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A Homs, Hoda n'a retrouvé que des gravats et une tasse à café

A Homs, Hoda n'a retrouvé que des gravats et une tasse à café

Hoda n'a retrouvé qu'une tasse de son service à café dans les gravats. Comme elle, des centaines d'habitants se sont rués dans le centre de Homs, après le départ des derniers rebelles, pour inspecter leurs maisons abandonnées il y a deux ans.

A Hamidiyé, un quartier à majorité chrétienne, Hoda Naamo, 45 ans, a enjambé avec son mari les gravats, cherchant en vain sa maison et ne pouvant pas croire que la guerre l'avait emportée.

"Il ne reste plus rien. Je n'ai retrouvé, ni toit, ni murs. Dans les décombres, j'ai découvert une tasse à café que j'emporte avec moi comme souvenir", dit-elle, effondrée.

En ce vendredi, qui coïncide avec le début du week-end dans les pays musulmans, hommes, femmes, enfants sont venus en famille, impatients de voir ce qu'il restait des logements qu'ils avaient dû fuir il y a deux ans, au plus fort des combats entre rebelles et armée.

Rien n'a été épargné par les obus et la mitraille qui furent le lot quotidien du centre-ville que les insurgés ont défendu becs et ongles, avant de partir, exsangues. Au total, près de 2.000 personnes, en majorité des rebelles, ont quitté cette semaine le secteur à l'issue d'un accord inédit avec le régime, et l'armée a pu y entrer.

La célèbre église de la Ceinture de la Vierge est méconnaissable. A l'intérieur, les murs sont noircis par le feu, les lustres sont à terre, les icônes et les tableaux ont disparu à l'exception d'une image du Christ. Le parvis de cette église syriaque catholique, où selon la légende une ceinture de la Vierge avait été retrouvée, est jonché de blocs de pierre.

La plupart des arrivants sont frappés de stupeur devant l'ampleur des destructions et certains ont des larmes aux yeux. "J'avais vu sur Facebook que mon appartement avait été ravagé mais je voulais le voir de mes propres yeux", confie Jacqueline Fawaz, 35 ans.

Les équipes d'ingénierie et de déminage de l'armée ont entamé les travaux de ratissage et de démantèlement des bombes, selon le gouverneur de Homs, Talal al-Barazi.

"Tout est détruit chez moi. Je suis allée à la maison de mes beaux-parents et il ne reste que quelques objets intacts", affirme Wafa, qui vit actuellement avec ses quatre enfants dans un deux pièces à Feyrouzeh, localité chrétienne près de Homs.

Dans le quartier de Hamidiyé, aujourd'hui désert, les vitrines des magasins ont explosé, les volets et les murs des immeubles sont criblés de balles et certaines rues sont obstruées par d'énormes remblais de sable.

Dans la rue principale, deux tanks gisent incendiés, à côté de la ferraille rouillée et des pancartes détruites.

Outre Hamidiyé, le gouverneur a autorisé le retour des habitants des quartiers de Boustane al-Diwane, Bab Houd et Warché, dans le centre de la ville. Mais aujourd'hui, il s'agit d'une simple prise de contact car aucun des habitants ne peut réintégrer son domicile.

Il faudra des semaines avant que l'électricité, l'eau et les services élémentaires ne fonctionnent et M. Barazi a invité les habitants à constituer des "comités de quartier" pour relancer les services publics.

"J'ai tellement rêvé de me promener dans Hamidiyé mais ce que je vois est très douloureux. Les logements sont dans un état pitoyable mais cela reste néanmoins nos maisons. J'ai pu récupérer quelques affaires qui appartiennent à mes enfants (...) Des souvenirs", confie une habitante d'une quarantaine d'années.

Émergeant comme des fantômes de leur maison épargnée, Aymane et sa soeur Zeina, pharmacienne, sont des miraculés: rien n'a pu les faire partir, même lors de l'évacuation de 1.400 civils en février.

La cinquantaine, le visage émacié, il a perdu 25 kg et elle 18 kg.

"Ce n'était pas à nous de partir mais aux autres habitants de rentrer. C'est le cas aujourd'hui", dit cet homme qui est resté contre vents et marées avec 27 autres civils durant les 700 jours de siège.

rim/sk/ram/vl

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