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L'aéronautique doit s'inspirer des novateurs comme Google, dit Tom Enders

L'aéronautique doit s'inspirer des novateurs comme Google, dit Tom Enders

Le secteur de l'aéronautique va devoir s'inspirer des nouvelles entreprises, comme SpaceX et Google, qui lui font concurrence et révolutionnent l'industrie, a prévenu le patron d'Airbus Group, Tom Enders, dans une interview avec l'AFP.

"A l'avenir notre industrie devra travailler beaucoup plus étroitement avec ces nouvelles entreprises, ne serait-ce que parce que ces gars là font de plus en plus d'incursions sur notre terrain", a déclaré Tom Enders en exposant sa vision d'avenir du géant européen de l'aéronautique dont il veut faire une entreprise mondiale.

Google a racheté en avril la société Titan Aerospace, qui travaille sur des planeurs solaires qui concurrenceront ceux que développe Airbus pour remplir à moindre coût de nombreuses fonctions assurées aujourd'hui par les satellites.

La société américaine SpaceX s'attaque avec son lanceur Falcon construit en quelques années à la position dominante de la fusée européenne Ariane, construite par Airbus, sur le marché mondial des lancements de satellites commerciaux.

En avril, elle a attaqué en justice le monopole garanti à Boeing et Lockheed Martin pour le lancement des satellites gouvernementaux américains.

"L'industrie aéronautique est relativement jeune mais ces gars là sont encore plus jeunes et sont sans conteste les plus dynamiques", a poursuivi le patron de 55 ans, qui a lui-même transformé à marche forcée un grand de l'industrie européenne.

Lors de cet entretien en marge des célébrations du 70e anniversaire du débarquement, Tom Enders n'a caché pas son admiration devant "la vitesse de décision et d'exécution, la capacité de prendre des risques pris" d'entrepreneurs comme le fondateur de SpaceX, Paypal et Tesla Motors, le milliardaire Elon Musk.

Ces nouveaux venus disent "vous n'avez encore rien vu. Vous n'avez pas idée de la façon dont la numérisation va changer la façon de faire des affaires, de concevoir et produire des avions".

"C'est effrayant et c'est fascinant à la fois. Je crois que l'industrie aérospatiale a besoin de plus de coopération et d'impulsions venant de ces nouvelles industries".

Il a exprimé le souhait que l'Europe crée un climat favorable à l'innovation en "cessant d'imposer continuellement de nouvelles règles et réglementations".

Jusqu'à présent l'innovation vient des Etats-Unis, même quand elle est le fait de "brillants Français et Allemands" qui s'y expatrient à la recherche de soutien et de capitaux. "C'est un domaine où l'Europe est dangereusement à la traîne", selon lui.

"Major Tom", comme on surnomme cet ancien officier parachutiste allemand, a pris la direction du groupe EADS il y a deux ans en juin 2012. Il a immédiatement tenté une fusion avec le fabricant d'armes britannique BAE Systems, qui aurait créé un géant mondial, avec un chiffre d'affaires supérieur à celui de Boeing.

Les Etats ayant torpillé son projet, il est parvenu ensuite à réduire leur poids au capital et dans la gouvernance de l'entreprise: ils n'ont plus voix au conseil d'administration.

Il a ensuite rebaptisé EADS "Airbus Group", et l'a réorganisé en trois divisions, fusionnant les activités spatiales et défense au sein d'Airbus Defense and Space. Il le présente désormais comme une entreprise "aéronautique et spatiale", renonçant à équilibrer les activités aérospatiales et défense.

Mais il n'a pas renoncé à en faire un jour "la plus internationale et la plus prospère des sociétés aérospatiales dans le monde".

"Nous sommes déjà la plus internationale", souligne-t-il: le groupe est parvenu, "parfois dans la douleur", à intégrer des Britanniques et des Français, des Espagnols et des Allemands.

"Nous devons nous étendre dans les années et les décennies à venir à d'autres parties du monde", là où se trouve la croissance, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique du nord et du sud.

Airbus a décidé en 2005 d'ouvrir une chaîne d'assemblage d'avions moyen-courriers A320 en Chine et en lancera une en 2015 aux Etats-Unis, à Mobile (Alabama).

"Au départ les compagnies aériennes chinoises n'étaient pas très contentes de recevoir des avions assemblés à Tianjin (près de Pékin). Nous avons démontré qu'ils sont aussi bons sinon meilleurs que ceux assemblés en Europe", raconte-t-il.

Il espère que grâce à son implantation et ses partenariats en Chine, Airbus "sera reconnu comme une compagnie chinoise". "Nous faisons la même chose aux Etats-Unis, pour devenir plus américains, pour être mieux acceptés".

"Nous avons d'autres outils que les chaînes d'assemblages, des centres d'ingénierie, des partenariats avec des fournisseurs. Ce sont des têtes de pont à partir desquelles nous espérons progresser".

En contrepartie, la proportion des employés européens va diminuer, reconnaît-il. Ils représentent aujourd'hui au moins 90% d'un effectif de 144.000. "Si un jour la proportion était de 80 ou 70% nous serions toujours une entreprise fortement européenne".

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