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Djamila, 6e étage du Majestic à Cannes: femme de chambre avec vue

Djamila, 6e étage du Majestic à Cannes: femme de chambre avec vue

Le Festival de Cannes, ses stars, ses paillettes, ses palaces... et ses petites mains. Djamila, 50 ans, est de celles-là: elle travaille depuis 17 ans comme femme de chambre à l'hôtel Majectic et, du festival, elle ne retient que "le stress".

La petite femme mince, à la chevelure brune nouée sur l'épaule, est affectée depuis huit ans "au 6e étage façade" du palace blanc de la Croisette, qui compte 349 chambres et suites réparties sur sept niveaux. C'est au 6e, notamment, que Dominique Desseigne, PDG du groupe Barrière (propriétaire de l'hôtel), loge pendant le Festival.

La quinquagénaire, en robe noire, col et tablier blanc réglementaires, toque à une porte, accompagnée de Yansané, une saisonnière avec laquelle elle fait équipe. "Service s'il vous plaît, c'est la femme de chambre", annonce la voix douce de Djamila.

Elles ont 15 à 20 mn pour faire le lit et nettoyer chambre, salles d'eau et terrasse. Au total, 26 chambres à faire en huit heures. "Au fil du temps, on est robotisé", reconnaît Djamila.

L'hôtel affiche complet pour cette édition, la suite la plus chère (39.000 euros), au 7e étage, étant "louée par un professionnel du cinéma", indique l'attachée de presse du Majestic qui chaperonne Djamila pendant toute l'interview.

Le palace accueille par ailleurs Harvey Weinstein, le distributeur aux Etats-Unis du film "Grace de Monaco", Lambert Wilson, maître de cérémonie du festival ou encore les actrices Marion Cotillard et Sophia Loren.

Djamila connaît parfaitement les petites manies des clients réguliers de son étage: "Je dispose tout avant pour qu'ils se sentent chez eux".

Dans l'établissement cinq étoiles qui fait face à la mer, la clientèle peut tout demander: changer l'emplacement d'un lit ou encore avoir une salle de sport privative. A chaque transformation, il faut retirer tout le linge de la chambre et le replacer après.

"Alors, le Festival de Cannes", avec ses départs et arrivées incessants, "ça nous rapporte surtout beaucoup de stress", confie Djamila.

Durant ces 12 jours, 14.000 serviettes et 15.000 draps seront changés au Majestic. Le personnel double, passant de 350 à 700 employés. Chez les femmes de chambre, l'effectif monte de 30 à 60.

Malgré ces renforts, Djamila avoue une fatigue immense. "Le soir, si je m'assieds, je n'ai plus envie de me lever. Je suis très admirative des femmes de chambre qui ont en plus une vie de famille", dit cette divorcée sans enfant.

Heureusement, hormis la période du festival, les conditions sociales au Majestic sont "bonnes", assure l'ancienne baby-sitter qui touche 1.560 euros net par mois (plus des primes d'intéressement et de participation une fois l'an et un 13e mois). Les femmes de chambre de l'hôtel ne travaillent que quatre jours par semaine , hormis en période haute comme le Festival où elles n'ont "que deux jours de repos" hebdomadaire et travaillent huit heures par jour.

Les pourboires sont à la discrétion des clients et peuvent aller jusqu'à 150 euros (à se répartir entre collègues d'étage). Mais les stars, elles, souvent invitées par leurs maisons de production, "ne donnent jamais rien".

Ce métier, c'est "surtout bien pour les contacts humains", assure Djamila, même si "depuis cinq-dix ans, ce ne sont plus des gens de la haute société, ils sont moins éduqués". Certaines rencontres restent cependant gravées dans sa mémoire, comme celles avec Monica Bellucci ou Tim Burton, deux clients vraiment "très simples et très sympas".

Le métier de femme de chambre réserve aussi parfois quelques surprises, comme ce jour où elle est tombée sur un client russe qui avait étalé sur son lit des billets de 500 euros. Ou cette autre où elle avait dû appeler la gouvernante d'étage car une riche cliente russe avait négligemment laissé sur un meuble sa rivière de diamants.

Après l'"affaire DSK", certains clients lui ont demandé si elle avait "déjà eu affaire à ce genre de clients". "Heureusement non", souffle Djamila, "mais certaines collègues ont eu des avances qu'elles ont repoussées. Moi je garde toujours mes distances et de toutes façons, quand on a des clients un peu spéciaux, on nous le signale au briefing du matin".

cal/pjl/bg

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