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Irak: 26 ans après, le gazage de Halabja ancré dans les mémoires

Irak: 26 ans après, le gazage de Halabja ancré dans les mémoires

Depuis des années, Umed Rachid, 40 ans, est guide au monument érigé à la mémoire des 5.000 victimes du bombardement au gaz toxique d'Halabja, dans le Kurdistan irakien en 1988, au cours duquel il a perdu sa famille.

Le 16 mars, à 11H35 (08H35 GMT), des avions de combat de l'armée irakienne de Saddam Hussein avaient commencé à survoler la zone située non loin de la frontière iranienne et, pendant cinq heures, avaient lâché des gaz toxiques au cours de ce qu'on estime être la pire attaque au gaz contre une population civile.

"En dépit de toute la douleur que j'éprouve en faisant ce travail, je veux rester travailler ici, pour raconter ce qui s'est passé à Halabja et comment j'ai perdu ma famille", explique Umed.

En 1988, alors que la guerre contre l'Iran tirait à sa fin, les combattants kurdes, soutenus par l'Iran, avaient pris le contrôle de Halabja, dans les montagnes du Kurdistan.

L'armée irakienne avait riposté en pilonnant la localité, forçant les combattants kurdes à se replier vers les collines alentours, laissant derrière eux femmes et enfants.

Quelque 5.000 personnes avaient été tuées, pour la plupart des femmes et des enfants. Nombre de survivants continuent de souffrir des séquelles de l'attaque aux gaz toxiques.

Adolescent à l'époque, Umed se souvient de sa famille tentant de fuir dans un pick-up pour trouver un abri quand l'attaque chimique a commencé.

Il est seul à avoir survécu. Sur le chemin de l'abri, tous les membres de sa famille sont mort asphyxiés dans le camion. Sur une photo, on voit le véhicule transportant environ 25 personnes, dont les proches de M. Rachid, arrêté sur la route, le chauffeur affaissé sur le volant.

"Quand nous avons fui Halabja, nous avons vu de nombreux martyrs gisant dans les rues mais nous ne pouvions rien faire pour leur venir en aide car nous étions nous mêmes déjà touchés par l'attaque chimique", explique-t-il.

Umed Rachid raconte que lui même était tombé dans le coma. Les secouristes avaient même pensé qu'il était mort et l'avaient mis dans un cercueil.

Considéré comme le commanditaire de ce massacre, le général Ali Hassan al-Majid, dit "Ali le chimique", cousin et homme de main de Saddam Hussein, a été pendu le 25 janvier 2010.

Condamné quatre fois à mort, dont une fois pour le massacre d'Halabja, il n'a jamais exprimé aucun remord affirmant avoir agi pour la sécurité de l'Irak.

Le gouvernement irakien avait remis aux autorités locales de Halabja la corde ayant servi à la pendaison d'"Ali le chimique", à l'occasion des commémorations de l'attaque en 2012. L'an dernier Halabja a marqué le 25e anniversaire du massacre.

Le souvenir de l'attaque est revenu hanter les habitants de cette petite ville kurde l'an dernier après qu'en Syrie voisine le président Bachar al-Assad a été accusé d'avoir utilisé des armes chimiques près de Damas ayant fait plusieurs centaines de morts.

"En regardant la télévision et en voyant ce qui s'était passé en Syrie, je me suis mis à pleurer", se souvient M. Rachid. "J'ai revu mes parents, mes soeurs et mes frères, morts".

Plutôt que de tenter d'oublier le massacre, la population d'Halabja a choisi de le commémorer ouvertement.

Sur le site où travaille M. Rachid, au bout de la ville, les visiteurs sont guidés vers un petit couloir où les murs sont tapissés de photos de l'attaque et des objets, des bijoux entre autres, ayant appartenu aux victimes sont exposés.

"C'est un honneur pour moi de travailler ici, de raconter aux gens ce qu'a été cette tragédie, pour les générations futures", explique le guide.

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