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Sourde aux musiciens, Londres veut redevenir ville-orchestre

Sourde aux musiciens, Londres veut redevenir ville-orchestre

Londres a-t-elle coupé le son des guitares ? Inquiète de l'impact de règles de plus en plus restrictives pour les musiciens de rue, la capitale britannique veut arrêter de leur "empoisonner la vie" pour redevenir une ville-orchestre.

Au nord de Londres, Camden Town et ses boutiques punks aux devantures insolites ont longtemps été l'un des principaux fiefs alternatifs de la ville. Mais depuis cet hiver, ordre est donné de déposer les instruments à 21h00.

Sous la pression d'habitants excédés par les nuisances sonores, le quartier a dû renoncer à son tour à toute une partie de son identité.

Dernier district londonien à autoriser les artistes à se produire librement, Camden s'est résolu à mettre en place un système de permis payants pour les musiciens.

Les amplis, tout comme les percussions et les instruments à vent, ont été bannis. Mais face à d'autres quartiers, où la réglementation est encore plus restrictive, Camden fait toujours office de petit eldorado.

"Je crains que certains quartiers ne deviennent des zones interdites aux musiciens", a alerté mardi le maire conservateur de Londres, Boris Johnson, à la gare Saint-Pancras, en annonçant le lancement de #BackBusking, une campagne de soutien aux musiciens de rue.

"Plutôt que d'empoisonner la vie de nos musiciens, nous devrions chérir ce qu'ils apportent à nos centre-villes", a ajouté le maire, avant de redire son attachement au statut de Londres de capitale de la "live music".

L'occasion était choisie: Boris Johnson donnait au même moment le coup d'envoi de la "Gigs Busking Competition", le concours qui a vu l'an dernier 200 jeunes musiciens britanniques s'affronter au travers de concerts donnés dans des lieux publics. Avec comme récompense, une accréditation pour se produire dans le métro londonien.

"Les artistes de rue aiment toujours venir à Londres mais ils peinent de plus en plus à s'y retrouver. Chacun des 32 districts de la ville a ses propres règles", explique à l'AFP Munira Mirza, l'adjointe au maire à la Culture. "Nous allons essayer de simplifier tout ça."

Et si Londres se vante régulièrement d'avoir fait de l'O2 Arena, inaugurée en 2007, la salle de concert la plus fréquentée au monde, des musiciens de rue accusent les municipalités de délivrer la plupart de leurs autorisations aux mimes et magiciens, plus discrets et surtout beaucoup moins bruyants.

A Covent Garden, une des vitrines touristiques de Londres, ce sont eux qui tiennent la plus grande partie du pavé. Les musiciens ont été relégués au second rang.

Face au marché couvert, un grand black entonne tout de même "Everything's gonna be alright" de Bob Marley, guitare en bandoulière. Derrière lui, une petite blonde en robe rouge patiente. Deux chansons plus tard, elle le relaie sur le pavé. Mais elle aussi devra libérer sa place à l'issue des trente minutes imparties.

"Improvisation" semble être devenu un vilain mot. Comme pour les quelque 280 musiciens du métro londonien, les places autour de Covent Garden se décrochent désormais à l'issue d'auditions, organisées par Capital and Counties, le promoteur qui a acquis le marché couvert pour plus de 500 millions d'euros en 2006.

Trois sessions sont organisées cette année avec, pour chaque artiste, trois minutes maximum pour séduire le jury.

Cinq cents mètres plus loin, à Trafalgar Square, un trio joue des airs tziganes au milieu d'une rangée de mimes en lévitation. "Ici, pas besoin d'autorisation", lâche Fabio Cascio, arrivé de Turin il y a cinq ans avec sa contrebasse électrique.

"A Londres, les règles prêtent à confusion", juge le musicien, à la tête des Madame Madness. "Mais Londres reste la meilleure ville pour ceux qui veulent faire de la musique", tempère-t-il. "Ici, on peut en vivre, et ce n'est pas le cas partout."

rb/jk/jr

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