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L'avenir économique parait sombre pour les territoires séparatistes en Ukraine

L'avenir économique parait sombre pour les territoires séparatistes en Ukraine

Les principales entreprises fermées depuis un mois, la production de charbon en baisse de 10%, les transports perturbés: l'avenir économique parait sombre pour les territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine.

"Les conséquences du conflit sont catastrophiques pour l'économie locale: nous prévoyons déjà une baisse globale de 30% de la production sur un an", estime le professeur Youri Makogon, de la faculté d'économie de l'université de Donetsk.

Les régions de Donetsk et Lougansk, dans le bassin houiller du Donbass où vivent plus de six millions d'habitants, ont proclamé en mai leur indépendance et rompu les liens avec le pouvoir central à Kiev. Depuis, le poumon industriel du pays --la région de Donetsk représente à elle seule 20% du produit intérieur brut-- se trouve livré à l'anarchie.

Les deux plus grandes entreprises locales, Styrol et Severodonetsk Azot -leaders dans l'industrie chimique en Ukraine- ont arrêté leur production début mai, en raison des combats entre rebelles prorusses et forces ukrainiennes.

L'un des plus gros projets de production de gaz de schiste du pays, représentant dix milliards de dollars d'investissement, est au point mort. Son opérateur, le groupe anglo-néerlandais Shell a assuré que le projet restait sur les rails, mais le Premier ministre Arseni Iatseniouk a reconnu que les travaux étaient perturbés: une partie cruciale de ce gisement est située à Slaviansk, bastion des séparatistes encerclé par l'armée ukrainienne, où les combats sont quotidiens.

Plusieurs mines de charbon ont elles aussi été contraintes d'arrêter leur activité, provoquant ces dernières semaines une baisse de 10% de la production. "Cela fait chaque jour entre 7 et 10.000 tonnes de charbon en moins", a déclaré le vice-ministre ukrainien de l'Industrie houillère Youri Zioukov.

"A Donetsk, beaucoup d'entreprises ferment leurs portes et mettent leur personnel en congé non payé", a indiqué de son côté mardi l'adjoint au maire de cette ville d'un million d'habitants, Guennadi Tkatchenko.

Le secteur des transports est lui aussi bousculé: l'aéroport international de Donetsk est fermé après une tentative des prorusses de s'en emparer et une contre-attaque meurtrière fin mai des forces ukrainiennes qui contrôlent désormais les lieux.

Le trafic ferroviaire a été perturbé après des explosions sur les voies ferrées. Et sur la plupart des routes de la région, des barrages ont été érigés par des rebelles armés et par les forces ukrainiennes, rendant parfois dangereux le transport de marchandises.

Des journalistes de l'AFP ont vu deux camions criblés de balles, abandonnés au bord d'une route près de Slaviansk.

Les responsables prorusses affichent leur optimisme quant à l'avenir économique de la "République populaire de Donetsk" en avançant des chiffres propres à rassurer la population: la région représente un peu plus de 4% du territoire de l'Ukraine et 14,5% de sa population mais compte pour 20% de son produit intérieur brut et 25% des exportations.

"Si les +Républiques+ de Donetsk et de Lougansk ne sont pas reconnues par la communauté internationale, nous ne pourrons pas exporter notre production. Nous exportons seulement 30% de notre production en Russie. La Russie ne peut pas acheter tout ce que nous produisons", estime de son côté le professeur Youri Makogon.

Les statistiques officielles ukrainiennes indiquent que la région de Donetsk reçoit trois fois plus d'argent qu'elle n'en verse à l'Etat. La région de Lougansk reçoit deux fois plus que ce qu'elle verse à Kiev.

Le multimilliardaire Rinat Akhmetov, dont l'empire économique dans l'est de l'Ukraine emploie quelque 100.000 personnes, a pris position contre les séparatistes. Le chef du "parlement" des prorusses, Denis Pouchiline, a menacé de saisir ses entreprises et de les nationaliser.

Mais le "Premier ministre" de la "République de Donetsk", Alexandre Borodaï a rejeté ces menaces : "Il n'est pas question de nationaliser des entreprises", a-t-il déclaré mardi en exprimant l'espoir que M. Akhmetov, premier employeur de la région, change d'attitude envers les prorusses.

"Les régions de l'Est ne peuvent pas vivre sur leurs seules ressources, sans l'aide de Kiev. Très peu de mines sont rentables. La métallurgie travaille à perte depuis 2009, en raison de la crise. L'Etat soutient ces secteurs pour des raisons sociales", affirme à Donetsk un expert économique qui ne veut pas être identifié.

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