ville frontalière camerounaise présentée comme ayant été un fief local de Boko Haram, où le BIR a installé un camp.

A Garoua, chef-lieu de la région du Nord, voisine de l'Extrême-Nord, la base aérienne compte trois chasseurs Alpha Jet. "Nous faisons des vols réguliers de reconnaissance et de surveillance", explique le colonel Kenneth Nzumel, de retour d'une patrouille.

L'armée se veut optimiste. "Nous avons des contacts avec les Nigérians de l'autre côté. Je pense que si les actions sont concertées (...) cette secte sera éradiquée totalement", affirme le porte-parole de la Défense.

Et de rappeler: "Nous avons hérité d'une situation qui est une situation post-coloniale, c'est-à-dire de frontières qui ont été tracées de manière arbitraire".

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