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Rome se prépare à son "dimanche des quatre papes"

Rome se prépare à son "dimanche des quatre papes"

Campements improvisés, foule chantante, Rome connaîtra bien son "dimanche des quatre papes": le pape émérite Benoît XVI et François célèbreront ensemble la messe de canonisation de leurs prédecesseurs Jean Paul II et Jean XXIII, un événement unique dans les 2000 ans d'histoire de l'Eglise catholique.

Un défilé coloré de pèlerins, religieux de toutes nationalités et touristes attirés par l'événement historique, a envahi dès samedi les artères menant au Vatican en vue de la double canonisation de Jean Paul II, le charismatique pape polonais, et du "bon pape" italien, Jean XXIII.

Des centaines de milliers de personnes - peut-être plus d'un million -, 98 délégations d'Etats ou d'organisations internationales, dont 24 chefs d'Etat et têtes couronnées - du roi d'Espagne au président zimbabwéen Robert Mugabe -, sont attendues dimanche sur la place Saint-Pierre et à Rome pour un événement au retentissement planétaire voulu par le pape François.

Parmi elles, devait figurer le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk. Mais celui-ci a décidé d'écourter son voyage à Rome "en raison de la situation", a indiqué à l'AFP son porte-parole Olga Lappo, alors que le Premier ministre était reçu en audience par le pape François. La tension est à son comble en Ukraine sous la menace d'une intervention russe dans l'est.

Samedi, le Vatican a confirmé la présence de Joseph Ratzinger. Le pape émérite allemand, qui avait démissionné l'an dernier, ne se tiendra pas devant l'autel aux côtés de son successeur, car cela pourrait créer une ambiguité, "donner l'impression qu'il y a deux papes régnants", explique à l'AFP un religieux. Mais il concélèbrera la messe, ce qui signifie qu'il "participera pleinement à la cérémonie liturgique", avec 150 cardinaux et un millier d'évêques.

Alors qu'une pluie fine a commencé à tomber sur la Ville éternelle, les veillées de prière ont débuté. A la basilique Saint Jean de Latran, se sont retrouvés des groupes de jeunes, revêtus de ponchos de pélerins en plastique multicolore, dont beaucoup venus de Bergame, ville originaire du "bon pape", qui se disent "amoureux de Jean XXIII, notre pape"...

Nicola, 18 ans, anticipe "un moment d'émotion, un événement peut-être unique au monde" pour la sanctification de Jean XXIII "symbole d'espérance et d'humilité".

"Ca va être un chouette moment la canonisation", commente une Française, Hélène, venue de Nantes pour Jean Paul II, "un modèle pour nous". "Pour l'Eglise ce sera une journée mythique", explique Joseph Vinecker, prêtre venu de Berlin.

D'autres "nuits blanches de prière" sont organisées dans maintes églises de Rome, en italien, polonais, anglais, allemand, français, arabe et... même breton.

Impossible de bivouaquer devant la Basilique Saint-Pierre où une multitude de chaises attendent les délégations officielles mais les fidèles ont été autorisés à s'installer sur les côtés de l'immense avenue de la Conciliazione qui y mène.

Parapluies, couvertures, tapis de sols, sacs de couchage ou chaises pliantes, des groupes pique-niquent et chantent.

Elinette Passos Hramos, une Brésilienne immigrée en Italie en 1998, compte y passer la nuit pour ne pas perdre sa "place au premier rang" : Jean Paul II "avait une grande foi et une grande simplicité".

Beaucoup comme "dame Pauline", une fidèle nigériane en boubou à l'effigie de Jean Paul II, disent qu'il a "changé (leur) vie".

La protection civile, les carabiniers, les ambulances se déploient.

Les drapeaux rouge et blanc de la Pologne où Karol Wojtyla fait figure de héros national, fleurissent. Elizavet Kenzha 54 ans est venue aussi "par amour pour Jean Paul II, c'était un rêve d'être ici, il nous a donné la liberté".

Au Vatican, les portraits des deux futurs saints ont déjà été déployés sur la façade de la basilique Saint-Pierre. Mais les deux hommes ne seront saints que dimanche, lorsque François prononcera la formule qui les inscrira dans le registre de ceux que tous les catholiques sont invités à prier.

La canonisation de Jean XXIII, initiateur du Concile Vatican II (1962-1965) qui marqua l'ouverture de l'Eglise catholique à la société et autres religions, ne semble critiquée par personne, à part les traditionalistes.

Celle de Jean Paul II, même si nul ne conteste sa stature internationale, compte des détracteurs. Ceux-ci lui reprochent notamment un aveuglement face aux crimes pédophiles et sa sévérité avec les théologiens dissidents, notamment ceux de la théologie de la libération.

"Sainteté ne veut pas dire perfection", a souligné le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, selon lequel la canonisation de Jean Paul II, neuf ans après sa mort, est "sans doute la plus rapide" de l'histoire.

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