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Crise politique en Thaïlande: contraction de l'économie inédite depuis les inondations de 2011

Crise politique en Thaïlande: contraction de l'économie inédite depuis les inondations de 2011

L'économie thaïlandaise s'est contractée au premier trimestre 2014, pour la première fois depuis des inondations historiques en 2011, conséquence d'une crise politique qui entame la confiance des consommateurs et effraye les touristes.

Produit intérieur brut en repli de 0,6% par rapport à la même période de 2013, investissements de 9,8%, secteur hôtelier-restauration de 3,1% pour cause de défection des vacanciers... Les statistiques de la deuxième économie d'Asie du Sud-Est, publiées lundi, sont sans appel.

Les manifestations à rallonge, notamment dans le quartier des affaires de Bangkok, et la paralysie d'un gouvernement menacé de coup d'Etat auront donc fait mentir sa réputation de "Thaïlande Teflon", due à la capacité de son économie à surmonter ses crises politiques cycliques.

Il faut remonter aux inondations de 2011 pour retrouver une contraction de l'économie. A l'époque, elle n'avait duré qu'un trimestre, avant que la croissance redémarre dès 2012.

Mais cette-fois-ci, les analystes sont plus sceptiques. Car, six mois après les premières manifestations de l'automne, la crise a fait au moins 28 morts dans la rue et les manifestants réclament toujours la chute du gouvernement intérimaire ayant survécu au limogeage de la Première ministre Yingluck Shinawatra.

Le tourisme, pilier de l'économie, en a subi les conséquences, surtout à Bangkok. Le nombre de touristes étrangers attendus en 2014 est ainsi révisé à 27 millions, contre 27,5 prévu jusqu'à peu. Les arrivées de touristes étrangers étaient en chute de 8 et 9% en février et mars.

Avec un gouvernement intérimaire aux marges de manoeuvre très restreintes en matière de dépenses, dans un pays sans Parlement depuis des mois, les perspectives de sortie de crise apparaissent bien loin.

Le Premier ministre par intérim, Niwattumrong Boonsongpaisan, risque d'être remplacé par un Premier ministre "neutre" sur décision du Sénat.

Ce qui ferait sortir dans la rue les Chemises rouges, partisans du gouvernement, avec un risque de nouvelles émeutes, voire de guerre civile.

"Les perspectives économiques de la Thaïlande dépendent fortement de la situation politique, qui est désormais dans une phase cruciale", commente l'institut Capital Economics lundi.

"Les touristes risquent de se tenir à distance tant que plane la menace de confrontations violentes", ajoute Capital Economics.

Le Premier ministre par intérim devait rencontrer lundi le président du Sénat, homme-clef pour la suite des évènements, dans un endroit tenu secret, de crainte d'une irruption des manifestants comme la semaine dernière avec la Commission électorale.

"Les fondamentaux sont très forts, le secteur privé est fort aussi. La Thaïlande est passée par ce genre d'expériences de nombreuses fois. Les investisseurs étrangers peuvent être sûrs que la Thaïlande va bien", avait assuré le Premier ministre intérimaire lors d'une rencontre avec la presse étrangère la semaine dernière, évoquant seulement un "ralentissement" de la croissance.

Certains analystes relativisent eux aussi la portée de ces mauvais résultats, comme Thanavath Phonvichai, de l'université de la chambre de commerce thaïlandaise, alors que le gouvernement table désormais sur une hausse du PIB en 2014 comprise entre 1,5 et 2,5%, contre 3 à 4% attendu jusqu'à présent.

"La contraction n'a pas atteint 1%. Si elle avait été de 2 ou 3%, cela aurait été effrayant", dit-il, estimant que si des élections peuvent finalement bien avoir lieu cet été, un gouvernement pourrait être en place "à la fin du troisième trimestre".

Restent les exportations, qui apparaissent comme le seul moteur de la croissance dans ce pays, gros producteur automobile, notamment grâce à la présence des constructeurs japonais.

Les ventes de voitures dans le pays se sont effondrées au premier trimestre, à cause de l'atonie générale de l'économie et de la fin d'une prime d'Etat à l'achat.

Mais Toyota et Nissan, interrogés par l'AFP à Tokyo, ont assuré qu'aucun projet de retrait ou de réduction de leur production en Thaïlande n'était envisagé malgré les turbulences politiques.

Concernant un possible report de la mise en service d'une nouvelle usine d'assemblage en construction en Thaïlande, le PDG de Nissan, Carlos Ghosn, a réfuté l'idée. "Mais cela ne signifie pas que nous ne suivons pas attentivement la situation du marché en Thaïlande pour la réalisation de futurs projets", a-t-il dit la semaine dernière.

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