Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'américain General Electric s'intéresse au français Alstom

L'américain General Electric s'intéresse au français Alstom

Un fleuron industriel français bientôt sous pavillon américain ? Alstom, qui connaît actuellement des difficultés, intéresse son grand concurrent américain General Electric, qui aurait proposé "plus 13 milliards d'euros", même si le constructeur français de TGV assure "ne pas être informé" d'une offre de rachat.

Selon l'agence de presse Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier, un rachat d'Alstom, connu du grand public pour ses TGV mais qui est aussi notamment présent dans la construction de centrales électriques, pourrait être annoncé "dès la semaine prochaine".

Le groupe français s'est contenté d'affirmer qu'il n'était pas informé d'une offre de GE.

"En réponse à certaines spéculations récemment relayées dans la presse économique, Alstom fait savoir qu'il n'est informé d'aucun projet d'offre publique visant son capital", a indiqué l'industriel français dans un communiqué.

Or, selon Le Figaro, GE ne s'intéresserait en réalité qu'aux actifs liés à l'énergie, soit environ 70% de l'activité, et délaisserait le transport ferroviaire. Toujours selon le journal, une offre boursière n'est pas prévue, mais juste une vente des actifs.

Alstom a renvoyé à la publication, le 7 mai, de ses résultats annuels et d'"un point sur les perspectives de ses différentes activités".

Quant au groupe français Bouygues, le principal actionnaire d'Alstom avec environ 29% du capital et qui selon Bloomberg soutiendrait l'opération, il n'a fait que renvoyer au même communiqué. GE n'a pas fait de commentaire.

Pas de quoi calmer les ardeurs boursières: peu après l'ouverture, le titre d'Alstom s'envolait de près de 17%, et gagnait encore plus de 12% vers 14H30 GMT à la Bourse de Paris.

Le chiffre de 13 milliards de dollars avancés par Bloomberg correspondent environ à une prime de 23% par rapport au cours de clôture d'Alstom mercredi soir.

Partielle ou totale, une telle fusion donnerait naissance à un mastodonte industriel. General Electric, qui a entamé un recentrage sur l'industrie au détriment de sa branche financière GE Capital, est déjà l'une des plus grandes entreprises américaines et mondiales, avec un chiffre d'affaires de 146 milliards de dollars l'an passé et quelque 305.000 employés dans le monde.

Alstom emploie lui 93.000 personnes dans le monde, dont 18.000 en France, et a réalisé sur l'exercice 2012-2013 un chiffre d'affaires de 20,3 milliards d'euros.

Pour Alstom, "cet accord aurait stratégiquement du sens, en consolidant le marché des centrales électriques, du rail et des lignes à haute tension face à d'une part une croissance mondiale plus faible et de l'autre une concurrence asiatique accrue sur ces marchés", soulignent les analystes de Barclays. Le groupe français est également peu présent en Amérique du Nord.

Quant à GE, "s'il est déjà le leader du marché dans les centrales électriques (turbines au gaz), il lui manque de la présence dans le ferroviaire et la transmission électrique", notent-ils. Il grossirait également sur des créneaux comme l'hydroélectricité ou le nucléaire où il est moins présent, remarque pour sa part Morgan Stanley.

L'opération dresserait aussi un énorme ensemble face à l'allemand Siemens et les autres acteurs du marché, comme l'américain Honeywell ou le suisso-suédois ABB.

Financièrement, l'opération ne devrait pas poser pas de problème: GE pèse plus de 265 milliards de dollars en Bourse et baigne dans les profits accumulés à l'étranger qu'il ne rapatrie pas aux Etats-Unis pour des raisons fiscales.

Quant à Alstom, son cours de Bourse malmené ces derniers mois en fait une proie plutôt bon marché, à moins de 10 milliards d'euros.

Sauvé avec le soutien de l'Etat en 2004, Alstom a mené un redressement plutôt réussi depuis, mais rechute depuis un an en raison d'un coup de frein sur son marché principal des centrales électriques.

Dans une France traditionnellement frileuse à voir ses fleurons industriels, ardemment défendus par le ministre de l'Economie et du Redressement productif Arnaud Montebourg, cette opération recevra-t-elle le blanc-seing gouvernemental?

Le Premier ministre, Manuel Valls, n'a pas souhaité commenter la "rumeur" du rachat d'Alstom par General Electric mais a dit suivre "le dossier avec attention" et s'est déclaré "attentif aux emplois, aux technologies et au centre de décision".

map/cb/kat/mr

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.