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Le bilan de l'accident minier en Turquie ne cesse de s'alourdir: 238 morts, 120 mineurs sous terre

Le bilan de l'accident minier en Turquie ne cesse de s'alourdir: 238 morts, 120 mineurs sous terre

Le bilan de l'explosion dans une mine en Turquie ne cessait de s'alourdir mercredi, à 238 morts en fin d'après-midi, tandis que les espoirs s'amenuisaient plus de 24 heures après le drame pour retrouver vivants environ 120 mineurs coincés sous terre.

"Le nombre de personnes qui ont perdu la vie est de 238", a déclaré le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan devant la presse après s'être rendu sur les lieux de l'explosion, à Soma (ouest, province de Manisa), évoquant une "enquête approfondie", sur les causes de l'accident, l'une des pires catastrophes industrielles qu'ait connue la Turquie.

Le chef du gouvernement turc a estimé à environ 120 le nombre de mineurs toujours coincés sous terre et pour lesquels les espoirs de sortir vivant sont minimes, selon les autorités.

"Nous ne sommes pas surs à 100% mais il y a environ 120 mineurs en bas", a répondu M. Erdogan à une question d'un journaliste sur le nombre des mineurs coincés dans les galeries de la mine de charbon.

Tout en promettant de faire toute la lumière sur cet accident, l'une des pires qu'ait connu l'industrie minière turque, M. Erdogan a rejeté toute responsabilité de son gouvernement, au pouvoir depuis 2002 et accusé de négligence dans ce drame, affirmant "que les accidents au travail arrivent partout dans le monde".

Trois jours de deuil national ont été décrétés.

787 employés se trouvaient dans la mine au moment de l'explosion mardi après-midi, selon les autorités et 363 ont été sauvés .

Le gouvernement est sous le feu des critiques pour une éventuelle négligence tandis que des dirigeants syndicalistes ont appelé les ministres du Travail et de l'Energie à démissionner.

Selon les médias locaux, trois semaines auparavant, le parlement a refusé de former une commission pour faire un état des lieux sur la sécurité des mines en Turquie. Les trois partis d'opposition ont introduit des propositions qui ont été toutes refusées par l'AKP, le parti majoritaire de la justice et du développement.

Lors de son intervention devant les médias à la mairie de Soma, M. Erdogan a balayé les critiques, sermonnant un journaliste de "ne pas être au courant des accidents de mine" et de donner des exemples d'accidents survenus au 20e siècle dans plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne.

Des habitants de la ville ont hué M. Erdogan à sa sortie, criant "gouvernement démission", selon l'agence de presse Dogan.

Le ministère du Travail a, quant à lui, publié un communiqué dans lequel il affirme que la mine de Soma a été contrôlée en mars et qu'aucune contrariété aux réglementations en vigueur n'a été relevée

Le bureau du procureur régional a lancé mercredi une enquête judiciaire sur cet accident.

L'accident a provoqué une nouvelle poussée de fièvre anti-gouvernementale avec plusieurs manifestations.

La police anti-émeutes a dispersé avec des grenades lacrymogènes une manifestation d'étudiants à Ankara qui conspuaient le gouvernement de M. Erdogan et d'autres manifestation sporadiques ont été organisées dans les grandes villes, notamment Istanbul.

Dans cette ville la police a également dispersé une manifestation d'une cinquantaine de personnes près de la place emblématique de Taksim.

Le régime turc a été la cible d'une fronde inédite l'été dernier pendant laquelle des millions de personnes sont descendues dans les rues à travers le pays pour dénoncer son "autoritarisme" et sa "dérive islamiste".

Plus de 80 personnes ont été blessées dans le drame, dont quatre grièvement.

A Soma mercredi, des équipes de secouristes continuaient à travailler sur le site, tenant les journalistes et les badauds à une certaines distance de la zone.

Le ballet des ambulances a repris dès le petit jour autour du puits.

Sur un mobile home, des agents de l'AFAD, l'agence turque en charge des situations d'urgence, ont affiché de longues listes portant les noms de blessés, avec leur lieu d'hospitalisation. Bahar Galici la parcourt longuement puis se retourne. "Toujours rien", soupire la jeune femme.

Hasan Celik, mineur, travaille dans le puits accidenté mais était de repos mardi: "En ce moment il y a dix, quinze personnes qui sont en cours de remontée et les volontaires essaient d'en sortir d'autres".

Mais l'attente est insupportable pour les proches des mineurs.

"J'ai des parents à l'intérieur, notamment mon petit-fils, le fils de ma soeur. Je suis là depuis 16h hier après-midi. Les trois travaillaient dans le même puits", explique Cemile Dag, une femme d'une cinquantaine d'années.

Selon les premiers témoignages, l'explosion a apparemment été provoquée par un transformateur électrique.

Les explosions dans les mines sont fréquentes en Turquie, en particulier dans celles du secteur privé où, souvent, les consignes de sécurité ne sont pas respectées.

L'accident le plus grave est survenu en 1992 quand 263 mineurs ont été tués dans une explosion de gaz dans la mine de Zonguldak (nord).

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