Le vérificateur général du Québec par intérim Michel Samson juge inacceptable le manque de collaboration dont fait preuve Hydro-Québec dans le cadre de ses vérifications. Il estime qu'Hydro « interprète de façon contraignante et restrictive » les dispositions législatives qui sont entrées en vigueur l'année dernière, et qui lui permettent d'examiner l'utilisation des ressources au sein de la société d'État.
Un texte de Hugo Lavallée
Jusqu'au 14 juin 2013, le vérificateur général n'avait pas accès aux livres des sociétés d'État, sauf entente écrite avec leurs conseils d'administration. Une modification législative entrée en vigueur lui permet maintenant de mener des mandats de vérification au sein des « entreprises » de l'État, à l'exception de la Caisse de dépôt et placement.
Fort de ses nouvelles responsabilités, le vérificateur général a entrepris de mener un examen des activités de plusieurs sociétés d'État au cours des derniers mois. Si Loto-Québec et la Société des alcools du Québec ont pleinement collaboré avec le vérificateur général jusqu'à présent, Hydro-Québec s'est montrée beaucoup plus réticente.
La société d'État refuse notamment de fournir au vérificateur général tout document ayant été produit antérieurement à l'entrée en vigueur de la loi, même si le vérificateur général estime en avoir besoin afin de documenter sur plusieurs années d'éventuelles lacunes dans la gestion de l'entreprise.
Hydro-Québec refuse même de fournir certains documents produits depuis l'entrée en vigueur de la modification législative, et exige que le vérificateur se justifie avant de produire certains documents, ce qui est contraire à la loi. « [Hydro-Québec] prétend que je dois justifier la pertinence de mes demandes par rapport à un sujet précis », se plaint le vérificateur général.
Hydro-Québec réplique
En guise de réactions aux critiques formulées par le vérificateur général, Hydro-Québec a fait savoir, mercredi, que le Vérificateur général du Québec participe à la vérification financière de l'entreprise depuis 2010. À ce titre, estime la direction d'Hydro-Québec, le vérificateur général a accès à toutes les informations conduisant à la publication des états financiers vérifiés de l'entreprise.
Par ailleurs, Hydro-Québec dit avoir offert sa collaboration pour le mandat de vérification de l'optimisation des ressources que le Vérificateur général souhaite entreprendre. Pour illustrer sa collaboration, Hydro-Québec va rendre publiques deux correspondances transmises au Vérificateur général du Québec à cet effet, soit celles du 13 mars 2014 et celle du 2 juin 2014.
PPP peu avantageux
Le vérificateur général remet aussi en question la construction en partenariat public-privé de sept aires de service en bordure des autoroutes québécoises autorisée par le gouvernement de Jean Charest en 2008. Selon le vérificateur général, « l'analyse effectuée pour démontrer que le PPP se révèle la meilleure solution est incomplète ». Il estime que plusieurs hypothèses mises de l'avant pour justifier la réalisation du projet en partenariat public-privé sont « non justifiées », notant que les frais de financement en mode conventionnel ont été « surévalués ».
Le vérificateur souligne aussi que la manière dont le partage des risques a été effectué entre le gouvernement et les entreprises privées impliquées s'est faite au détriment de l'État. Enfin, le vérificateur général met en doute le choix des emplacements des aires de service, notant qu'il « fait abstraction des services existants près des sorties d'autoroutes ».
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