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Travailleurs étrangers chez McDo : d'autres ex-employés dénoncent

Travailleurs étrangers chez McDo : d'autres ex-employés dénoncent

D'autres employés et anciens employés de McDonald's à travers le Canada dénoncent la réduction de leurs heures de travail et de leur salaire en faveur de travailleurs étrangers temporaires.

À la suite de révélations de l'équipe Go Public de CBC, le ministre fédéral de l'Emploi, Jason Kenney, a lancé une enquête sur l'usage du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) que fait un McDonald's de Colombie-Britannique, mais aussi quatre autres restaurants ailleurs au pays. Le ministre a suspendu les permis de travail temporaire délivrés à quatre d'entre eux et a rejeté les demandes du cinquième.

Depuis, des employés de Colombie-Britannique, de l'Alberta, de Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve-et-Labrador ont partagé leurs frustrations avec Go Public.

Mieux payés que les travailleurs locaux

Chris Eldridge, qui vient de quitter son poste de gestionnaire de six restaurants McDonald's en Alberta, a expliqué qu'il ne pouvait plus « digérer » de retirer des heures aux employés canadiens pour les donner aux travailleurs étrangers temporaires que faisait venir le propriétaire.

Des employés étrangers commençaient à 10,80 $ l'heure, alors que les employés locaux, pour les mêmes postes, commençaient à moins de 10 $ l'heure, dit l'homme de Lethbridge.

En vertu des règles fédérales, les étrangers venus travailler à Lethbridge doivent commencer avec un taux horaire de 10,41 $, mais les travailleurs locaux aux mêmes postes ne sont pas censés être moins payés ou recevoir moins d'heures.

Le propriétaire Dan Brown confirme que les employés locaux à temps partiel gagnent 9,95 $ l'heure, soit moins que les étrangers, mais il précise que tous les employés à temps plein sont rémunérés de façon égale.

Il assure aussi que les heures à plein temps sont divisées à parts égales entre Canadiens et étrangers.

« Discrimination à l'envers »

Christina Morrow, une ancienne aide-gérante d'un McDonald's de Parksville, en Colombie-Britannique, prétend qu'elle et d'autres ont été poussés vers la sortie en faveur de travailleurs étrangers venant des Philippines. « C'est de la discrimination à l'envers », clame la dame de 52 ans, qui a donné 24 ans de sa vie professionnelle à la chaîne de restauration.

Elle raconte que son ancien patron, Jamie Johannesen, a fait venir 20 travailleurs étrangers dans ses quatre établissements il y a trois ans. « Il disait qu'ils étaient de meilleurs employés [...] alors je devais couper dans les heures des employés locaux pour leur donner 40 heures semaine », a soutenu Mme Morrow. La dame avance que son salaire est passé de 18 $ à 11 $ l'heure et qu'elle a démissionné parce qu'elle ne pouvait plus supporter les réductions de salaire.

Brayden Chamberlain, 19 ans, ex-employé du même McDonald's durant trois ans, explique avoir démissionné, car ses heures étaient tant réduites que cela ne valait plus la peine de travailler. Certains des Philippins avaient des postes de gestion, ce qui marginalisait les employés canadiens, dit-il.

Le propriétaire Jamie Johannesen n'a pas répondu aux demandes d'entrevue.

L'opposition veut un débat parlementaire

Go Public a invité McDonald's Canada à commenter ces témoignages, mais n'a pas reçu de réponse. L'entreprise a déjà dit qu'elle comptait 3400 travailleurs étrangers temporaires parmi ses 85 000 employés et qu'elle suivait les exigences du PTET.

La porte-parole de l'opposition néo-démocrate en matière d'emploi réclame un débat d'urgence à la Chambre des communes. Jinny Sims estime que le gouvernement devrait immédiatement suspendre tous les permis de travail accordés à des franchises de restauration rapide. « Le ministre ne peut pas s'en laver les mains, a-t-il martelé. Son gouvernement permet qu'on abuse du programme. »

Dans un communiqué envoyé à CBC, MacDonald's Canada dit pour sa part avoir entrepris une révision complète des pratiques d'embauche de travailleurs étrangers temporaires dans ses restaurants corporatifs et franchisés, à la lumière des révélations de l'équipe Go Public.

Réaction du fédéral

Le bureau du ministre Jason Kenney a fait parvenir dimanche soir une déclaration écrite.

« Le ministre a fait part au directeur des ressources humaines du siège social de McDonald's de ses préoccupations concernant l'abus potentiel du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). Chacune des allégations d'usage abusif du PTET fera l'objet d'une enquête sérieuse. S'il est prouvé que des employeurs ont transgressé les règles du programme, ils feront face à de graves conséquences, comme voir leurs avis relatifs au marché du travail (AMT) révoqués, leur nom publié sur une liste noire, leur ôter toute possibilité d'engager des travailleurs étrangers. Le dossier d'un employeur qui fournit des informations fausses ou trompeuses pourra aussi être transmis à l'Agence des services frontaliers du Canada et entraîner des poursuites au criminel », indique le bureau du ministre.

Les employeurs qui mentent dans leurs demandes au sujet de leurs efforts pour engager des Canadiens pourront faire face à des sanctions criminelles sérieuses comme des amendes et des peines d'emprisonnement.

Révision des pratiques chez McDonald's Canada

« Nous avons entamé un processus de revue complète de tous nos restaurants au Canada qui emploient des travailleurs étrangers temporaires, qu'ils soient franchisés ou non », a indiqué pour sa part Richard Ellis, le porte-parole de McDonald's Canada, dans une déclaration écrite, dimanche. « Des conseillers externes collaborent étroitement au processus », a-t-il ajouté.

« Nous travaillons aussi avec Service Canada et nos franchisés pour aider à réaliser les examens individuels demandés. Comme vous pouvez vous en rendre compte, un certain temps sera nécessaire pour mener à bien le projet », a conclu le représentant de McDonald's.

D'après un reportage de Kathy Tomlinson et l'équipe Go Public

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