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L'opposant russe Navalny reste assigné à résidence et risque 10 ans de camp

L'opposant russe Navalny reste assigné à résidence et risque 10 ans de camp

La justice russe a assigné à résidence pour encore 6 mois l'opposant numéro un Alexeï Navalny, lors de la première audience à huis clos jeudi d'un nouveau procès pour escroquerie qui pourrait lui valoir jusqu'à 10 ans de camp.

L'opposant, déjà sous le coup d'une peine de 5 ans de prison avec sursis infligée en 2013 pour des accusations qu'il affirme montées de toutes pièces, a cependant pour l'instant échappé à l'incarcération, que demandait le procureur au motif d'une violation des conditions de son assignation à résidence, qui lui interdisent l'utilisation du téléphone et d'internet.

La justice multiplie les enquêtes et les procès dans un contexte de plus en plus difficile pour l'opposition en Russie.

Un peu plus tôt jeudi, un tribunal moscovite a reconnu Alexeï Navalny coupable d'avoir porté atteinte à la réputation d'un vice-président de la Douma (chambre basse du parlement) en publiant des documents sur des biens immobiliers selon lui non déclarés. Il a été condamné à démentir publiquement ces informations.

Mardi, il avait déjà été condamné à une forte amende pour "diffamation" contre un élu moscovite.

Dans son procès pour escroquerie et blanchiment, à l'issue potentiellement beaucoup plus grave, M. Navalny, 37 ans, est accusé avec son frère Oleg, qui était cadre à la poste russe, d'avoir détourné 27 millions de roubles (546.000 euros) au détriment de la firme française de cosmétiques Yves Rocher.

"Je ne comprends pas pourquoi ce procès se poursuit. Nous avons publié des documents qui prouvent qu'Yves Rocher ne réclame rien. (...) Cette affaire n'a aucune raison d'exister", a déclaré Alexeï Navalny à la sortie de l'audience jeudi.

Les deux frères sont aussi accusés d'avoir soustrait plus de quatre millions de roubles (81.000 euros) à une autre entreprise russe, MBK, et d'avoir blanchi 21 millions de roubles (425.000 euros). Le seul chef d'accusation d'escroquerie à grande échelle ou en réunion est puni d'une peine allant jusqu'à dix ans de prison.

L'assignation à résidence vise selon ses partisans à réduire au silence ce virulent blogueur anti-Kremlin, avocat de formation, qui s'est fait connaître en dénonçant sur internet des affaires de corruption.

"Le procureur a dit qu'il avait écrit sur Twitter, sur les réseaux sociaux et dans le New York Times. Mais ce n'était pas lui, mais des soutiens", a déclaré à l'AFP l'avocat de M. Navalny, Vadim Kobziev.

Le tribunal reproche à Alexeï Navalny d'utiliser les réseaux sociaux pour continuer à communiquer avec ses partisans.

Dans une lettre ouverte aux dirigeants d'Yves Rocher, l'écrivain russe Boris Akounine, qui milite dans l'opposition au Kremlin, a appelé la firme française à se retirer de la procédure, l'avertissant que la marque allait devenir "un symbole de honte".

La société française a répondu avoir "traité cette affaire comme l'aurait fait toute entreprise indépendante susceptible d'avoir été victime", dans un mail envoyé à l'AFP. La société a refusé de faire d'autres commentaires. Yves Rocher a porté plainte contre X dans cette affaire.

Le début du procès de l'opposant coïncidait avec celui du procès de quatre manifestants accusés de "violences envers les forces de l'ordre" lors d'une manifestation le 6 mai 2012, à la veille de l'investiture de Vladimir Poutine.

Egalement jugés à huis clos, les quatre militants seront fixés sur leur sort le 6 mai prochain.

Dix manifestants accusés de violences lors de la même manifestation ont été condamnés à des peines allant jusqu'à quatre ans de camp.

Les arrestations avaient marqué un coup d'arrêt après la vague de contestation de l'hiver 2011-2012 dont Alexeï Navalny avait été l'un des principaux leaders.

M. Navalny avait déjà été condamné mardi à une amende de 500.000 roubles (6.000 euros) pour diffamation à l'égard d'un autre député russe qu'il avait qualifié de "toxicomane" sur Twitter.

L'opposant aux accents nationalistes, qui a reçu plus de 27% des voix aux élections municipales de septembre à Moscou contre le puissant maire sortant et ancien chef de cabinet de M. Poutine, Sergueï Sobianine, a vu se multiplier les poursuites, et sa condamnation l'empêche d'ores et déjà de se présenter à l'élection présidentielle de 2018.

Son avocat estime qu'il ne sortira pas libre de ce nouveau procès, qui est selon lui "coordonné au plus haut niveau".

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