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Nigeria: nouveaux attentats, état d'urgence prolongé dans le nord

Nigeria: nouveaux attentats, état d'urgence prolongé dans le nord

Deux attentats à la voiture piégée ont frappé mardi la ville de Jos, dans le centre du Nigeria, le jour où l'état d'urgence était prolongé dans le nord-est, théâtre de l'insurrection islamiste de Boko Haram.

Le double attentat a visé un marché très fréquenté de Jos, a annoncé un responsable militaire local. "Il y a eu deux explosions séparées" au marché New Abuja vers 15H00 locales (14H00 GMT), a déclaré à l'AFP Pam Ayuba. "Nous n'avons pas encore le bilan humain" de l'incident, a-t-il précisé.

"La première explosion est due à un camion piégé, la seconde à un minibus piégé", a déclaré de son côté à l'AFP Kingsley Egbo, membre de la Task Force militaire (STF) pour l'Etat du Plateau, dont Jos est la capitale.

L'Etat du Plateau marque la limite entre le sud chrétien et le nord majoritairement musulman du pays.

En un mois, deux attentats à la voiture piégée ont fait près d'une centaine de morts à Abuja, la capitale fédérale (à 300 km au sud-ouest de Jos). Ils ont été revendiqués par le groupe islamiste Boko Haram, dont le nord-est du pays est le fief.

Les sénateurs ont d'ailleurs voté mardi à l'unanimité, comme l'avaient fait les députés la semaine dernière, la prolongation de l'état d'urgence dans les Etats de Yobe, Adamawa et Borno (nord-est), a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette mesure était déjà en vigueur depuis un an dans ces Etats. C'est dans l'Etat de Borno que le groupe islamiste armé a enlevé mi-avril plus de 200 lycéennes. Ce rapt a suscité une vaste mobilisation internationale.

Très critiqué pour la corruption de son administration et son incapacité à mettre fin à l'insurrection, le président nigérian Goodluck Jonathan avait réclamé six mois supplémentaires après avoir exprimé ses inquiétudes pour les victimes civiles de plus en plus nombreuses, qualifiant la violence dans les trois Etats de "redoutable".

Le 14 mai 2013, l'instauration de l'état d'urgence dans le nord-est s'était accompagnée d'une vaste offensive militaire contre Boko Haram.

Des milliers de soldats avaient été déployés, le couvre-feu imposé, le réseau de téléphonie mobile coupé pour compliquer l'organisation de nouvelles attaques - contribuant à isoler encore un peu plus une région très peu équipée en lignes fixes et mal desservie par les transports.

L'armée nigériane avait d'abord considéré son intervention comme un succès, affirmant avoir mis les islamistes hors d'état de nuire dans les grandes villes et les avoir repoussés dans des régions reculées.

Mais les attaques de Boko Haram se sont finalement intensifiées, devenant quasi quotidiennes, prenant de plus en plus pour cible les civils et s'étendant ces dernières semaines à Abuja et Kano.

Depuis le début de l'année, les attaques de Boko Haram ont fait plus de 2.000 morts, en majorité des civils.

En approuvant la demande présidentielle, les sénateurs ont indiqué qu'ils "accueillaient chaleureusement et approuvaient le soutien de la communauté internationale".

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et Israël ont envoyé des experts et des moyens matériels pour aider à retrouver les quelque 220 lycéennes enlevées le 14 avril par Boko Haram dans leur internat à Chibok.

La police nigériane a annoncé mardi un "audit de sécurité et une analyse de risques de tous les internats du pays", qui permettront l'élaboration d'une stratégie pour éviter un nouveau drame de ce type.

Les sénateurs ont également appelé M. Jonathan à "étendre cette coopération et cette collaboration pour mettre fin au terrorisme de façon générale au Nigeria", demandant "qu'une opération militaire totale soit menée de manière prolongée pour défaire les insurgés".

"Il est difficile de dire quels ont été les aspects positifs" de cet état d'urgence, confiait récemment à l'AFP Nnamadi Obasi, spécialiste du Nigeria à l'International Crisis Group. "C'est plutôt un acte politique - pour montrer que des actions sont engagées - sans réelle valeur militaire".

Les sénateurs ont semblé conscients mardi de la nécessité de promouvoir le développement dans le Nord-Est pour traiter les causes de la radicalisation au sein de la communauté musulmane majoritaire dans le Nord, où la pauvreté est un facteur majeur poussant les jeunes désoeuvrés à se tourner vers Boko Haram.

"Le gouvernement fédéral, en conjonction avec le gouvernement étatique, devrait proposer un plan de développement économique du type Plan Marshall pour relancer l'économie dans les Etats concernés", ont plaidé les élus.

Samedi, lors d'un sommet à Paris, le Nigeria et ses voisins - Bénin, Cameroun, Niger et Tchad - ont promis d'améliorer leur coopération, y compris par des échanges de renseignements, dans la lutte contre le groupe islamiste, qui menace la stabilité de la région.

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