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La Première ministre limogée, quel scénario pour la crise en Thaïlande?

La Première ministre limogée, quel scénario pour la crise en Thaïlande?

Au lendemain du limogeage de la Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra, Bangkok est entré dans une zone grise, avec plusieurs scénarios possibles, du coup d'Etat à l'improbable compromis.

Pour l'heure, seule la Première ministre Yingluck Shinawatra est tombée en raison des procédures judiciaires lancées par l'opposition.

Le Sénat pourrait bientôt la déclarer inéligible pour cinq ans, l'empêchant d'être tête de liste pour son parti aux législatives du 20 juillet.

Mais pour l'heure, au lendemain de ce limogeage, rien n'indique que les lignes aient fondamentalement bougé.

Les manifestants des deux bords promettent de redescendre en masse dans la rue, vendredi pour l'opposition, samedi pour les partisans du pouvoir. Comme ils le font depuis des mois.

"Jeu d'usure" auquel le plus résilient des deux bords gagnera, selon le politologue Paul Chambers, prédisant un scénario au final gagnant pour l'opposition.

Si la situation devenait trop chaotique, en raison de violences lors des manifestations par exemple, l'armée pourrait se retrouver contrainte à intervenir.

Cela n'aurait rien de surprenant, dans cette monarchie constitutionnelle à l'Histoire émaillée de coups d'Etat (18 réussis ou tentés depuis 1932).

Mais l'armée a refusé jusqu'ici de se laisser entraîner sur cette pente, même quand les manifestants semaient le chaos ces derniers mois en occupant ministères et bâtiments publics.

Néanmoins, le puissant chef de l'armée de terre, Prayuth Chan-O-Cha, a régulièrement joué les sphynx, affirmant notamment que la porte restait "ouverte" à un coup d'Etat.

Jatuporn Prompan, le chef de file des Chemises rouges pro-gouvernementales, redoute qu'un coup d'Etat soit "finalement inévitable".

Jusqu'ici, le roi Bhumibol Adulyadej, clef de voûte de cette monarchie constitutionnelle en crise, n'a pas donné de signes encourageant tel ou tel scénario.

Selon les analystes, toute la crise politique en Thaïlande tourne autour de la question taboue de sa succession, alors que le monarque est âgé de 86 ans.

L'opposition et le parti Puea Thai au pouvoir parviendraient à un accord sur la nomination d'un "Premier ministre neutre", n'appartenant à aucun des deux bords ennemis.

Le Premier ministre par intérim actuel pourrait ainsi "démissionner dans le cadre d'un compromis avec les élites, en préparation de réformes avant les élections", comme l'exigent les manifestants, envisage ainsi Paul Chambers.

Les analystes thaïlandais tentent de deviner depuis des semaines qui pourrait endosser ce rôle, sans succès jusqu'ici.

Mais c'est le scénario le moins plausible tant les crispations sont fortes entre les deux tendances politiques, qui soit adorent soit détestent l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, frère de Yingluck, renversé par un coup d'Etat en 2006.

Les manifestants ne démordent pas de leur exigence de remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu, avec ce Premier ministre neutre à sa tête.

Et leur volonté de report sine des élections suscite toutes les inquiétudes, notamment au sein du Puea Thai. Celui-ci insiste sur l'organisation de législatives le 20 juillet, mais le parti Démocrate, qui a déjà boycotté les législatives de février, refuse d'y participer.

"Nous devons comprendre que nous avons besoin d'arriver à un compromis. Afin de préserver ses acquis, l'establishment doit faire des concessions. De l'autre côté, les Chemises rouges doivent comprendre que Thaksin n'est pas une solution pour la Thaïlande. S'ils réussissent à comprendre ça, on pourra avancer", estime le politologue thaïlandais Thitinan Pongsudhirak, de l'université Chulalongkorn de Bangkok.

dth/ros

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