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Nucléaire iranien : les négociateurs s'attellent à la rédaction de l'accord

Nucléaire iranien : les négociateurs s'attellent à la rédaction de l'accord

Les négociations sur le programme nucléaire iranien entrent mardi à Vienne dans une nouvelle phase, non moins délicate que les précédentes : les grandes puissances et Téhéran vont commencer la rédaction d'un accord final.

Le diable a toutes les chances de se trouver dans les détails de ce texte, censé mettre fin à une controverse qui crée des tensions dangereuses et empoisonne les relations internationales depuis dix ans.

L'objectif des négociateurs du "5+1" (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) et de ceux de la République islamique est que l'Iran rassure durablement le reste du monde sur le caractère uniquement pacifique de son programme nucléaire, et qu'en échange, les sanctions internationales qui étranglent son économie soient levées.

Les trois premières sessions de discussion, fruits d'un accord temporaire conclu à Genève à l'automne dernier, ont débouché sur un optimisme prudent.

L'Iran n'acceptera pas l'"apartheid nucléaire" en renonçant à son programme atomique, mais est prêt à "plus de transparence", a redit dimanche le président Hassan Rohani.

Mohammad Javad Zarif, le ministre des Affaires étrangères de la République islamique, estimait après la dernière réunion à Vienne en avril que la moitié environ des points délicats avaient été résolus.

L'un des principaux sujets d'inquiétude, le réacteur à eau lourde d'Arak, semble ainsi avoir été réglé.

Cet équipement, situé à 240 km au sud-ouest de Téhéran, pourrait en théorie fournir à l'Iran du plutonium susceptible d'offrir une alternative pour la fabrication d'une bombe atomique. Téhéran affirme que ce réacteur de 40 mégawatts, dont la construction est surveillée par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), n'a qu'un objectif, la recherche, notamment médicale.

Téhéran a proposé de modifier la conception du réacteur pour limiter le plutonium qui sera produit.

D'autre part, les experts techniques de l'AIEA constatent, mois après mois, que Téhéran respecte à la lettre ses engagements pris à Genève.

Le 17 avril, l'agence spécialisée de l'ONU évaluait ainsi que l'Iran avait réduit de 75% son stock d'uranium enrichi à 20%.

En se félicitant des dernières négociations à Vienne, M. Zarif notait aussi que "la partie difficile" commençait vraiment, et que l'accord espéré pourrait être "torpillé" même si "2% des sujets discutés" ne faisaient pas l'objet d'un accord.

Celui-ci promet d'être extrêmement complexe - un négociateur américain a comparé tout le processus à "un Rubik's Cube".

Parmi les étapes restant à franchir figurent les capacités d'enrichissement d'uranium qui seront autorisées à l'Iran après une éventuelle entente, et notamment le nombre de centrifugeuses rapides de nouvelle génération que le pays pourrait continuer d'utiliser.

Les grandes puissances sont également préoccupées par les travaux de Téhéran sur les missiles balistiques, qui pourraient être capables d'emporter des charges nucléaires.

Tout accord intervenant autour du 20 juillet -la date-butoir initialement convenue, mais qui peut être prolongée de six mois - devra contenter non seulement ceux qui l'auront négocié, mais aussi les sceptiques qui restent nombreux au Congrès américain, au gouvernement israélien et en Iran même.

A Téhéran, les conservateurs sont déterminés à saper le soutien déjà modeste dont bénéficie le président modéré Hassan Rohani dans ses efforts de négociation, explique à l'AFP Siavosh Randjbar-Daemi, un professeur iranien de l'université britannique de Manchester.

Le ministre "Zarif et son équipe sont en fâcheuse posture", dit l'expert : "Il faut vraiment qu'ils commencent à montrer des résultats tangibles, et à désigner clairement comment les sanctions pourront être levées".

L'unité des grandes puissances, quant à elle, paraît bien résister au brusque coup de froid que la crise ukrainienne suscite entre La Russie et les Occidentaux.

A cela une raison simple, selon Kelsey Davenport : "Un Iran possédant l'arme nucléaire n'est pas dans l'intérêt de la Russie", résume cette analyste de l'Arms Control Association. Et "Washington et Moscou ne peuvent laisser leur différend interférer avec la quête d'un accord nucléaire".

stu/cs/jr/sym

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