Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

France: le Premier ministre annonce le gel des prestations sociales, mécontente sa gauche

France: le Premier ministre annonce le gel des prestations sociales, mécontente sa gauche

Le nouveau Premier ministre socialiste français Manuel Valls a mécontenté sa gauche en annonçant mercredi un gel des prestations sociales et salaires des fonctionnaires pour réduire le déficit public comme il s'y est engagé auprès de Bruxelles.

Le programme de 50 milliards d'euros d'économies d'ici 2017, qu'il est venu lui-même présenter devant la presse à l'issue d'un conseil des ministres, a reçu un accueil glacial d'une partie des députés socialistes, déjà furieux qu'il n'ait même pas essayé de renégocier auprès des instances européennes l'objectif de réduction du déficit à 3% du PIB.

Les mesures annoncées sont "inacceptables en l'état sur le fond comme sur la forme", a réagi Christian Paul, député de l'aile gauche du parti socialiste.

Prestations sociales non revalorisées jusqu'à l'automne 2015, maintien du gel des salaires des fonctionnaires, report de mesures contre l'exclusion: Manuel Valls, arrivé le 31 mars à la tête d'un gouvernement "de combat", a tenu à annoncer lui-même ces mesures destinées à "casser la logique de la dette qui progressivement, sournoisement, est en train de nous lier les mains".

Il a rappelé que la dette, qui représentait 50% du PIB en 2002, était montée à 90% en 2012, à la fin du mandat de l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy.

"La France tiendra ses engagements" vis-à-vis de Bruxelles de réduire son déficit public à 3% du PIB en 2015, contre 4,3% en 2013, a-t-il aussi affirmé.

Après le désaveu subi par la gauche aux élections municipales des 23 et 30 mars, l'exécutif avait laissé entendre qu'il allait revoir le "rythme" de réduction du déficit pour se donner un peu d'oxygène. Mais anticipant un refus de Bruxelles, Manuel Valls et son ministre des Finances Michel Sapin ont finalement renoncé à aborder le sujet.

Le "programme de stabilité" de la France fondé sur les mesures d'économies annoncées mercredi sera présenté début mai à Bruxelles, après un vote du parlement prévu le 30 avril.

Ces économies seront supportées à hauteur de 18 milliards d'euros par l'Etat, 11 milliards par les collectivités locales, 10 milliards par l'assurance maladie et 11 milliards par d'autres dépenses sociales. Soit 21 milliards, presque la moitié de l'effort, pour la protection sociale.

Parallèlement, un geste fiscal en direction des ménages modestes, à hauteur de 500 millions d'euros devrait intervenir en juin, selon le Premier ministre.

Les effectifs des ministères vont être rognés, sauf ceux de l'éducation (où la promesse présidentielle de créer 60.000 postes supplémentaires est maintenue), de la police et de la justice. Des économies seront réalisées dans les dépenses de santé avec un recours plus important aux médicaments génériques et à la chirurgie ambulatoire.

Les collectivités territoriales sont invitées à faire "des réformes profondes", notamment dans leurs dépenses de fonctionnement.

Dans la soirée, le Premier ministre a réfuté l'idée d'un "plan d'austérité" et estimé que son plan permettait de préserver ses "priorités", notamment les jeunes, la sécurité et la recherche.

"Nous n'avons pas été élus pour organiser la perte de pouvoir d'achat des retraités, des fonctionnaires et des salariés qui bénéficient de prestations sociales", a déclaré Christian Paul, disant s'exprimer au nom de 150 députés socialistes.

"Valls fait l'huissier de la Commission européenne. La Commission a dit : +Vous paierez+. Valls commence la saisie", a twitté le chef de file du Front de gauche (opposition de gauche radicale).

Alors que certains députés socialistes ont déjà exprimé leur mauvaise humeur devant l'orientation "social-libérale" de Manuel Valls en votant contre sa déclaration de politique générale le 7 avril, l'exécutif craint une séance difficile le 30 avril.

Au plus bas dans les sondages avec seulement 18% d'opinions favorables, le président François Hollande a concédé que la "feuille de route" confiée au nouveau gouvernement était "difficile" et "rugueuse" mais "indispensable" pour redresser le pays.

bur-nou/kat

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.