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Turquie: La banque centrale défie Erdogan, maintient ses taux inchangés

Turquie: La banque centrale défie Erdogan, maintient ses taux inchangés

La banque centrale turque a annoncé jeudi avoir maintenu ses principaux taux directeurs inchangés malgré une demande en faveur d'une baisse réclamée par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

L'institution financière a indiqué dans un communiqué au terme de la réunion mensuelle de son comité de politique monétaire (PPK) que les taux resteraient "inchangés" et que "la politique de resserrement politique serait maintenue tant qu'une amélioration substantielle sera observée en matière d'inflation".

Conforté par une nette victoire électorale aux municipales du 30 mars dernier qui suivirent une forte période d'instabilité marquée par un scandale de corruption le touchant, M. Erdogan avait exhorté la banque centrale à abaisser les taux d'intérêt, massivement relevés en janvier pour enrayer la chute de la livre et les déficits publics.

"J'espère que, comme il l'avait fait pour les augmenter (...) le comité de politique monétaire (PPK) convoquera une réunion d'urgence pour abaisser les taux", a-t-il plaidé.

Cependant Erdem Basçi, le gouverneur de la banque centrale, un organisme indépendant, s'était déclaré réticent à toute baisse brusque.

"La banque centrale a résisté, pour l'instant, à réduire ses principaux taux", a estimé jeudi William Jackson Capital Economics), affirmant qu'une réduction des taux n'était pas justifiée.

"Il est peut-être rassurant que la banque centrale n'ait pas décidé aujourd'hui (jeudi) de diminuer" les taux, a souligné le spécialiste qui a néanmoins estimé que l'institution monétaire pouvait être amenée à céder dans les prochains mois aux "pressions" du gouvernement islamo-conservateur.

La monnaie turque a réagi favorablement à la décision de la banque centrale, s'échangeant à 2,1302 (+0,92%) contre le dollar et 2,9465 (+0,83) contre l'euro en milieu d'après-midi.

En pleine période de fuite de capitaux de pays émergents, la banque centrale turque avait très nettement relevé ses taux directeurs le 28 janvier, contre l'avis du gouvernement soucieux d'éviter tout impact négatif sur la croissance et les déficits publics déjà élevés du pays.

Déjà affectée depuis la mi-2013 par la politique de resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), la livre turque (LT) a subi de plein fouet depuis la mi-décembre le contrecoup du scandale politico-financier qui a éclaboussé le régime de M. Erdogan, au pouvoir depuis 2002.

BA/abk

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