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Mondial-2014 - La corruption, pire adversaire du football asiatique

Mondial-2014 - La corruption, pire adversaire du football asiatique

Le football asiatique progresse peu à peu sur la très exigeante échelle mondiale, mais ne gagnera pas une Coupe du monde tant qu'il ne s'attaquera pas aux ravages de la corruption et des matches achetés, estiment les analystes.

Si un palmarès sportif se rapportait systématiquement à la population d'un territoire ou à l'engouement populaire pour une discipline, l'Asie où vit les deux tiers de l'humanité serait au pinacle du foot. Mais les milliards de dollars qui y sont investis dans l'achat de droits de retransmission ou de produits dérivés ne se traduisent nullement par l'essor des championnats nationaux.

Le Japon est le principal espoir du continent au Mondial brésilien. Pourtant, rares sont ceux qui croient aux chances du Onze nippon, moins encore à celles des autres équipes asiatiques qualifiées. Peu parient sur les performances de l'Asie en Russie en 2018, guère plus au Qatar en 2022.

"Je pense que le football asiatique a progressé, mais la question est +a-t-il progressé assez vite par rapport à d'autres régions du monde pour permettre à un pays asiatique de gagner la Coupe du monde dans huit ans ?+ Je n'en suis pas convaincu", affirme Andy Jackson du magazine spécialisé FourFourTwo.

Quand, à la surprise générale, la Corée du Sud, co-organistrice avec le Japon du Mondial-2002, a atteint les demi-finales, certains ont vu un tournant. Mais depuis, rien -ou presque- n'a changé.

En 2006, seule l'Australie a passé la phase des poules (éliminée en huitième de finale face à l'Italie). En 2010, le Japon et la Corée du Sud s'étaient qualifiés pour le deuxième tour. Aujourd'hui, l'Iran est la nation asiatique la mieux classée au classement Fifa (37e) et est, avec le Japon (47e), le seul pays de la région dans le top 50 mondial.

L'Asie ne manque pas de talents, à l'image du Sud-Coréen Park Ji-Sung ou des Japonais Shinji Kagawa, Keisuke Honda et Uya Nagatomo, qui évoluent dans les clubs européens.

Mais la corruption reste monnaie courante dans de nombreux pays du continent. Les clubs sont négligés, le public boude les stades, le staff est mal payé. Joueurs, encadrement et officiels sont condamnés à échanger des enveloppes dans les vestiaires.

"Les soupçons constants de matches achetés et de corruption n'arrangent rien évidemment, mais c'est surtout le manque d'investissement financier dans les championnats locaux qui empêche de promouvoir de jeunes talents et de convaincre leurs parents que le football est une carrière d'avenir", analyse le chroniqueur Neil Humphreys.

Le Japon s'est assuré son rang grâce à une "combinaison de facteurs" passant notamment par une "vision et un investissement à long-terme dans l'entraînement des jeunes et le développement technique, la construction d'un championnat solide et durable. Et ce, sans empêcher les joueurs les plus talentueux de tenter l'aventure dans les meilleurs championnats étrangers", résume Andy Jackson.

A l'inverse en Chine, pays le plus peuplé du monde, la corruption freine le développement des clubs et de la formation. La Chine n'a atteint qu'une seule fois la phase finale d'une Coupe du Monde, en 2002, mais n'y a pas inscrit un seul but ni même marqué le moindre point.

"Pour qu'une équipe asiatique gagne au Qatar en 2022, un changement d'état d'esprit du sommet vers la base -- des gouvernements vers les parents -- est indispensable", avance Neil Humphreys. Pour ce faire, "il faut une éradication systématique, profonde, de la corruption".

Le patron de la Fifa Sepp Blatter a plaidé pour une augmentation des places qualificatives pour l'Asie-Pacifique en rappelant que la région assurait la moitié du budget de la Fédération internationale. L'Asie bénéficie actuellement de quatre places automatiques, plus une en barrages. L'Europe a droit à 13 tickets alors qu'elle ne contribue qu'à hauteur de 20% des revenus de la Fifa.

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