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Les Sud-Africains votent dans un climat social tendu

Les Sud-Africains votent dans un climat social tendu

Les Sud-Africains votaient mercredi pour les élections législatives. Au pouvoir depuis la victoire historique de Nelson Mandela en 1994, l'ANC en est le grand favori, même si son autorité est contestée par des émeutes quasi quotidiennes dans les quartiers pauvres du pays.

Ouverts à 07H00 (05H00 GMT), les 22.263 bureaux de vote doivent fermer leurs portes à 21H00 (GMT). Quelques incidents mineurs ont été signalés par les médias locaux, absence d'urne ou agents électoraux portant des tee-shirts du parti dominant.

Plus de 25,3 millions d'électeurs doivent élire 400 députés, qui eux-mêmes désigneront le prochain chef de l'Etat le 21 mai. A 72 ans, le président Jacob Zuma devrait être reconduit pour un second mandat de cinq ans.

La campagne électorale a été émaillée de nombreux incidents dans les bidonvilles et les quartiers les plus pauvres, de nombreuses manifestations tournant régulièrement à l'émeute.

Il s'agit le plus souvent de protester contre la mauvaise qualité ou l'absence des services publics --dont la distribution d'eau et d'électricité--, ou contre la corruption des élus locaux. Ou tout simplement de demander des emplois.

L'un des points chauds est Bekkersdal, un township du sud-ouest de Johannesburg, agité par de violentes manifestations depuis plusieurs mois. Malgré le déploiement de l'armée, deux tentes de la commission électorale y ont été incendiées mardi soir.

Le vote a quand même pu commencer à l'heure mercredi matin, de nouvelles tentes ayant été érigées à la hâte au petit jour.

"Je suis ici pour voter pour mon avenir. Je m'en fiche, de ce qui s'est passé ici hier (mardi soir). Je ne vais pas les laisser m'empêcher" de voter, témoigne Nosihle Zikalala, devant ce bureau de vote improvisé où dansaient des électrices en brandissant leur carte d'identité.

A Soweto, à 300 mètres à peine de l'ancienne maison de Nelson Mandela devenue musée, une vingtaine de personnes --plutôt âgées-- faisaient déjà la queue une demi-heure avant l'ouverture du bureau de vote.

"Je vais voter pour l'ANC malgré leurs erreurs. Je suis fier de l'ANC, ils ont fait beaucoup pour nous et il faut leur donner une chance d'avancer, de créer des emplois", dit fièrement Benedict Molefe Tuge, un employé de restaurant de 48 ans, père célibataire de deux enfants.

"J'ai voté pour l'ANC. Pour qui donc peut-on voter?", renchérit Anna Mgulwa, 74 ans, dont le défunt mari était un neveu de Mandela. "L'ANC a amélioré le sort des gens. Il a en fait beaucoup, trop peut-être pour les gens. Je vote pour l'ANC, je mourrai pour l'ANC."

Tous les sondages prédisent un recul de l'ANC à un peu plus de 60%, contre 65,9% en 2009. Au profit notamment du parti d'opposition libérale DA (Alliance démocratique), crédité d'un peu plus de 20% des intentions de vote.

Tous les regards seront tournés aussi vers le score du nouveau parti populiste de Julius Malema, les Combattants pour la liberté économique (EFF). Il prône la nationalisation des banques et des mines, l'expropriation sans indemnisation des grands propriétaires terriens blancs, et une redistribution radicale des richesses.

Beaucoup de progrès ont été accomplis ces vingt dernières années. Mais l'Afrique du Sud post-apartheid est restée un pays profondément inégalitaire, où les Blancs gagnent en moyenne six fois plus que les Noirs, où ils sont moins frappés par le chômage (moins de 7% contre plus de 28%), où ils ont toujours un meilleur accès à une éducation qui reste déplorable pour la majorité.

Le premier quinquennat du président Zuma a été marqué par plusieurs scandales, le dernier en date étant la rénovation de sa résidence privée de Nkandla (est) aux frais du contribuable. Surtout, le chef de l'Etat a pour beaucoup du sang sur les mains depuis que sa police a ouvert le feu sur des grévistes à la mine de Marikana (nord) en août 2012, faisant 34 morts.

Craignant pour sa sécurité, Jacob Zuma a dû annuler fin avril un passage à Marikana, où les mineurs sont à nouveau en grève depuis fin janvier. Un bureau de l'ANC y a été incendié.

Mais pour de très nombreux Noirs sud-africains -- 80% de la population --, l'ANC reste le parti qui les a délivrés de l'apartheid. En vingt ans de pouvoir, le mouvement a aussi établi une solide base clientéliste.

Bien sûr, le parti dominant a récupéré l'image de son plus illustre militant Nelson Mandela, décédé en décembre. "Suivons ses pas", exhortent de vastes pages de publicité. "Faites le pour Madiba, votez ANC", demandent des affiches de l'allié communiste, appelant le héros national de son nom de clan.

bur-liu/cpb/de

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