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Métro de Sao Paulo en grève et embouteillage record à une semaine du Mondial

Métro de Sao Paulo en grève et embouteillage record à une semaine du Mondial

La grève "illimitée" des employés du métro de Sao Paulo entamée jeudi a provoqué un embouteillage record pour cette année de 209 km, le troisième plus grand de l'histoire, mettant sous forte pression les autorités à une semaine du Mondial.

Même si la grève est partielle et ne touche que trois des cinq lignes, elle a entraîné "un embouteillage record pour une matinée en 2014 à l'heure de pointe" dans cette mégapole de 20 millions d'habitants. La moyenne est normalement de 74 à 105 km, a indiqué la compagnie d'ingénierie du trafic CET.

La situation était aggravée par la grève de 75% des agents de la circulation.

Le métro de Sao Paulo constitue la principale voie d'accès à l'Arena Corinthians (surnommé Itaquerao), le stade flambant neuf où sont programmés six des 64 rencontres du Mondial, dont le match d'ouverture (Brésil-Croatie, le 12 juin).

Vers 06h00 du matin à Itaquera, la station de métro du stade, des usagers ont cassé les grilles d'entrée de la station, selon le site de l'agence Estado de Sao Paulo.

"Je viens de Sao Bernardo dos Campos (banlieue) et maintenant je ne sais pas comment arriver à destination; je vais devoir y aller à pied ou en bus", a déclaré à l'AFP André Luiz Diaz, 19 ans.

La grève, déclenchée après l'échec de négociations salariales, va affecter 4,5 millions d'usagers. Une nouvelle assemblée entre grévistes et autorités était prévue dans l'après-midi.

Le syndicat des 10.000 employés du métro de Sao Paulo a jugé insuffisante l'offre de réajustement salarial annuel de 7,8% proposée par le gouvernement de l'Etat de Sao Paulo. Il réclame une augmentation d'au moins 10%.

"C'est le monde réel. L'inflation du prix des aliments et l'inflation générale sont bien plus élevées" que la proposition des autorités, avait déclaré le président du syndicat, Altino Melo Prazeres Junior.

Il y a un an exactement, Sao Paulo avait donné le coup d'envoi de la fronde sociale historique qui allait ébranler ce gigantesque pays émergent de 200 millions d'habitants en pleine Coupe des Confédérations.

Des manifestations d'abord limitées d'étudiants paulistes réclamant la gratuité des transports publics et durement réprimées par la police militaire avaient rapidement fait tâche d'huile dans tout le pays.

Des centaines de milliers de manifestants brésiliens rejetant toute bannière politique avaient dénoncé, parfois violemment, les 11 milliards de dollars d'argent public dépensés pour l'organisation du Mondial et réclamé des investissement massifs dans les transports publics, la santé ou l'éducation.

Un an plus tard, "rien n'a changé", estime Antonio Carlos Costa, fondateur de Rio da Paz, une ONG qui a gonflé mardi des ballons de football géants devant le Parlement de Brasilia pour protester contre le coût du Mondial.

"Le peuple est descendu dans la rue et aucun des trois pouvoirs (fédéral, Etats, municipal, NDLR) n'a été à la hauteur pour répondre aux demandes", a déclaré ce militant à l'AFP.

La présidente Dilma Rousseff, défendant le legs du Mondial, plaide que le gros des investissements publics (aéroports, mobilité urbaine) ont été faits "sans aucun doute pour le Brésil" et pas pour l'événement.

Mais "les enquêtes d'opinion montrent que la perception sur les services et l'économie ne s'est pas améliorée" depuis juin 2013, souligne Bruno Batista, responsable du grand sondage national régulièrement commandé par la Confédérations des Transports.

Le Brésil connaît une situation de quasi-plein emploi. Mais une croissance désormais presque à l'arrêt associée à une inflation flirtant avec les 6,5% qualifiés de maximum par le gouvernement lui-même contribuent à la mauvaise humeur générale.

"C'est radicalement différent des manifestations de 2013 qui furent l'expression du mal-être qui existait dans le pays. Les gens étaient sortis spontanément dans les rues", analyse José Augusto Rodrigues, sociologue à l'Université d'Etat de Rio (UERJ).

"Le malaise persiste. Mais ce sont des partis et des syndicats qui ont pris le relais. La classe moyenne a peur de la violence des radicaux" et de la répression policière, explique-t-il.

Pour calmer les manifestants du "printemps tropical" de 2013, le Parlement brésilien avait voté en catastrophe des mesures enlisées depuis des années, comme l'attribution des royalties du pétrole à la santé et à l'éducation.

La présidente avait adopté en urgence un programme qui a permis de faire venir des milliers de médecins étrangers, principalement cubains, dans les régions rurales et banlieues les plus démunies de docteurs.

Le problème, c'est que l'élan des réformes s'est vite essoufflé, en particulier une importante "réforme politique" promise par Mme Rousseff mais paralysée depuis au Parlement faute de consensus, explique André Cesar, directeur du cabinet de consultants Prospectiva.

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