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Ukraine: les journalistes confrontés à la méfiance et à l'hostilité des deux camps

Ukraine: les journalistes confrontés à la méfiance et à l'hostilité des deux camps

Les journalistes qui couvrent la crise en Ukraine se heurtent à la méfiance et à l'hostilité croissantes des deux camps, en particulier à Slaviansk, une ville de l'Est contrôlée par les séparatistes pro-russes et assiégée par les forces armées ukrainiennes.

Les militants séparatistes qui occupent des points de contrôle à Slaviansk sont de plus en plus nerveux, selon les constatations des journalistes de l'AFP. Dimanche, l'un d'eux a lancé aux journalistes près de l'immeuble des services de renseignement (SBU) occupé par les séparatistes pro-russes: "Foutez-le camp d'ici!".

Le journaliste américain Simon Ostrovsky, qui travaille pour le site américain Vice News, a été libéré jeudi dernier après avoir été détenu pendant quatre jours par des séparatistes de Slaviansk, qui l'ont qualifié d'"espion" et de "provocateur".

Il a raconté avoir été au début battu par les insurgés qui lui ont lié les mains et bandé les yeux. Puis ses ravisseurs l'ont "traité normalement" avant de le relâcher.

Simon Ostrovsky dit avoir rencontré au cours de sa captivité d'autres journalistes qui ont été retenus plus longtemps que lui, dans les cellules du bâtiment du SBU de Slaviansk occupé par les séparatistes.

Une journaliste et militante de l'ouest de Ukraine, Irma Krat, est toujours retenue, ainsi que plusieurs autres journalistes ukrainiens, selon des médias ukrainiens.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a rapporté des cas récents de journalistes ukrainiens et étrangers molestés ou enlevés.

Un Ukrainien qui travaille en free-lance pour des médias étrangers a été battu tandis que son équipement a été endommagé dans le port de Marioupol (sud-est), a indiqué l'OSCE, qui compte plus d'une centaine d'observateurs en Ukraine. Un journaliste de la télévision russe NTV a été porté disparu.

Il y a deux semaines, à Torez, dans l'est du pays, les locaux d'un journal favorable aux autorités pro-occidentales de Kiev, Pro Gorod, ont été la cible d'une attaque commise par des inconnus qui ont incendié sa rédaction. Le directeur du journal, Igor Abyzov, a eu une jambe cassée lors d'une agression. Les bureaux d'un autre journal, Provintsia, ont aussi été incendiés.

Dans un contexte de dangerosité accrue, la liberté de mouvement des journalistes est en outre de plus en plus limitée.

Dimanche, les séparatistes de Slaviansk ont prévenu que les journalistes devaient obtenir une accréditation auprès des autorités séparatistes qui contrôlent la ville, assiégée par l'armée ukrainienne.

Les journalistes en provenance de l'ouest de l'Ukraine, largement considérée comme pro-occidentale, sont traités avec une agressivité accrue, et les journalistes étrangers, avec circonspection. Seuls les journalistes russes, en particulier ceux travaillant pour les médias officiels, sont accueillis avec chaleur.

Des équipes travaillant pour des médias étrangers ont rapporté que les séparatistes qui contrôlent les barrages routiers autour de Slaviansk avaient systématisé les fouilles de véhicules et demandaient aux journalistes de leur montrer les photos prises avec leurs appareils et smartphones.

Plus loin, aux barrages de contrôle de l'armée ukrainienne, c'étaient les voitures des médias russes qui étaient examinées. Les soldats ukrainiens se comportaient toutefois d'une manière plus professionnelle.

La chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton a demandé cette semaine aux "groupes armés" de libérer immédiatement "les journalistes, dirigeants locaux et simples citoyens" retenus.

Le ministère allemand des Affaires étrangères a lancé dimanche une mise en garde aux journalistes: "A la lumière des récents développements, il faut partir du principe que les représentants des médias sont particulièrement exposés au danger d'être retenus ou arrêtés".

Jeudi, Amnesty International a exprimé sa préccupation concernant les "arrestations de journalistes, responsables municipaux et habitants par un groupe armé de Slaviansk", qui suscitent "des craintes concernant les risques de torture et autres mauvais traitements" pouvant être infligés aux détenus.

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