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La menace russe plane sur l'élection présidentielle en Lituanie

La menace russe plane sur l'élection présidentielle en Lituanie

Les Lituaniens s'apprêtent à voter dimanche à la présidentielle, inquiets de la crise ukrainienne alors que Moscou multiplie les exercices militaires et vient de suspendre les inspections dans l'enclave russe de Kaliningrad.

La présidente lituanienne sortante Dalia Grybauskaite, à la réputation de "dame de fer", est donnée gagnante pour un second mandat à la tête de cette ex-république soviétique, préoccupée par le regain d'intérêt de la Russie pour son ancienne sphère d'influence.

Elvyra Vaicaityte, une étudiante lituanienne de 23 ans qui habite à un jet de pierre de la frontière avec Kaliningrad, se dit effrayée par les récents exercices militaires menés dans l'enclave russe.

"Je peux entendre les explosions pendant les exercices et les fenêtres tremblent souvent", dit-elle à l'AFP.

"Je ne me sens pas vraiment en sécurité. On n'en parle pas beaucoup en famille ou avec les amis, mais à l'université, plusieurs de nos enseignants ont carrément peur", ajoute-t-elle.

D'autant que la Russie a suspendu récemment un accord datant de 2001 qui permettait notamment à la Lituanie d'envoyer chaque année des inspecteurs militaires dans l'enclave russe de Kaliningrad.

Les agissements de Moscou mettent à rude épreuve les nerfs de la Lituanie et des deux autres pays baltes, la Lettonie et l'Estonie, qui ont été occupés et annexés par la Russie soviétique pendant la Deuxième guerre mondiale.

Pour Remigijus Paslauskas, 44 ans, qui habite à Vilkaviskis, à une vingtaine de km de la frontière avec Kaliningrad, la suspension des inspections militaires est un "signe d'arrogance" de Moscou.

"La Russie nous montre qu'elle est puissante et que nous sommes petits. Je pense que la menace russe a augmenté. Dieu seul sait ce qui va se passer", dit-il à l'AFP dans une petite rue tranquille de cette bourgade de 11.000 habitants.

"Ma tante, qui a 90 ans, a été déportée en Sibérie par les Soviétiques, et elle est persuadée qu'il va arriver quelque chose", lâche-t-il sur un ton grave.

La Lituanie a été la première des républiques soviétiques à rompre avec Moscou lors de l'éclatement du bloc communiste en 1990 et a rejoint l'Otan et l'Union Européenne en 2004.

Les pays baltes ont depuis multiplié les avertissements concernant le renforcement du potentiel militaire russe et les actions de Moscou en Ukraine.

"La Russie est devenue plus puissante et plus dangereuse", résume Rita, une retraitée de 65 ans qui préfère ne pas donner son nom de famille.

Un avis que ne partage toutefois pas Loreta Paskauskiene, une professeure de musique qui se rend souvent de l'autre côté de la frontière pour y rencontrer des collègues russes.

"Personnellement, je ne sens aucune menace. Je ne pense pas que la Russie puisse viser les Etats baltes", dit-elle à l'AFP.

"La suspension de l'accord d'inspection n'est qu'une mesure d'intimidation du (président Vladimir) Poutine", affirme-t-elle, debout devant une église démolie par les Soviétiques et reconstruite par la Lituanie redevenue indépendante.

L'Otan et les Etats-Unis ont envoyé dans la région des avions de combat supplémentaires, des navires et des soldats pour rassurer leurs alliés baltes.

La présidente Dalia Grybauskaite, qui n'est affiliée à aucun parti et caracole en tête des sondages pour l'élection de dimanche, a multiplié au cours de sa campagne les critiques contre la Russie, dénonçant ses "ambitions impériales".

Un tournant important par rapport à sa précédente campagne il y a cinq ans, quand elle avait souhaité, au contraire, atténuer la fermeté du discours de Vilnius concernant Moscou.

"Elle était sceptique sur les Etats-Unis et cherchait à améliorer les relations avec la Russie au début de son mandat. Mais ça a changé au cours des dernières années", commente Kestutis Girnius de l'Université de Vilnius.

"Depuis quelques années, elle a compris que la Russie ne sera amicale qu'à ses propres conditions et elle est maintenant très méfiante vis-à-vis de la Russie", explique-t-il à l'AFP.

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