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Pfizer veut s'emparer d'AstraZeneca et met près de 100 mds USD dans la balance

Pfizer veut s'emparer d'AstraZeneca et met près de 100 mds USD dans la balance

En pleine fièvre des fusions dans la pharmacie, le géant américain Pfizer veut mettre la main sur son concurrent britannique AstraZeneca, qui repousse ses avances en dépit des près de 100 milliards de dollars dans la balance.

Après des jours de spéculations, le numéro un mondial a confirmé noir sur blanc lundi matin qu'il voulait racheter le britannique et l'avait approché de nouveau samedi après le rejet d'une première offre en janvier.

Si une offre de Pfizer à près de 100 milliards de dollars se concrétisait, elle serait la plus grosse fusion jamais réalisée dans le secteur.

Conformément au code boursier britannique, le géant américain devra indiquer au plus tard le 26 mai à 17H00 heure de Londres (16H00 GMT) s'il compte faire une offre formelle.

Dans son communiqué, Pfizer indique avoir soumis le 5 janvier à AstraZeneca une offre indicative de 46,61 livres (56,59 euros) par titre, soit la bagatelle d'environ 58,8 milliards de livres (71,4 milliards d'euros, 98,7 milliards de dollars).

Une offre qui "sous-évaluait significativement AstraZeneca", a répondu dans un communiqué le britannique, qui avait rejeté cette proposition à l'époque après des discussions restées secrètes jusqu'aux premières fuites il y a un peu plus d'une semaine.

Revenant à la charge samedi, Pfizer s'est de nouveau heurté à la réticence du britannique.

AstraZeneca juge en effet qu'il n'était "pas approprié" d'entamer de nouvelles discussions en l'absence d'offre "spécifique et attractive" alors que l'américain lui demandait de publier un communiqué commun lundi matin pour annoncer l'ouverture de négociations.

Le britannique affirme en outre être très bien tout seul et affiche sa confiance dans la mise en oeuvre de sa stratégie en tant que "groupe indépendant".

Cette réponse du britannique ne refroidissait toutefois pas le marché et vers 10H45 GMT, le titre AstraZeneca s'envolait toujours de 15,41% à 4.708,8 pence, dans un marché en hausse de 0,25%.

Le patron d'AstraZeneca, le Français Pascal Soriot, avait déjà clairement affiché jeudi sa perplexité face aux "grandes fusions-acquisitions (...) souvent très perturbantes".

Pour Joshua Raymond de City Index, la "motivation" de Pfizer, qui est dans une démarché "hostile", est de "tenter de créer des frictions" au sein d'AstraZeneca afin de forcer le groupe à négocier.

Comme en janvier, Pfizer, qui assure vouloir la recommandation "unanime" du conseil d'administration d'AstraZeneca, envisage de faire une offre en actions et en numéraire comprenant une "prime significative".

"La combinaison de Pfizer et d'AstraZeneca pourrait accroître encore la capacité à créer de la valeur pour les actionnaires des deux groupes et amener un portefeuille étendu de traitements importants aux patients", a déclaré le PDG de Pfizer, Ian Read.

Si la fusion se concrétisait, le siège du nouvel ensemble serait à New York mais il serait coté à la Bourse de Londres.

En mettant la main sur AstraZeneca, Pfizer, confronté à une perte des brevets sur ses "blockbusters" dont son anti-cholestérol vedette Lipitor, se renforcerait notamment dans le créneau à fort potentiel de l'immuno-oncologie où le britannique a effectué des percées.

Pfizer lorgne également le médicament pour le coeur Brilinta et les traitements d'AstraZeneca contre le diabète ou les maladies respiratoires.

Mais selon certains observateurs, la volonté de l'américain d'utiliser d'énormes liquidités engrangées à l'étranger qu'il ne veut pas rapatrier aux États-Unis pour des raisons fiscales semble être la raison première de son intérêt pour une cible, dont le plan de restructuration commence à porter ses fruits mais qui reste fragile et handicapée elle aussi par des pertes de brevets.

Les visées de Pfizer sur AstraZeneca interviennent dans une période de grandes manoeuvres dans le secteur.

Le canadien Valeant, associé au milliardaire Bill Ackman, vient par exemple d'annoncer mardi dernier le lancement d'une OPA hostile à plus de 45 milliards de dollars sur le fabricant californien du Botox, Allergan, tandis que le britannique GSK et le suisse Novartis ont dévoilé le même jour un accord dans le cadre duquel le premier a vendu sa division oncologie au second et lui a racheté sa branche vaccins.

Selon le cabinet d'études américain spécialisé en fusions et acquisitions Dealogic, le total des transactions dans le secteur s'élève à 144 milliards de dollars depuis le début de l'année, le plus haut niveau depuis cinq ans.

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