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Algérie: un programme gouvernemental pour garder les jeunes au pays

Algérie: un programme gouvernemental pour garder les jeunes au pays

Grâce à un programme d'aide à la création d'entreprises, le flot des jeunes Algériens poussés au départ par les violences et une situation économique désastreuse commence doucement à se tarir et des exilés sont même tentés par un retour au pays.

Pour lutter contre le chômage des jeunes qui touche 21,5% des moins de 35 ans, selon de récentes statistiques du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement adossé à de confortables revenus avec ses réserves en hydrocarbures, a cassé sa tirelire.

Il a mis en place un dispositif d'aide à la création de PME avec des crédits sans intérêt allant jusqu'à 100.000 euros pour les moins de 35 ans sans activité.

Depuis 2008, près de 300.000 jeunes dont 10% de filles en ont bénéficié et les autorités ont même décidé d'en faire profiter des Algériens vivant à l'étranger, notamment en France.

Nassim Aoudia, 31 ans, est l'un des bénéficiaires. "Je ne suis pas tenté par l'exil. J'ai toujours envisagé ma vie et mes projets en Algérie", soutient le jeune homme qui a lancé une micro-entreprise florissante dans son quartier sur la côte est d'Alger. Ce qui lui vaut d'avoir un visa Schengen et de voyager quand il veut.

Diplômé en fabrication mécanique, il s'est inscrit au programme de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) qui lui a accordé un prêt en 2004.

Aujourd'hui, il emploie sept personnes dans sa petite usine qui fabrique des machines outils. "On a même exporté vers la Belgique", sourit-il avec fierté conscient du défi qu'il relève dans un pays qui n'exporte quasiment que les hydrocarbures.

Les sociétés d'import-export sont d'ailleurs dites par dérision "import-import", le pays achetant à l'extérieur quasiment tout ce qu'il consomme en médicaments, produits alimentaires, biens d'équipements, textiles...

Khaled Guerza a rejoint clandestinement le Canada en 1997 alors qu'il avait 22 ans. Fuyant un quartier des hauteurs d'Alger, théâtre d'un terrible massacre, il put obtenir le statut de réfugié.

Après des études à HEC Montréal en management stratégique qui lui ont permis de travailler sur place, il est quand même retourné en Algérie en 2007. "J'ai passé deux ans à réfléchir à ce projet de retour", se souvient-il.

Comme pour Nassim, l'Ansej lui a permis de créer une société qui fabrique des produits parapharmaceutiques. La société emploie une vingtaine de personnes et réalise un chiffre d'affaires annuel de 400.000 euros.

"Aujourd'hui, beaucoup d'exilés au Canada songent au retour", dit l'entrepreneur.

Mais certains bénéficiaires du dispositif Ansej n'ont pas créé d'entreprise et se sont servis des fonds alloués pour financer des dépenses personnelles comme l'achat d'une voiture de luxe, et l'Etat a finalement fermé les yeux sur les impayés.

La décision des autorités "d'effacer les dettes des mauvais payeurs et le détournement des emprunts à des fins autres que la création d'entreprise est un mauvais signal donné par l'Etat" qui a agi à des "fins de pérennité du régime politique", déplore l'économiste Zoubir Benhamouche, cité par le quotidien El Watan.

Selon lui, l'Ansej "s'est transformée en agence de redistribution de la rente".

Malgré le statut promis d'entrepreneur, l'appel du large ne s'est pas complètement évanoui et les barques de fortune trouvent toujours des acquéreurs.

A 26 ans, Adel Slimani a raté ses quatre tentatives de "harga" (émigration clandestine) vers l'Europe, à partir de la métropole industrielle d'Annaba, à la frontière tunisienne, d'où les embarcations de fortune prennent le départ vers la Sardaigne.

Pour autant, il n'a pas encore cédé au découragement. Issu d'une famille aisée, le jeune homme rêve d'une vie plus libre et moins corsetée. "L'envie de tenter encore une fois l'aventure sarde trotte toujours dans ma tête", avoue-t-il.

abh/ao/sw

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