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Le bras de fer se durcit entre Amazon et Hachette

Le bras de fer se durcit entre Amazon et Hachette

La tension continue de monter entre Amazon et la filiale américaine de l'éditeur français Hachette, qui se livrent une guerre des mots dans un contexte de négociations commerciales difficiles.

Hachette Book Group (groupe Lagardère) a affirmé mercredi vouloir "des relations d'affaires normales" avec le distributeur américain en ligne, avec lequel il croise le fer par médias interposés depuis plusieurs semaines, mais pas à n'importe quel prix.

"Nous n'économiserons pas nos efforts pour reprendre des relations d'affaires normales avec Amazon, qui a été un bon partenaire pendant des années, mais selon des conditions qui reconnaissent de manière appropriée, pour les années à venir, le rôle unique de l'auteur dans la création des livres, et le rôle de l'éditeur dans leur édition, leur commercialisation et leur distribution, tout en reconnaissant l'importance d'Amazon en tant que revendeur et innovateur", indique un communiqué envoyé par courriel à l'AFP.

L'éditeur répondait ainsi au distributeur, sorti pour la première fois de son silence mardi soir pour se dire dans un message sur son site internet "pas optimiste" sur l'issue des négociations "dans un avenir proche".

Le torchon brûle entre Amazon et plusieurs maisons d'édition, Hachette en tête, qui se plaignent d'un allongement des délais de livraison ou de l'arrêt des précommandes de leurs livres sur le site du géant américain de la distribution en ligne.

L'objectif pour ce dernier serait, selon la presse américaine, d'obtenir des prix plus favorables de la part de certains éditeurs afin d'augmenter ses marges, notamment sur le segment des livres électroniques où il est l'un des principaux acteurs grâce à sa liseuse Kindle.

Ce n'est pas la première fois qu'Amazon recourt à de telles pressions: en 2010, il avait temporairement retiré de la vente sur son site américain tous les titres de l'éditeur Macmillan (groupe Holtzbrinck), pour forcer ce dernier à accepter de nouvelles conditions commerciales.

La ministre française de la Culture, Aurélie Filippetti, a dénoncé mercredi des pratiques "inacceptables".

"Faire du chantage aux éditeurs en restreignant l'accès du public aux livres de leurs catalogues pour leur imposer des conditions commerciales plus dures n'est pas tolérable", a-t-elle affirmé dans un communiqué.

"C'est une menace pour les éditeurs mais aussi pour les lecteurs et les auteurs, pris en otage", a dénoncé la ministre, appelant la Commission européenne à "exercer toute sa vigilance pour prévenir des situations d'abus de position dominante si celles-ci étaient attestées en Europe".

Le cas d'Hachette n'est pas isolé. En Allemagne, où l'éditeur scandinave Bonnier est confronté à la même situation, l'Association des éditeurs et libraires, qui regroupe les principaux acteurs du marché du livre du pays, a violemment attaqué Amazon et demandé aux autorités d'intervenir.

Aux Etats-Unis, plusieurs auteurs touchés ont commencé à donner de la voix sur les réseaux sociaux, et la Authors Guild a pris fait et cause pour les éditeurs en dénonçant elle aussi dans un billet paru sur son blog un "chantage" d'Amazon.

Amazon s'était défendu mardi soir en rappelant des règles commerciales de base: "Les fournisseurs décident des termes selon lesquels ils veulent vendre à un distributeur. Par réciprocité, un distributeur a le droit de déterminer si les conditions de l'offre sont acceptables et de stocker les produits conformément à cet accord".

"En empêchant ses clients d'avoir accès aux livres de ces auteurs, Amazon montre qu'il considère que les livres sont comme n'importe quel autre bien de consommation. Ce n'est pas le cas", a rétorqué mercredi Hachette.

L'éditeur a aussi rejeté dans l'immédiat une proposition mentionnée mardi soir par Amazon, visant à créer un fonds d'indemnisation pour les auteurs lésés qui serait financé à 50-50 par les deux parties.

Hachette indique mercredi qu'il sera "heureux de discuter avec Amazon de ses idées pour indemniser les auteurs pour les dommages occasionnés (...) et de relayer tout paiement qu'il juge approprié". Mais seulement une fois qu'un accord commercial satisfaisant ses conditions aura été trouvé.

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