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Des pauvres plus pauvres: des chercheurs britanniques interpellent le gouvernement

Des pauvres plus pauvres: des chercheurs britanniques interpellent le gouvernement

Des chercheurs britanniques ont interpellé le gouvernement jeudi sur la pauvreté grandissante dans le pays, qui frappait, selon eux, un tiers des foyers britanniques en 2012.

Tandis que la taille de l'économie britannique a doublé, le pourcentage de foyers pauvres est passé de 14% à 33% au cours des trente dernières années, selon les résultats d'une enquête d'une ampleur sans précédent, menée par dix universités et instituts de recherches britanniques, qui s'intitule "Pauvreté et Exclusion sociale au Royaume-Uni" (PSE).

La pauvreté est mesurée dans cette étude selon la méthode dite "consensuelle", qui établit un "niveau de vie minimum" permettant d'accéder à des biens et services de première nécessité (logement, chauffage, nourriture, habillement). L'indice européen Eurostat --qui fixe le seuil de pauvreté à 60% du revenu médian-- évaluait quant à lui à 22,7% le taux de pauvreté et d'exclusion sociale au Royaume-Uni, en 2012.

L'enquête montre que plus d'une personne sur cinq (adultes et enfants) était pauvre à la fin de l'année 2012.

"Les preuves scientifiques sérieuses dont nous disposons montrent que la pauvreté et la misère sont en hausse depuis 2010, les pauvres souffrent d'une pauvreté encore plus grande et l'écart entre riches et pauvres se creuse", a affirmé le professeur David Gordon qui a dirigé le projet.

Contrairement aux idées reçues, les auteurs de l'enquête précisent que travailler à plein temps ne suffit pas toujours pour échapper à la pauvreté.

Les recherches montrent qu'un employé sur six a reçu en 2012 un salaire insuffisant pour acheter les biens de première nécessité dont il a besoin. La moitié des "travailleurs pauvres" travaillait au moins 40 heures par semaine.

"Le gouvernement britannique continue d'ignorer les travailleurs pauvres. Il n'a pas de politique adaptée pour résoudre ce problème grandissant", a affirmé Nick Bailey, professeur à l'Université de Glasgow.

Les résultats de cette étude, qui a été financée par un institut public -le Conseil de la Recherche Economique et Sociale (ESRC)-, sont critiqués par le ministère du Travail et des Retraites.

Un porte-parole a déclaré que des "preuves solides" montrent "que les salaires ont augmenté ces 30 dernières années, contrairement à l'image trompeuse présentée par ce rapport". "Les statistiques indépendantes sont claires, il y a 1,4 million de pauvres en moins depuis 1998", a-t-il ajouté.

Selon cette étude, 18 millions de personnes, sur une population de 63 millions, ne pouvaient pas s'offrir des conditions de logement décentes, et 1,5 million d'enfants vivaient dans des foyers qui n'ont pas les moyens de chauffer leur habitation.

Se nourrir correctement pose également problème puisque quatre millions d'enfants et d'adultes n'avaient pas une alimentation suffisante.

"L'étude a montré que dans de nombreux foyers les parents sacrifient leur propre bien-être -se privant de nourriture, de vêtements ou de vie sociale- pour essayer d'empêcher leurs enfants de subir la pauvreté et la misère", a déclaré Jonathan Bradshaw, professeur à l'Université de York.

Dans 93% des foyers au sein desquels des enfants ne mangent pas à leur faim, au moins un des adultes, les femmes en particulier, se prive "parfois" ou "souvent" de nourriture pour en laisser aux autres.

mfm/dh/vog

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