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Ukraine: une ville aux mains des séparatistes demande à Poutine d'intervenir

Ukraine: une ville aux mains des séparatistes demande à Poutine d'intervenir

Le maire autoproclamé de la ville ukrainienne de Slaviansk contrôlée par les séparatistes pro-russes a demandé dimanche à Vladimir Poutine d'envoyer des troupes russes pour protéger la population locale après une fusillade meurtrière le jour de Pâques.

"Nous vous demandons d'étudier au plus vite la possibilité d'envoyer des forces de maintien de la paix pour défendre la population contre les fascistes", a déclaré ce responsable, Viatcheslav Ponomarev, dans un appel au président russe Vladimir Poutine lu au cours d'une conférence de presse à Slaviansk.

Il a également annoncé avoir décrété un couvre-feu dans la ville totalement contrôlée par les insurgés depuis plus d'une semaine.

Selon M. Ponomarev, la fusillade, qui a éclaté dans la nuit près d'un barrage érigé par des insurgés dans le village de Bilbasivka, à 18 kilomètres à l'ouest de Slaviansk, a fait cinq morts, trois militants pro-russes et deux assaillants.

Un photographe de l'AFP a vu deux corps de militants pro-russes déposés dans une camionnette.

La Russie a aussitôt fait part de son "indignation" et dénoncé une attaque contre des "civils innocents", qu'elle a attribuée aux nationalistes ukrainiens.

Face à l'escalade, le ministre ukrainien de l'Intérieur, Arsen Avakov, s'est rendu dans l'est du pays pour inspecter les troupes de la Garde nationale déployées dans la région face aux insurgés.

Le pape François a demandé dans son message pascal "des initiatives de pacification" à "toutes les parties intéressées" dans la crise ukrainienne.

Les violences surviennent trois jours après la signature à Genève d'un accord entre Russes, Ukrainiens et Occidentaux en vue d'une désescalade dans la crise ukrainienne et le jour de Pâque, principale fête des orthodoxes à l'occasion de laquelle le patriarche de Kiev a dénoncé l'"ennemi" russe qui est "du côté du mal".

"La Russie est indignée par cette provocation qui témoigne de l'absence de bonne volonté des autorités de Kiev pour désarmer les nationalistes et les extrémistes", a indiqué le ministère des Affaires étrangères attribuant la mort de "civils innocents" à Pravy Sektor, groupe nationaliste paramilitaire ukrainien.

Ce dernier a pour sa part dénoncé "la propagande russe qui est pire que celle de l'Allemagne nazie" en ironisant sur les cartes de visite de leur leader qui auraient été trouvées près des lieux de l'affrontement dans une voiture brûlée.

"Quatre voitures sont arrivées près de notre barrage vers une heure du matin. Nous avons voulu les contrôler, ils ont alors ouvert le feu sur nous à l'arme automatique", a déclaré à l'AFP un militant pro-russe encagoulé.

A Slaviansk, la mairie, la police et le siège local des services secrets sont passés il y a plus d'une semaine sous le contrôle d'insurgés pro-russes.

Ces militants locaux sont épaulés par des hommes armés présentés comme des groupes d'autodéfense, mais que Kiev et les Occidentaux accusent d'être des troupes d'élite des services spéciaux de l'armée russe.

L'Est est en proie depuis début avril à une insurrection armée pro-russe après l'occupation et le rattachement à la Russie en mars de la péninsule ukrainienne de la Crimée.

Le Kremlin, qui a massé près de 40.000 soldats à la frontière de l'Ukraine, selon les Occidentaux, dément tout projet d'invasion dans l'est. Mais Vladimir Poutine, qui a le feu vert du Parlement russe pour l'envoi de troupes en Ukraine, a promis d'assurer "à tout prix" la protection des russophones dans l'ex-URSS.

"Je ne sais pas quels sont les plans des Russes. Ils peuvent utiliser à tout moment le même prétexte de +protection des habitants d'origine russe+ qu'en Crimée", a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Dechtchitsa.

Dans son message pascal aux Ukrainiens, le patriarche de Kiev Filaret a assuré que l'"ennemi" russe était condamné à l'échec et que Dieu aiderait "à ressusciter l'Ukraine".

Quelques minutes avant minuit, les cloches de la cathédrale Saint-Michel de Kiev ont joué l'hymne ukrainien pour des centaines de personnes réunies pour la liturgie pascale, alors que le pays semblait plus proche que jamais de l'éclatement.

A Moscou, le patriarche russe Kirill a appelé samedi à prier pour que personne ne puisse "détruire la Sainte Russie", avec une mention particulière pour les Russes d'Ukraine, pays dont KIev, la capitale, est le berceau de l'orthodoxie russe.

A Slaviansk, des hommes en uniforme sans signes distinctifs, certains une kalachnikov en bandoulière, montaient toujours la garde dimanche devant l'empilement de sacs de sable qui barre l'entrée de la mairie.

Tout comme les rebelles de Donetsk, qui occupent l'administration régionale, ils faisaient fi de l'accord de Genève qui prévoit leur désarmement et l'évacuation des bâtiments publics.

"On va voir si la désescalade a lieu. Je le souhaite, même si on peut avoir un certain nombre de doutes", a déclaré dimanche le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.

Les Etats-Unis, qui accusent Moscou d'être derrière les troubles en Ukraine, ont appelé la Russie à faire pression sur les insurgés pour qu'ils respectent l'accord conclu à Genève.

Le Kremlin a répondu que la Russie refusait d'être tenue pour seule responsable du respect de cet accord et jugeait "inacceptables" les menaces de nouvelles sanctions américaines.

bur-neo/nm/sym

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