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Lac-Mégantic : le conducteur n'aurait pas respecté les règles de la MMA

Drame de Lac-Mégantic : le conducteur n'aurait pas respecté les règles de la MMA
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Les mandats de perquisition de la Sûreté du Québec qui ont mené à la mise en accusation de la Montreal Maine & Atlantic (MMA) et de trois de ses employés révèlent qu'il n'y aurait pas eu suffisamment de freins appliqués sur le train, lorsque celui-ci avait été stationné à Nantes pour la nuit.

Selon les documents qui viennent d'être descellés, le conducteur du train Tom Harding a appliqué seulement 7 freins à main, alors que la compagnie recommande d'en activer 9. En raison de la pente où le train était arrêté, des experts suggèrent qu'il aurait fallu en activer 15.

À la page 39 du guide d'instructions générales de la MMA, en vigueur depuis le 1er mars 2012, il est indiqué que « pour un convoi de 70 à 79 wagons, il doit y avoir un nombre minimum de 9 freins manuels. Or, dans sa déclaration, M. Harding mentionne en avoir appliqué 7 », explique le texte de dénonciation en vue d'obtenir un télémandat de perquisition.

Les mandats de perquisition indiquent également qu'aucun des freins manuels qui ont été appliqués ne l'a été sur un des 72 wagons-citernes remplis de pétroles, alors qu'il s'agit de la procédure recommandée. Les freins manuels avaient été appliqués aux 5 locomotives, au wagon utilitaire et au wagon tampon.

Aucune de ces allégations n'ont toutefois été prouvées en cour.

En mai dernier, la MMA et trois de ses employés ont été accusés de négligence criminelle ayant causé la mort. Quarante-sept personnes ont péri dans le déraillement du train à Lac-Mégantic.

Les accusés ont été remis en liberté en attendant leur procès.

« One man crew »

Le conducteur et ingénieur Tom Harding était le seul membre de la compagnie à bord du train le soir du drame. Celui-ci et le contrôleur de la circulation ferroviaire en poste ce soir-là, également accusé dans cette affaire, Robert Labrie, se sont plaint du fonctionnement à un seul membre d'équipage, le « one man crew ». La MMA avait obtenu une dérogation de Transport Canada à cet effet.

« Selon Labrie, le « one man crew » est dangereux », indiquent les mandats de perquisition.

Toujours selon les documents de la SQ, les policiers ont interrogé plusieurs employés de la MMA qui rapportent de nombreux problèmes. Certains affirment qu'ils s'attendaient à ce qu'une catastrophe se produise un jour.

Selon Tom Harding, la locomotive de tête forçait et crachait de l'huile. D'ailleurs, le chauffeur de taxi venu à sa rencontre pour le mener à l'hôtel à Lac-Mégantic, André Turcotte, affirme qu'Harding était couvert de picots d'huile. Le pare-brise de son auto en était couvert également.

Selon la dénonciation, M. Harding déclare avoir signalé une fumée irrégulière qui s'échappe de la locomotive 5017. M. Harding mentionne que « Dave » a noté l'information.

Le feu à Nantes

Informé de l'incendie, Richard Labrie contacte Daniel Aubé, directeur de l'entretien de la voie ferrée chez MMA pour lui demander d'envoyer quelqu'un pour s'assurer que le feu est éteint et que les locomotives et les wagons sont en bon état. Celui-ci envoie Jean-Noël Busque, un contremaître de l'entretien de la voie chez MMA. Busque n'est pas formé pour immobiliser et sécuriser un train.

Les pompiers ont éteint l'alimentation en carburant, grâce à un interrupteur sur le côté de la locomotive. Le feu est éteint. Busque inspecte la locomotive. Puis il libère les pompiers. Il rentre chez lui.

On apprend également que le conducteur aurait offert de se rendre sur place à Nantes, mais que Richard Labrie lui aurait dit de rester à l'hôtel.

Or, ni Busque, ni les pompiers, ne pouvait se douter qu'en éteignant le moteur, ils coupaient l'alimentation en air des freins pneumatiques.

« Que justice soit rendue »

Le convoi a pris son élan après le départ des pompiers pour se fracasser en plein centre-ville de Lac-Mégantic, 45 minutes plus tard. Harding se serait rendu sur le lieu de la catastrophe et aurait décroché des wagons pour les éloigner du brasier.

Informée de ces nouveaux éléments, la mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, estime que la justice doit suivre son cours. « Ce sera au juge ou au tribunal d'identifier son niveau de responsabilité. Pourquoi [Tom Harding] a-t-il agi de la sorte? »

« Mais en même temps c'est un être humain. On ne peut pas négliger qu'aujourd'hui cette personne doit souffrir. Mais en même temps, il faut que justice soit rendue », a commenté la mairesse.

Avec les informations de Denis-Martin Chabot

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