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Bouteflika, accroché au pouvoir, malgré ses ennuis de santé

Bouteflika, accroché au pouvoir, malgré ses ennuis de santé

Affaibli par des ennuis de santé, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, artisan de la réconciliation après la guerre civile, a remporté à l'âge de 77 ans un quatrième mandat, au risque d'apparaître comme un homme accroché au pouvoir.

Réélu avec 81% des voix après 15 ans à la tête du pays, il détient déjà le record de longévité pour un président algérien. Sans compter les seize années passées comme ministre, presque entièrement à la tête de la diplomatie.

Entre les deux périodes, il a vécu une traversée du désert durant laquelle l'armée --qui a toujours joué un rôle majeur dans le choix du chef de l'Etat--, a fait une première fois appel à lui en 1994, en pleine guerre civile, pour prendre les rênes d'un pouvoir de transition. Les discussions ont finalement abouti cinq ans plus tard, le conduisant à la présidence.

Il y a un an, il a subi un AVC qui a nécessité près de trois mois d'hospitalisation à Paris. Depuis son retour en Algérie mi-juillet, il ne bouge presque plus de chez lui.

Jeudi, il a voté en fauteuil roulant, pour sa première apparition publique depuis mai 2012. Et le 3 mars, c'est d'une voix à peine audible que cet ancien tribun hors pair a annoncé a annoncé sa candidature au Conseil constitutionnel.

Son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, a cependant assuré début avril que le président allait "de mieux en mieux".

Durant la campagne, il a brillé par son absence, laissant à M. Sellal et six autres responsables le soin de sillonner le pays à sa place.

Elu à la présidence en avril 1999 dans un pays en pleine guerre civile, "Boutef", comme l'appellent familièrement ses compatriotes, s'est employé à rétablir la paix après un conflit ayant fait quelque 200.000 morts, selon des sources officielles.

En septembre 1999, il a obtenu un oui massif au référendum sur la loi de la "Concorde civile", qui amnistie les islamistes armés n'ayant pas commis de crimes de sang et de viols et se soumettant à l'autorité de l'Etat. La loi a permis la reddition de milliers d'islamistes.

Accusé par ses détracteurs de n'être qu'une marionnette de l'armée, M. Bouteflika, ancien officier de l'Armée de libération nationale (ALN), avait dès son élection voulu afficher son indépendance vis-à-vis de cette puissante institution en lançant: "Je ne suis pas un trois-quarts de président".

Après avoir été récemment accusé dans la presse de vouloir diviser l'armée, entre d'un côté les renseignements et de l'autre l'état-major, pour mieux la contrôler, il a qualifié de "fictifs" les conflits au sein de cette institution.

Toujours impeccablement vêtu d'un costume trois-pièces et cravate même en pleine canicule, M. Bouteflika a été reconduit en 2004 (90% des voix), puis en 2009 (85%) grâce à une révision de la Constitution supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels.

En 2011, alors que le Printemps arabe balayait plusieurs vieux dirigeants, il a rapidement annoncé des réformes, qu'il doit désormais s'employer à mettre en oeuvre.

Un ancien ministre, en poste de 1999 à 2002, se souvient d'un homme "versatile", craint par ses collaborateurs. "Il était tellement méprisant que ses chefs de gouvernement n'osaient jamais prendre la parole lors des conseils des ministres", assure-t-il.

Né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc) d'une famille originaire de Tlemcen (ouest algérien), Abdelaziz Bouteflika a rejoint dès 1956 l'ALN en lutte contre la France.

A l'indépendance, à seulement 25 ans, il est devenu ministre des Sports et du Tourisme, sous la présidence d'Ahmed Ben Bella, avant d'hériter rapidement, en 1963, du portefeuille de la diplomatie, qu'il a conservé jusqu'en 1979.

En juin 1965, il a soutenu Houari Boumediene, alors ministre de la Défense, qui a renversé Ben Bella.

S'affirmant le dauphin de M. Boumediene, dont il a prononcé en larmes l'oraison funèbre en décembre 1978, il a pourtant été écarté. Il a alors choisi l'exil à Dubaï ou encore à Genève.

M. Bouteflika est finalement revenu comme candidat à la présidence en avril 1999, et s'est retrouvé seul en lice après le retrait de six adversaires convaincus qu'il y aurait des fraudes.

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