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Les Sud-Africains aux urnes mercredi dans un climat social tendu

Les Sud-Africains aux urnes mercredi dans un climat social tendu

L'ANC a perdu de son prestige depuis la victoire de Nelson Mandela en 1994, et les manifestations violentes contre l'incurie des élus se sont multipliées ces dernières semaines, mais le parti au pouvoir en Afrique du Sud reste le grandissime favori des élections législatives de ce mercredi.

Plus de 25,3 millions de Sud-Africains sont appelés aux urnes pour élire 400 députés, qui eux-mêmes désigneront le prochain chef de l'Etat le 21 mai. A 72 ans, le président Jacob Zuma devrait être reconduit pour un second mandat de cinq ans.

"L'élection du 7 mai est l'une des plus disputées de ces 20 dernières années", notait cependant mardi la politologue Lizette Lancaster, de l'ISS (Institute for Security Studies), "et l'on s'attend à ce que l'ANC perde du terrain".

Les sondages prédisent un recul de l'ANC autour de 60%, contre 65,9% en 2009. Au profit notamment du parti d'opposition libérale DA (Alliance démocratique), crédité d'environ 20% des intentions de vote.

Tous les regards seront tournés aussi vers le score du parti populiste de Julius Malema, les Combattants de la liberté économique (EFF), nouveau venu dans le paysage politique. Il prône la nationalisation des banques et des mines, l'expropriation sans indemnisation des grands propriétaires terriens blancs, et une redistribution radicale des richesses.

Mardi, Malema s'est adressé à des mineurs en grève depuis fin janvier dans les mines de platine de Rustenburg (nord): "Si vous ne votez pas, vous allez aider l'ANC à rester au pouvoir. Demain, même si vous êtes en grève, vous devez aller travailler pour vous-même (en allant voter). L'avenir de ce pays est entre vos mains".

Jusqu'à la dernière minute, les responsables de la sécurité ont multiplié les appels au calme pour le jour du scrutin, alors que les manifestations violentes dans les bidonvilles et les quartiers pauvres se succèdent jour après jour dans le pays, essentiellement en banlieue de Johannesburg et du Cap.

Lundi, c'est le township de Gugulethu, près de Johannesburg, qui a été le théâtre d'émeutes. Mardi soir, à quelques heures de l'ouverture des bureaux de vote, c'est dans une autre banlieue de Johannesburg, à Bekkersdal, que des manifestants ont barricadé des routes en enflammé des pneus.

Ces accès de colère ont en général pour origine la mauvaise qualité des services municipaux, électricité et eau courante au premier chef, et la colère contre des élus corrompus.

Pourtant, beaucoup de progrès ont été accomplis ces vingt dernières années. 96% des ménages ont maintenant accès à l'eau potable contre 62% en 1994, 87% à l'électricité contre 58%, le taux de criminalité --effrayant-- a baissé, il y a moins de bidonvilles, une classe moyenne noire a émergé.

Mais l'Afrique du Sud post-apartheid est restée un pays profondément inégalitaire, où les Blancs gagnent en moyenne six fois plus que les Noirs, où ils sont moins frappés par le chômage (moins de 7% contre plus de 28%), où ils ont toujours un meilleur accès à une éducation qui reste déplorable pour la majorité.

Avec une croissance moyenne de 3,3% ces vingt dernières années --et beaucoup moins ces derniers temps--, l'Afrique du Sud est loin des 6 à 7% jugés nécessaires pour créer des emplois pour ses millions de chômeurs.

Même si le gouvernement Zuma a beaucoup fait pour déployer le plus grand programme de distribution d'antirétroviraux du monde, les errements de son prédécesseur Thabo Mbeki, qui niait le problème du sida, ont eu des effets dévastateurs durables. Alors qu'un Sud-Africain sur huit est séropositif, l'espérance de vie a baissé de 62 à 56 ans en vingt ans.

Le premier quinquennat du président Zuma a été marqué par plusieurs scandales, le dernier en date étant la rénovation de sa résidence privée de Nkandla (est) aux frais du contribuable. Surtout, le chef de l'Etat a pour beaucoup du sang sur les mains depuis que sa police a ouvert le feu sur des grévistes à la mine de Marikana (nord) en août 2012, faisant 34 morts.

Mais pour de très nombreux Noirs sud-africains --80% de la population--, l'ANC reste le parti qui les a délivrés de l'apartheid.

Le parti dominant a récupéré l'image de son plus illustre militant Nelson Mandela, décédé en décembre. "Suivons ses pas", exhortent de vastes pages de publicité. "Faites le pour Madiba, votez ANC", demandent des affiches de l'allié communiste, appelant le héros national de son nom de clan.

Les bureaux de vote seront ouverts mercredi de 07H00 à 21H00 (05H00 à 19H00 GMT).

liu/cpb/ob

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