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Kiev à l'offensive à l'Est face aux insurgés, Moscou indigné, Washington soutient

Kiev à l'offensive à l'Est face aux insurgés, Moscou indigné, Washington soutient

L'Ukraine a lancé mardi ses forces dans l'Est contre les insurgés pro-russes, une offensive "mesurée" selon Washington, qui met ce pays "au bord de la guerre civile" selon Moscou.

Une colonne de blindés et d'hommes des forces spéciales se trouvait à une quarantaine de kilomètres au nord de Slaviansk, ville symbole de la récente offensive séparatiste, tenue par des hommes en armes sans signes distinctifs. Et des renforts ont été héliportés à 15 km au sud de la cette localité, pour la prendre en étau.

L'offensive a encore attisé les tensions avec le puissant voisin russe, qui a massé selon l'Otan jusqu'à 40.000 hommes à la frontière et averti à plusieurs reprises les autorités pro-européennes de Kiev de ne pas intervenir contre les insurgés.

Le président russe Vladimir Poutine a demandé à l'ONU une "condamnation claire" des actions "anticonstitutionnelles" de Kiev, tandis que son Premier ministre Dmitri Medvedev juge que "l'Ukraine se trouve au bord de la guerre civile".

Signe de l'impasse diplomatique dans la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide, la Maison Blanche a au contraire déclaré que le pouvoir pro-européen de Kiev était dans une position "intenable" face aux insurgés et sa réponse "mesurée". Et a dit préparer avec les Européens de nouvelles sanctions contre Moscou, accusé d'être derrière les troubles.

Au troisième jour de "l'opération antiterroriste de grande envergure" annoncée par Kiev, une colonne d'une dizaine de chars et autant d'autres blindés arborant le drapeau ukrainien, ainsi que sept cars transportant des "spetsnaz", membres des forces spéciales, étaient garés près d'Izioum près d'Izioum, à 40 km au nord de Slaviansk, contrôlée depuis samedi par des hommes puissamment armés et organisés, mais ne portant pas d'insignes sur leurs uniforme.

Cette ville de 120.000 habitants est devenue emblématique de la dernière série d'insurrections pro-russes qui menace plus que jamais l'Ukraine et ses 46 millions d'habitants d'éclatement entre l'Est russophone et le centre et l'ouest tournés vers l'Europe.

Les séparatistes qui ne déposeront pas les armes seront "liquidés", a déclaré à des journalistes au nord de Slaviansk le général Vassyl Kroutov, numéro deux des services de sécurité ukrainiens (SBU), qui commande "l'opération antiterroriste".

Le général a affirmé que ces insurgés non identifiés faisaient partie des "troupes spéciales du GRU (renseignement militaire russe, NDLR) qui ont une grande expérience des conflits". C'est "un ennemi difficile", a-t-il dit, assurant que 300 d'entre eux étaient encore arrivés lundi, la plupart à Slaviansk.

Des renforts ukrainiens ont également été héliportés sur l'aérodrome militaire de Kramatorsk, à 15 km au sud de Slaviansk, ont indiqué des témoins sur place, prenant de fait la ville en étau. Des chasseurs ukrainiens survolaient régulièrement la zone.

Le ministère de l'Intérieur a parlé d'une "libération" de l'aérodrome, sans victimes.

Oleg Issanka, un manifestant pro-russe, a assuré à l'AFP que les soldats avaient ouvert le feu sur les protestataires, évoquant "un blessé à la main, l'autre au flanc". "Ils veulent poser leurs avions ici et commencer à nettoyer la ville. Nous ne leur demandons rien, pourquoi viennent-ils nous dire comment on doit vivre ?"

Kiev avait annoncé mardi matin l'envoi "au front" d'un premier bataillon de la Garde nationale. L'unité est formée de volontaires des unités d'autodéfense du Maïdan, haut lieu du mouvement de contestation dans le centre de Kiev qui a renversé en février le régime pro-russe du président Viktor Ianoukovitch.

Un chiffon rouge pour Moscou, qui ne reconnaît pas le régime intérimaire de Kiev et considère comme "fascistes" plusieurs des groupes du Maïdan.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait d'ailleurs prévenu mardi matin que tout ordre "criminel" de Kiev d'"envoyer les chars" ferait capoter les pourparlers prévus pour jeudi à Genève sur la crise.

Ces discussions entre Ukraine, Russie, Etats-Unis et Union européenne seraient les premières négociations internationales depuis le début de crise.

L'annonce lundi soir par le Kremlin selon laquelle M. Poutine, qui s'est engagé depuis longtemps à assurer "à tout prix" la sécurité des populations russophones de l'ex-URSS, recevait de "nombreuses demandes" d'aide des régions de l'Est ukrainien avait déjà renforcé les craintes d'une intervention russe.

Kiev et les Occidentaux voient la main de Moscou derrière les récents soulèvements, qui rappellent selon de nombreux experts l'intervention des forces ayant pris le contrôle de la Crimée avant son rattachement à la Russie.

L'UE a d'ailleurs décidé d'étoffer ses sanctions ciblées contre des personnalités impliquées dans la crise, ce que Moscou a dénoncé comme "contreproductif", appelant les Européens à plutôt "se concentrer sur la recherche commune d'une solution".

Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a, quant à lui, fustigé mardi les "projets brutaux" de la Russie qui "veut que s'embrasent tout l'est et le sud de l'Ukraine, de la région de Kharkiv à celle d'Odessa".

Et l'Otan a une nouvelle fois exhorté la Russie à "faire baisser la pression" en faisant reculer ses troupes massées près de la frontière.

Les pro-russes réclament un rattachement à la Russie, ou au minimum une "fédéralisation" de l'Ukraine, pour donner de grands pouvoirs aux régions.

M. Tourtchinov avait pour la première fois lundi évoqué la possibilité d'organiser un référendum sur les institutions ukrainiennes. Mais l'ambassadeur ukrainien auprès de l'ONU à Genève, Yurii Klymenko, a prévenu mardi que l'Ukraine ne comptait pas parler de fédéralisme jeudi.

bur-so/bds

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