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Ramener les brebis égarées, un enjeu financier pour l'Eglise autrichienne

Ramener les brebis égarées, un enjeu financier pour l'Eglise autrichienne

L'Eglise d'Autriche a un problème de fond... et de fonds : quand un fidèle tourne le dos à la foi dans ce vieux pays catholique, il s'affranchit au passage de l'impôt ecclésiastique. Et l'hémorragie ne semble pas pouvoir s'arrêter.

En cinq ans, l'Eglise, qui tire près de 80% ses revenus de l'impôt d'Etat, a perdu plus de 300.000 fidèles.

La tendance n'est pas récente, mais elle s'accélère, aggravée aussi par les scandales. Rien qu'en 2013, 54.845 personnes ont cessé de se déclarer catholiques auprès du fisc, épargnant ainsi environ 1% de leur revenu.

L'Eglise compte encore 5,3 millions de fidèles pour 9 millions d'habitants. Son budget, explique à l'AFP le laïc Paul Wuthe, porte-parole de la conférence épiscopale, tient le choc pour l'instant grâce à l'afflux d'immigrés catholiques polonais et croates.

Il s'équilibre aussi grâce à l'allongement de la durée de la vie... terrestre, les personnes âgées étant plus assidues à la messe.

Est-ce pour cela que le clergé autrichien prend son temps pour agir? Toujours est-il, reconnaît M. Wuthe, que "nous n'avons pas encore assez réfléchi à la question, ni élaboré de réponse".

A Vienne, le diocèse s'est montré pragmatique en annonçant en février un plan d'économies, qui vise notamment à réduire de moitié le nombre de paroisses d'ici 2022.

"Nous devons sortir de cette mentalité qui veut que l'église de ma paroisse soit sur le pas de ma porte", justifie Helmut Prader, prêtre à Neuhofen an der Ybbs, du diocèse voisin de Sankt Pölten.

Ce curé charismatique enregistre pourtant très peu de départs dans sa paroisse rurale. Il a tout misé sur la vitalité de la vie pastorale, et 700 à 800 personnes se pressent chaque week-end à ses offices. En tout, le père Prader compte près de 600 manifestations par an dans la paroisse.

"Si l'Eglise n'est plus qu'un musée, qu'elle n'a plus d'âme, c'est là que les gens se demandent pourquoi il faut payer 9.000 euros de frais de chauffage", résume-t-il.

Resserrer les liens risque de ne pas suffire quand la morale affichée est déconnectée de la réalité de la société, argumente Helmut Schüller, fondateur d'un mouvement appelant à la désobéissance aux règles de l'Eglise.

Partisan de l'ordination des femmes et du mariage des prêtres, cet écclésiastique de 61 ans assure que pour un certain nombre de fidèles, le refus de s'acquitter de l'impôt est un acte de protestation.

Ceux qui pratiquent leur foi sans payer en subissent les conséquences: impossibilité de se marier à l'église, de devenir parrain ou marraine, pas d'enterrement religieux.

"Cela crée des situations absurdes. En réalité, ces gens n'ont pas tourné le dos à la foi... mais ils sont réduits au statut d'apostat!", s'emporte ce fer de lance d'un mouvement fort de plus de 430 prêtres.

Si quitter l'Eglise est un acte purement administratif, la réintégrer doit se faire devant le personnel religieux. En 2013, près de 4.800 personnes l'ont fait en Autriche. L'Eglise a créé un site internet pour simplifier la tâche de ces brebis égarées.

Une vingtaine de mails arrivent chaque mois via cette plateforme, en général des personnes en quête d'informations après avoir réalisé qu'elles ne pouvaient pas, comme elles le souhaitaient, avoir un mariage religieux ou devenir parrain d'un neveu.

Mais Paul Wuthe a relevé un élément nouveau dans les courriels reçus depuis un an environ: "Il y a clairement plus de demande formulées ainsi: +Le Pape François a dit telle ou telle chose, cela me parle, que faut-il faire pour revenir dans l'Eglise?+"

Cependant, aucun "effet Pape François" n'a pu être détecté dans les chiffres de 2013, il y a même eu environ 2.500 départs de plus qu'en 2012.

sgl/cs/cac

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