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Le populiste néerlandais Geert Wilders à l'abordage "du monstre de Bruxelles"

Le populiste néerlandais Geert Wilders à l'abordage "du monstre de Bruxelles"

Geert Wilders, le chef de file populiste célèbre pour ses saillies anti-Islam, est dans le peloton de tête aux Pays-Bas dans la course aux élections européennes à la fin du mois, espérant détruire de l'intérieur ce qu'il surnomme "le monstre de Bruxelles".

Malgré des critiques sans précédent après qu'il eut appelé récemment à ce qu'il y ait "moins de Marocains" dans le pays, son Parti pour la liberté (PVV) devrait gagner de l'influence lors de ce vote, en rejoignant un groupement paneuropéen de populistes et de partis d'extrême-droite.

Le politicien aux cheveux peroxydés avait annoncé en novembre "le début de la libération de l'Europe" des griffes de l'UE après avoir formé un partenariat avec le Front national (FN) français.

Comme la chef de file du FN, Marine Le Pen, Geert Wilders désire que son pays quitte l'UE et abandonne l'euro.

"Il veut faire partie d'un mouvement plus large, il veut plus d'influence au parlement européen", assure à l'AFP Adriaan Schout, chercheur à l'institut Clingendael, spécialiste des relations internationales.

Selon les estimations du dernier sondage en date d'Ipsos, le PVV remporterait à peu près le même nombre de sièges que les libéraux du VVD, actuellement au pouvoir, et que le parti pro-européen D66.

La campagne de cet homme toujours coiffé avec soin, basée exclusivement sur des rhétoriques anti-Islam, anti-immigration et anti-Bruxelles, a néanmoins connu quelques difficultés ces derniers mois.

A la suite d'élections municipales, Geert Wilders avait harangué ses partisans, leur demandant s'ils voulaient "plus ou moins de Marocains dans votre ville et aux Pays-Bas".

"Moins! Moins! Moins!", avaient scandé les partisans, ce à quoi Geert Wilders avait répondu : "nous allons nous en charger".

Ces déclarations avaient provoqué un véritable exode au sein du PVV, la chef de file du groupe au sein du parlement européen, Laurence Stassen, abandonnant également le navire.

"C'était le point de non retour pour les gens sérieux au sein du PVV, et une bonne raison de partir", assure M. Schout.

Malgré le fait que des milliers de plaintes pour racisme aient été déposées à l'encontre de M. Wilders, ses tirades anti-Bruxelles pourraient toujours séduire les nombreux déçus des budgets d'austérité, dont l'Union Européenne est souvent dénoncée comme responsable.

Alors qu'il donne de nombreuses interviews, où il accuse l'UE d'être responsable de la crise en Ukraine, Geert Wilders est accusé d'opportunisme dans son propre jardin.

Le centre néerlandais pour l'information et la documentation sur Israël, le CIDI, qui était historiquement favorable à M. Wilders, virulent défendeur d'Israël, a déclaré récemment que celui-ci "trahissait ses principes" en coopérant avec Marine Le Pen.

"Wilders avait toujours dit qu'il ne collaborerait pas avec l'extrême droite et maintenant, c'est le cas", a déclaré aux médias néerlandais la directrice du CIDI, Esther Voet. "Il a ouvert un nouveau chapitre et c'est inquiétant".

Les eurosceptiques scandinaves et le parti britannique europhobe Ukip ont déjà annoncé qu'ils ne travailleraient pas avec le député néerlandais à cause de cette association.

Afin de former un véritable bloc d'extrême-droite au sein du parlement, Marine Le Pen et Geert Wilders doivent trouver des hommes politiques aux idées semblables dans au moins un quart des 28 pays membres et disposer de 25 membres élus au parlement, sur les 751 disponibles.

Jusqu'à présent seraient à bord la Ligue Nord italienne, le FPO autrichien, le Vlaams Belang belge, le SNS slovaque et les démocrates suédois.

S'ils atteignent leur but, ils disposeraient de subsides, de bureaux, de sièges dans les commissions et de temps de parole, proportionnellement à leur nombre de sièges.

Mais la coopération des extrêmes pourrait se révéler pleine d'écueils pour Geert Wilders, assure un professeur de relations internationales à l'université de Géorgie, Cas Mudde.

"Sur le long-terme, il pourrait être tenu responsable des actions de ses frères et soeurs d'extrême droite à travers l'Europe", a-t-il assuré à l'AFP.

Même en cas de victoire, l'implication directe du député dans la politique européenne sera limitée.

"Indirectement, il aura un impact beaucoup plus important", assure le politologue André Krouwel, évoquant notamment la capacité du député à créer doute et divisions au sein de plus grands partis.

"Il utilise cela au niveau national, c'est très probable qu'il utilise également cela au niveau européen".

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