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Contre la crise économique, Maduro veut "tout produire au Venezuela"

Contre la crise économique, Maduro veut "tout produire au Venezuela"

Confronté à une crise économique aiguë combinant inflation et pénuries, qui alimente depuis plus de deux mois une fronde anti-gouvernementale, le président du Venezuela Nicolas Maduro devrait annoncer mercredi des mesures destinées à relancer la production dans ce pays pétrolier qui importe quasiment tout ce qu'il consomme.

"J'annoncerai les éléments clés pour assouplir les mécanismes bureaucratiques afin de favoriser (les mesures) qui mèneront à l'investissement productif", a déclaré mardi soir le successeur du défunt président Hugo Chavez (1999-2013) lors de son émission radiodiffusée "En contact avec Maduro", alors que l'annonce de ces mesures était attendues ce jour-là.

"Nous devons tout produire au Venezuela. Nous devons en finir avec cette économie portuaire (...) C'est l'heure !", a exhorté l'ancien chauffeur de bus et syndicaliste ex-titulaire des portefeuilles des Affaires étrangères puis de la vice-présidence.

Il s'en est également pris à l'esprit de rente qui s'est emparé du pays en raison de ses richesses pétrolières ainsi qu'à "la bourgeoisie parasitaire".

Disposant des plus importantes réserves de pétrole au monde, le Venezuela affiche une inflation parmi les plus élevées de la planète (56,2% en 2013) et subit des pénuries récurrentes, en raison notamment de l'affaiblissement de l'appareil productif.

Faire ses courses au Venezuela relève du parcours du combattant, de supermarché en supermarché, pour espérer mettre la main, après des heures de queue, sur du lait uruguayen, de la viande chilienne, du café brésilien, de la farine canadienne, des lingettes colombiennes ou du papier toilette américain.

L'essence et les produits constituant le panier de base des ménages étant par ailleurs vendus à des prix subventionnés, ils alimentent la contrebande, notamment vers la Colombie voisine.

La production locale ne cesse de chuter en raison en particulier d'un contrôle des changes instauré en 2003, qui survalorise la monnaie nationale, le bolivar, et donc favorise les importations, tout en rendant très difficile l'accès aux devises.

En conséquence, les importations ont dans un premier temps pris le pas sur la production avant de ralentir, faute de devises pour les financer, alimentant ainsi pénuries et inflation.

Un autre élément dénoncé par les milieux d'affaires est la politique d'étatisation de certaines entreprises, qui conduit selon eux à leur déclin.

Ce cercle vicieux attise le mécontentement populaire dans ce pays caribéen de 30 millions d'habitants et des manifestations anti-gouvernementales lancées début février par des étudiants contre l'insécurité, autre fléau national, ont ensuite été relayées par l'opposition et les revendications étendues à la crise économique.

Elu sur le fil dans la foulée du décès de son mentor Hugo Chavez, M. Maduro fait face également à une opposition hétéroclite mais unie sous la bannière de la Table de l'unité démocratique, alliant conservateurs, libéraux et "chavistes" repentis, dont le candidat Henrique Capriles avait rassemblé presque 50% des suffrages lors de la présidentielle d'avril 2013.

Une nouvelle rencontre doit d'ailleurs se tenir jeudi entre le gouvernement et l'opposition dans le cadre du dialogue entamé il y a deux semaines pour mettre fin à cette vague de protestation ayant déjà fait officiellement 41 morts et plus de 600 blessés et qui inclut également les milieux d'affaires.

Le président, dont l'agenda prévoit une réunion avec son équipe économique à la mi-journée, a également promis de renforcer les contrôles sur les prix pratiqués par les commerces, après les baisses de tarifs imposées lors d'un précédent plan de lutte contre l'inflation lancé, sans succès, fin 2013.

Après les vêtements, l'électroménager ou les chaussures, des dizaines de nouveaux produits, comme les automobiles, devraient intégrer la liste des biens dont les prix seront contrôlés, avec une marge bénéficiaire limitée à 30%.

Mais la perspective de nouveaux contrôles préoccupe les secteurs économiques alors que se multiplient les inspections de prix débouchant sur des amendes ou des fermetures de magasins.

"Nous avons besoin d'un profond changement dans le domaine des politiques économiques (...) Il faut également changer le cadre légal et institutionnel concernant le droit à la propriété. Le discours actuel complique les investissements", a estimé dans les pages du journal El Mundo l'économiste Luis Zambrano.

Pour 2014, le gouvernement s'est fixé un objectif de croissance de 4% du Produit intérieur brut et une inflation comprise entre 26 et 28%. Le Fonds monétaire international (FMI) table pour sa part sur une récession de 0,5% pour 2014 et de 1% en 2015.

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