Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Syriza, la gauche grecque auréolée d'une victoire mais cernée de défis

Syriza, la gauche grecque auréolée d'une victoire mais cernée de défis

Rencontre avec le chef de l'Etat, discours devant les patrons... Alexis Tsipras, leader de la gauche radicale grecque Syriza, a tenté cette semaine de tirer parti d'une victoire de sa formation aux européennes qui lui ouvre autant d'espoirs que de chausse-trapes sur la route du pouvoir.

"Le 25, nous votons; le 26, ils partent": le slogan du Syriza pour les européennes ne laissait aucun doute sur ses ambitions pour cette élection, la première depuis les législatives de juin 2012 qui avaient porté au pouvoir la coalition conservateurs-socialistes du Premier ministre Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie, droite).

Malgré 4 points d'avance de la gauche (26,6%) sur la Nouvelle Démocratie (ND, 22,7%), le gouvernement, dont le mandat court jusqu'à mi-2016, semble avoir sauvé la mise grâce notamment au naufrage évité de son partenaire socialiste arrivé quatrième (8%). Un remaniement est en vue pour marquer un nouveau départ.

Echec relatif de la stratégie Syriza ? "Syriza a stabilisé sa base, c'était loin d'être évident pour un parti qui a explosé en si peu de temps", remarque Manos Papazoglou, professeur de sciences politiques à l'université du Péloponnèse. Tout en emportant la région stratégique d'Attique - celle d'Athènes - aux régionales et en plaçant son candidat au second tour des municipales de la capitale qui se déroulaient également le 25 mai.

En juin 2012, Syriza avait obtenu 26,9 % des suffrages contre 4,6% aux législatives de 2009.

Mais les voix sont aussi nombreuses pour juger "problématique" "le manque de dynamique du parti qui n'a pas réussi à dépasser son score de 2012", observe le politologue Georges Sefertzis, selon lequel Alexis Tsipras est désormais "contraint à l'attente".

Une attente que le leader de 39 ans va mettre à profit pour exercer une pression maximum sur l'exécutif autour du thème "le gouvernement Samaras n'a plus le droit d'ignorer l'avis du premier parti d'opposition", comme il l'affirmé cette semaine à l'issue d'un entretien chez le président de la République où il fut le premier des chefs de partis à être reçu.

"Sans l'accord du premier parti du pays, l'exécutif n'a pas le droit d'engager des mesures à moyen et long terme", a-t-il répété mercredi devant l'assemblée générale du SEV, principale organisation patronale grecque.

Dans le viseur d'Alexis Tsipras, la session d'automne du parlement et des projets de loi comme la privatisation de l'opérateur d'électricité grec, une réforme des retraites, qui pourraient mettre à mal la fragile majorité gouvernementale de 152 députés sur un total de 300.

"On a vu la majorité tanguer pour moins de ça ces derniers mois sur la réforme du lait frais ou des marchés en plein air", note Manos Papazoglou.

Délicate également s'annonce la discussion avec les partenaires européens sur l'allègement de la dette grecque prévue à partir d'octobre ou novembre.

"Nous avons devant nous une négociation difficile avec une Europe où ont été renforcés ceux qui ne croient pas à l'idée européenne de solidarité et de réciprocité", a reconnu le ministre des Finances Yannis Stournaras devant les mêmes patrons.

Les observateurs pensent plutôt que Syriza tient sa chance de législatives anticipées en février 2015 au moment de l'élection du président de la République - aux fonctions honorifiques - qui requiert une majorité de 180 parlementaires.

Mais même dans ce contexte "Syriza est confronté au risque d'arriver en tête sans pouvoir former de gouvernement faute de partenaires", estime Georges Sefertzis selon lequel la recherche d'alliances est le prochain défi du parti.

Avec un déplacement inévitable de son axe vers le centre-gauche, selon Manos Papazoglou "car c'est là que des voix sont à prendre". La gauche du Syriza pourrait alors en prendre ombrage et menacer l'unité de la formation.

Devant les patrons, Alexis Tsipras a défendu une hausse du salaire minimum de 586 à 751 euros, un "démantèlement des cartels", le refus de privatiser les entreprises "d'intérêt public".

Mais aussi un "choc d'investissements productifs" dans un discours jugé par plusieurs participants interrogés "de moins en moins radical car il veut élargir sa base".

smk/od/ml

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.